5.3. Raconter : mobiliser l’autre par un sens partagé
Observer et discuter sont de belles manières d’aller à la rencontre de l’autre. Elles permettent d’entrer en relation avec l’autre et d’en apprendre plus sur sa vision du monde et des sujets d’intérêt que vous soulevez. Aller à la rencontre de l’autre peut aussi se faire dans une action d’expression plus intentionnelle de votre part. Cette action vise plutôt à mobiliser les personnes rencontrées et survient tout au long de la démarche entrepreneuriale. C’est l’art de raconter le sens partagé de votre projet, et cela émerge de l’ensemble des rencontres et des discussions que vous avez eues à ce jour.
Raconter un sens partagé de ce qu’il se passe avec le projet, son histoire et ses horizons devient une force mobilisatrice auprès de vos proches, de vos pairs ou de vos coachs, de vos partenaires financiers, des parties prenantes au projet, de votre clientèle, ou encore dans la gestion d’équipe. Cela oriente l’action souhaitée, la précise et permet de coordonner les efforts dans une même direction, source d’épanouissement pour le collectif mobilisé par votre projet et l’avancement de celui-ci. C’est aussi se permettre de voyager et de rêver ensemble dans le projet, de partager et de célébrer ce qui a été accompli à ce jour.
La capacité à raconter votre projet et son modèle d’affaires dans l’état actuel de son développement est donc essentielle. Cela vous oblige à synthétiser votre état de connaissance du terrain et votre réflexion sur le modèle en un tout cohérent. Le récit est le résultat d’une activité de sensemaking, qui permet à la fois de générer de la clarté pour vous, de montrer le sérieux de votre réflexion, de mobiliser d’autres personnes autour du projet et, ultimement, de communiquer clairement aux parties prenantes ciblées les besoins liés au projet.
Enfin, raconter, c’est faire part des horizons sentis et imaginés, tout en démontrant la rigueur et l’étendue de la démarche à ce jour. C’est inviter d’autres à sentir et à se représenter votre projet, la réalité des communautés concernées et le sens de vos actions. C’est les inviter à se joindre à vous pour que, ensemble, vous réalisiez la suite souhaitée du projet.
Nous présentons ci-dessous trois pratiques afin de vous préparer pour raconter votre projet. La première concerne le récit narratif en tant que tel, la deuxième traite de la distance parcourue, et la dernière porte sur l’art de raconter pour que d’autres se joignent à vous. Ces pratiques permettent une réflexion sur la démarche vécue dans votre projet et son appropriation générale, sur les efforts faits à ce jour et sur pourquoi vous cherchez à mobiliser les personnes autour de vous.
5.3.1. Par un récit narratif (storytelling)
Le récit narratif, plus communément appelé le storytelling, peut être mobilisateur, qu’il prenne la forme de l’écrit, de l’oral ou d’autres expressions. Le propre du récit narratif est de raconter une histoire qui engage les émotions. Cela facilite à la fois la création de connexions significatives avec les personnes à qui vous parlez et la rétention des informations, ce qui est essentiel pour mobiliser. Ainsi, c’est une manière d’aller à la rencontre de l’autre par les images, la parole, les gestes ou les mots. La plupart du temps, le récit est caractérisé par une structure narrative avec un début et une fin. Une trame narrative est ainsi à penser avec : 1) une accroche, qui ouvre l’histoire et captive l’attention, 2) une intrigue qui se développe et transmet un message clé, et 3) une conclusion, qui amène un nouvel éclairage et vient même, si c’est propice, questionner l’auditoire. La mise en scène de personnages auxquels les personnes peuvent s’identifier facilite aussi l’empathie pour votre histoire.
L’art de raconter des histoires est aussi vieux que l’humanité. Dans le contexte de votre projet, il passe avant tout par une sensibilité fine à qui est l’autre pour adapter votre histoire dans un sens partagé. L’histoire que vous racontez ne doit pas être « à propos de vous » (it’s not about you). Il s’agit d’intéresser les personnes et de transmettre des messages clés qui les concernent. Une forme d’empathie est donc nécessaire envers ce qui est présent et ce que le groupe de personnes qui vous écoute a besoin d’entendre. Dans les traditions de l’humanité, l’art oratoire est avant tout un art de l’écoute profonde. L’orateur ou l’oratrice sent le groupe dans une synchronisation forte puis, au moment opportun, raconte les histoires anciennes qui, dans le moment qui se présente, apaisent ou nourrissent. De manière ancestrale, raconter est donc une histoire de don pour plus grand que soi et qui guide le sens. Si c’est le travail d’une vie – et de la vie – de maîtriser cet art dans une communauté, cela peut inspirer le travail du sens et du récit narratif dans le cadre de votre projet.
Imaginer le groupe auquel vous vous adressez et vous ajuster devant les personnes au moment du récit sont donc un bon point de départ. Sachez que les personnes aiment les histoires vraies, qui affichent de l’authenticité. Raconter la réalité des personnes ou des groupes de personnes à qui s’adresse votre projet est donc une belle manière de rencontrer les autres et de les mobiliser autour de votre projet et des idéaux qu’il porte. Par son pouvoir d’engager et de captiver les autres, le récit narratif fait maintenant partie intégrante et à différents degrés de la culture entrepreneuriale. C’est donc une manière de communiquer, à l’oral comme à l’écrit ou sous d’autres formes, votre démarche en tout temps.
Si le concept de pitch (ou pitch de vente) est encore très présent dans les formations et les compétitions, ce format tend à s’épuiser. Le pitch vient de la culture des investisseurs qui imposent aux personnes, dans un temps souvent très court, de présenter les faits saillants de leur projet pour en évaluer le potentiel financier. Le récit narratif peut présenter le même argumentaire, mais il le fait autrement, en donnant une vie au projet. En ce sens, c’est quelque chose de rafraîchissant pour des personnes qui se font souvent pitcher des centaines de projets. Cela peut aussi constituer une manière de se démarquer lors des présentations de projets.
Raconter est donc un art fort utile à développer pour présenter votre modèle d’affaires ou votre plan d’affaires, pour demander de l’argent, pour rédiger une demande de subvention, pour présenter succinctement votre projet par courriel, pour expliquer votre projet à une personne ou à vos proches pour avoir leur avis ou, simplement, pour vous faire une tête sur où vous en êtes. Raconter votre projet par une histoire, c’est lui donner un souffle plus vivant et mettre en lumière le sens pour soi et la communauté visée par vos efforts. C’est aussi une manière conviviale et plaisante d’aller à la rencontre de l’autre et de l’inclure dans la suite du récit.
Voici quelques points d’attention proposés pour préparer votre récit narratif.
5.3.2. par la distance parcourue
La distance parcourue est une composante du récit qui vous invite à prendre conscience de votre parcours à ce jour. C’est aussi une manière d’inviter l’autre à vous rejoindre là où vous êtes en reconnaissance du cheminement et des horizons communs. Raconter l’histoire vécue de la démarche de projet est particulièrement mobilisateur. Il génère un sentiment d’appartenance et de contribution à plus grand que soi. C’est un récit qui devient souvent une source d’épanouissement pour les personnes et qui contribue à la vitalité du projet et des équipes. Ainsi, raconter la distance parcourue peut être utilisé autant après vos premiers pas, durant l’émergence d’une culture dans votre projet, que lorsque celui-ci est en opération depuis longtemps.
Cette composante du récit nécessite de prendre un temps d’arrêt pour faire le point sur la démarche effectuée à ce jour. Reconnaître la distance parcourue est un moment d’introspection, une fois bien dans l’action, pour regarder dans le rétroviseur et poser un regard sur soi, sur le projet, sur votre entourage et sur les parties prenantes mobilisées. Bien que vos actions aient été planifiées et coordonnées avec d’autres, le terrain amène en effet son lot d’événements, de découvertes et d’imprévus qui font que le chemin réellement parcouru diffère de ce qui était prévu. Souvent, des décisions ont été prises dans le feu de l’action et, avec le recul, d’autres regards peuvent se pointer. Votre expérience de la démarche entrepreneuriale provoque ainsi des apprentissages dans l’action, des rencontres et de nouvelles occasions qui font évoluer autrement l’histoire imaginée du projet.
En fait, c’est un exercice d’identification et de reconnaissance sensible des moments significatifs vécus durant la démarche. Ceci permet de faire valoir ces moments vécus, personnellement et collectivement, à travers des rencontres, des prises de conscience ou des étapes clés franchies. Cela permet aussi de célébrer les bons coups et de revoir les plus difficiles, dans une appréciation de leur contribution à la démarche générale. La valeur véritable créée par le cheminement est ainsi mise en lumière pour vous, vos partenaires, les personnes impliquées et les communautés touchées. Ce sont des émotions positives telles que la joie, la gratitude et la reconnaissance de votre impact sur les êtres qui trouvent ici leur place. Cette prise de conscience de ce qui a été fait par une visualisation de la distance parcourue permet de générer un sentiment de réussite et de renforcer la confiance en soi. C’est un levier important de motivation. Pour plusieurs, c’est aussi le moment de ventiler, de lâcher la pression ou tout simplement de réaliser ce qui a été fait ou ce qui a changé en soi avec le projet !
Pour faciliter ce moment sensible, en dehors des habitudes de pensée de la gestion, cela demande de se déposer et de se représenter le chemin qui a été fait dans le projet. C’est à partir de cette même représentation que vous pourrez par la suite en partager la vision avec d’autres et le raconter. Pour ce faire, utiliser le dessin, le collage de photos de magazines, la peinture, les mots et de multiples couleurs sur de grands cartons vient donner un corps imagé au chemin parcouru dans le temps de votre projet à partir de ce qui vous a touché(e). Pas besoin d’être artiste de profession pour cela. C’est avant tout un temps de recul, à la fois paisible et ludique, pour placer des moments qui ont défini le projet à ce jour et en discuter. La visualisation de la distance parcourue, et des liens qui se font entre ces moments que vous aurez choisis, consciemment ou non, permet de révéler une histoire très particulière : celle de votre projet. C’est l’histoire originale de votre projet.
Par cela, vous pourrez ensuite travailler le fil narratif de cette histoire émergente du vécu pour mobiliser d’autres personnes autour de la valeur réelle du projet. En fait, cela vous permet d’engager des conversations avec vos partenaires et de sensibiliser d’autres parties prenantes à ce qui est important pour vous et pour les personnes et les communautés impliquées dans le projet. Un récit narratif (storytelling) de la distance parcourue favorise ainsi une compréhension du projet, la sympathie et l’émergence d’un sentiment d’appartenance à travers son histoire racontée. C’est un moment de rencontre avec l’autre qui a pour effet de renforcer vos relations autour de valeurs et de souvenirs communs. Dans certains cas, cela pourra même inspirer d’autres personnes à se joindre au projet ou, à leur tour, à faire part de leurs récits inspirants de transformation personnelle et sociale à travers leurs histoires de projets avec d’autres.
Enfin, cela permet d’ouvrir des conversations sur ce qui constitue la réussite de votre projet. Cela peut être particulièrement important pour sensibiliser des parties prenantes moins proches du terrain et pour redéfinir des indicateurs de réussite en lien avec le sens et l’impact souhaité du projet. Cela prend une nouvelle forme à la lumière des apprentissages du terrain et de la distance parcourue dans l’expérience de projet. C’est donc un bon moment pour revenir vers les indicateurs de réussite personnels que vous aviez précédemment établis. Une mise à jour de votre réflexion liée aux repères du sens pour soi et la communauté, de votre profil d’entrée et de votre profil de sortie peut être pertinente pour la suite. Vous n’êtes plus la même personne à cette étape-ci du projet, et vos ambitions se définissent peut-être autrement. Le reconnaître est important, et ce pas de recul par rapport à la démarche entrepreneuriale permet d’aligner les prochains objectifs de développement du projet sur la base de l’actuelle distance parcourue.
Reconnaître la distance parcourue est un exercice nécessaire qui, malheureusement, se fait peu dans le milieu entrepreneurial. Trop pressées d’arriver, la tête dans le guidon, les personnes oublient souvent d’observer les circonstances changeantes de l’environnement du projet – passées et présentes – qui, pourtant, sont riches en apprentissages sur soi, les autres et la complexité du monde autour de soi. Cette pratique est une belle manière d’aller à la rencontre de l’autre et de s’enrichir mutuellement des expériences des uns et des autres. Elle permet aussi d’affirmer et de faire grandir le sens du projet en lien avec le monde dans lequel il prend vie. Bien souvent, ce n’est que dans le partage de ces récits de la distance parcourue et dans le dialogue avec d’autres que l’identité originale du projet se définit et que l’inspiration et des clés significatives pour la suite de la démarche se présentent à vous.
Quelques ancrages… pour réfléchir à votre distance parcourue, se la représenter et la raconter
Si vous êtes en équipe de projet, faites l’exercice ensemble. Pour les personnes seules dans leur projet, vous pouvez le faire seule ou avec des personnes avec qui vous avez envie de réfléchir à la chose. Dans tous les cas, réfléchir à la distance parcourue, se la représenter et la raconter permettent de reconnaître vos efforts, de prendre confiance en soi et de renforcer les liens autour de vous pour la suite.
Nous vous proposons de procéder comme suit :
Préparation
1. Trouvez chez vous ou demandez à d’autres autour de vous :
a. un grand carton ou une grande feuille de papier vierge qui vous permettra d’avoir de l’espace pour dessiner ;
b. des revues ou des magazines avec des photos ;
c. des trucs pour bricoler comme des crayons de couleur en bois, des stylos à bille, des feutres ou autre, de la ficelle, du papier de couleur, des ciseaux, de la colle en bâton, de petits objets, de la peinture et des pinceaux, etc.
2. Trouvez un endroit où vous pouvez déposer tout cela pour commencer l’exercice et y revenir quand vous le souhaitez de temps à autre.
3. Prévoyez du temps à votre horaire pour commencer l’exercice et y revenir de temps à autre.
4. Au moment choisi pour l’exercice, vous pouvez mettre une musique qui vous aide à vous déposer dans le moment présent. Certaines personnes préfèrent le silence.
Moments significatifs
5. Prenez une feuille de papier ou votre carnet de notes. Inscrivez des faits saillants de votre distance parcourue à ce jour. Ces faits saillants sont des moments qui ressortent spontanément pour vous et l’équipe, le cas échéant.
6. Lorsque vous êtes prêt(e), prenez le grand carton ou la grande feuille de papier vierge. Dessinez une Étoile du Nord quelque part sur la surface. Elle servira de repère pour vous rappeler le sens pour soi et la communauté visée de votre projet.
7. Trouvez des images parmi les revues et les magazines, des objets, ou dessinez des formes et des figures qui mettent en lumière les faits saillants identifiés.
8. Mêlez dessins, collages, couleurs et mots à vos représentations de ces faits saillants.
9. D’autres moments marquants du projet peuvent vous revenir en tête au cours de l’exercice. Ajoutez-les à votre distance parcourue.
Représentation du chemin
10. Au fur et à mesure que cela prend forme, racontez (à vous-même si vous êtes seul(e), ou à l’équipe si vous êtes en équipe) les faits saillants à partir des représentations que vous avez faites sur le carton ou la feuille.
11. Lorsque la représentation de la distance parcourue vous semble bien avancée, racontez ce que les images et les formes représentent.
12. En observant le fruit de votre création, racontez les liens nouveaux que vous faites entre les éléments que vous avez sous les yeux.
Raconter la distance parcourue
13. Suivant ces premiers échanges, tentez de raconter l’histoire que vous avez sous les yeux, avec un fil conducteur qui relie les faits saillants imagés. Inscrivez cette histoire sur une feuille à part ou dans votre carnet de notes.
14. Référez-vous aux notions sur le récit narratif (section 5.3.1) pour enrichir votre histoire.
15. Photographiez la représentation imagée de votre distance parcourue afin de la garder en mémoire et de vous y référer, de temps à autre, pour enrichir l’histoire.
16. Identifiez les personnes à qui vous voulez raconter votre distance parcourue.
17. Racontez votre histoire à ces personnes.
18. Observez ce que cela génère en vous et en elles.
19. Répétez cet exercice de temps à autre durant la suite du projet pour reconnaître ce qui a été fait, vous rappeler le sens de votre démarche et renforcer les liens et les relations autour de vous.
5.3.3. pour que d’autres se joignent à vous
Avec l’art de raconter vient aussi celui de consolider plus formellement des relations afin que d’autres personnes se joignent à vous. Ces relations se forment afin que des personnes fassent partie de votre équipe, deviennent partenaires financières ou fournisseuses de services, achètent ce que vous offrez ou vous rejoignent comme employées. Pour cela, un espace de conversation et d’écoute doit être ouvert. Raconter pour que d’autres se joignent à vous est donc, avant tout, un acte relationnel fondé sur la confiance et un sens commun. Ainsi, c’est d’abord une confiance en soi qui est appelée à grandir progressivement durant la démarche par des interactions et la rencontre de personnes. Parfois, des contextes inconnus demandent le développement d’une nouvelle confiance en soi propre à ces nouvelles circonstances. Le développement de la confiance en soi est donc contextuel et non linéaire. La confiance se construit avec le temps, alors que vous cheminez personnellement et en relation avec d’autres, dans différents environnements.
En ce sens, tout ce que vous apprenez sur le terrain permet de bâtir cette confiance : l’observation de situations, les discussions lors d’entrevues ou en groupe, les moments où vous racontez votre projet sous la forme d’un récit narratif ou à partir de votre distance parcourue. Par les réactions des personnes, le partage de leurs perspectives et ce que cela provoque en vous, vous prenez confiance en ce qui nécessite d’être mis de l’avant dans le cadre de votre projet. C’est à partir de ces rencontres que vous développez l’habileté d’identifier ce qui résonne le plus pour attirer l’attention des personnes et aider à reconnaître le sens de votre démarche de projet.
Raconter pour que d’autres se joignent à vous se construit aussi par la confiance de l’autre envers vous. Si vous voulez amener les personnes à se joindre à vous et à croire en vous et en vos idéaux, vous devez développer une relation en ce sens. Cette relation naît et prend forme dans l’accueil et dans l’appréciation que vous avez de l’autre personne dans ce qui la motive, l’intéresse plus particulièrement et la sécurise lorsqu’elle entre en relation. C’est là où plusieurs personnes échouent. Elles sont souvent centrées sur elles-mêmes et cherchent à vendre leur idée avec insistance à partir d’un argumentaire figé d’avance. La confiance de l’autre envers vous doit se construire, et l’argumentaire doit prendre une forme qui génère un lien entre l’autre et vous. C’est là où ce qui peut être mis de l’avant dans votre échange doit être imaginé, comme une manière de vous lier à l’autre et de trouver un sens partagé à votre relation.
Plusieurs formations sont proposées pour persuader, négocier ou « être bon vendeur ». Des techniques, parfois manipulatrices, sont enseignées pour que les personnes disent oui à ce que vous proposez. Or, ce n’est pas le fait de convaincre ou de vendre qui mérite une célébration, mais plutôt le fait que les bonnes personnes se joignent à vous. Les défis qui viennent avec le fait de vendre son idée ou son produit ou son service aux mauvaises personnes sont importants. Dans certains cas, ils peuvent mettre fin à votre projet. Une personne partenaire, financière, cliente ou fournisseuse de services qui achète de vous une autre représentation du produit ou du service que celle que vous souhaitez peut mettre en péril la suite de votre projet. La confiance entre les personnes dans le développement de relations plus officielles, ainsi que le sens partagé, est donc essentielle.
Par conséquent, c’est aussi amener l’autre personne là où elle souhaite aller. C’est un exercice de communication qui, fort de vos observations, de vos discussions et de vos récits, fixe complètement votre attention sur l’autre. Cela oblige d’être alerte à ses réactions sur le sens que vous donnez à votre projet et d’avoir confiance dans le sens de la relation que vous proposez. Pour cela, vous devez vous préparer, et c’est le fruit de vos efforts à rencontrer les autres depuis le début de votre démarche qui permettra aux bonnes personnes de se joindre à vous. Un récit du projet présentant notamment vos efforts de validation, l’état de développement du modèle, les actions qui ont été posées et ce qu’il reste à accomplir ainsi qu’un vocabulaire compris par les personnes permet de mettre en lumière la rigueur et la lucidité de votre démarche.
Enfin, raconter pour que d’autres se joignent à vous se fait tout au long d’une démarche entrepreneuriale. Même si le projet n’est pas encore tout à fait ficelé, vous allez chercher la confiance et l’aide des personnes que vous sollicitez sur la base de qui vous êtes et de ce en quoi vous croyez. Ces personnes sauront reconnaître la rigueur de votre démarche, votre confiance dans le projet, vos convictions sur le sens ainsi que votre humilité dans le fait de souhaiter que d’autres se joignent à vous pour réaliser votre projet. En fait, c’est raconter aux autres avec l’ambition de vous lier dans un sens partagé, pour augmenter vos chances de réaliser le projet avec le succès souhaité.