5.1. Observer : sentir et regarder autour de soi

Le quotidien se vit dans des espaces physiques et numériques, certains privés, d’autres publics, sociaux ou plus solitaires. Le monde est donc un vaste espace propice à la rencontre d’autres personnes. Chacune et chacun vaque à ses occupations, selon des habitudes, des rythmes et des activités en différents lieux, et aussi le hasard et la spontanéité. Être en ces lieux est déjà une excellente manière de rencontrer les autres, par la présence, l’observation, un regard, un sourire… qui peuvent aussi déboucher sur une conversation souvent inattendue. Ainsi, vous prenez un café au coin de la rue, et une personne aînée qui lit le journal vous parle ; dans la rue, la beauté d’un rayon de soleil en hiver crée un sourire complice entre deux personnes ; au magasin, vous tenez la porte à une personne qui sort, chargée de ses achats. La communication est inhérente à la vie sociale qui constitue nos mondes habités. Pour aller à la rencontre de l’autre, il faut donc flâner ! Cela prend du temps, de l’ouverture à ce qui peut se passer, ou ne pas se passer, et de la curiosité silencieuse pour se laisser imprégner du rythme où des choses significatives se passent dans ces environnements.

En sciences sociales et en anthropologie, l’observation participante est une méthode de recherche qui implique de participer activement à la vie quotidienne des personnes ou du groupe de personnes que vous voulez connaître. En prenant part à leurs activités, en vous tenant dans les lieux qu’elles fréquentent, en nouant des relations avec elles, vous pouvez apprendre à connaître, par l’expérience, ce qui participe à leur vie sociale, à leurs valeurs et à leurs comportements. Le fait de vivre des expériences similaires permet de mieux comprendre les aspects émotionnels, symboliques et intangibles des normes sociales du groupe dans différents contextes. En parallèle de cela, un carnet de notes vous suit pour que vous écriviez vos observations et vos réflexions sur ce que vous vivez dans ce milieu. Quand le temps est là pour observer, de nombreux détails et nuances se présentent alors aux yeux ! Souvent, cela doit se faire sur une période qui dure plusieurs mois pour pouvoir pleinement bénéficier de la richesse de l’observation participante. Cela dit, c’est une bonne source d’inspiration pour la méthode lors de votre quête de rencontrer d’autres personnes dans le cadre de votre projet.

La synchronisation, qui se manifeste dans l’observation participante, plus communément le fait « d’être sur la même longueur d’onde », facilite la communication humaine. Cela nous vient du champ de la programmation neuro-linguistique (PNL), qui a été développée entre autres par des linguistes, des psychologues et des anthropologues. Lorsque deux personnes se rencontrent, un petit temps est nécessaire à cette synchronisation, puisque souvent leurs expériences des dernières heures diffèrent l’une de l’autre. Cela est observable dans les restaurants par exemple, regardez autour de vous : quels sont les groupes aux tables qui paraissent en harmonie et ceux qui ne le sont pas ? Qu’observez-vous de loin, quand deux personnes se rencontrent au restaurant, de l’évolution de comment leurs corps semblent bouger ensemble ou non au cours du repas ? S’asseoir ensemble, manger ensemble, se tenir de la même manière, parler avec les mêmes mots, à la même vitesse de parole et au même volume sont autant d’éléments qui favorisent la synchronisation entre les personnes et ouvrent le champ à une communication plus profonde. Plus communément, on peut aussi dire « À Rome, fais comme les Romains ». Lorsque vous arrivez quelque part, observez ce qu’il s’y passe pour vous adapter.

Pour aller vers l’autre, cela prend donc un rapport, c’est-à-dire de se faire « même », l’espace d’une conversation. C’est le « même » de deux êtres qui se touchent, entrent en relation et dont les espaces communiquent le temps d’une rencontre, ou d’un temps à partager le même espace physique. La communication peut se passer de manière verbale ou non verbale, volontaire ou involontaire, c’est la synchronisation qui prime. Parfois, l’expérience des personnes est trop éloignée en ce moment pour que la synchronisation ait lieu. C’est pourquoi une rencontre humaine authentique peut être spontanée, comme nécessiter du temps… un temps où faire l’expérience de vivre des choses ensemble permet, sur la durée, cette synchronisation des êtres, et donc la communication. Pour cela, confiance, ouverture et patience sont nécessaires. Il faut se rappeler que les rythmes humains prennent du temps, car ils sont vivants. C’est là la vraie richesse de l’être humain, avec le tout connecté technologique et au-delà.

 

Vous orienter, vivre des rencontres et relater votre expérience

  1. Qui sont les personnes ou les groupes de personnes vers qui vous voulez aller ?
  2. Qu’est-ce qui vous intéresse de découvrir et d’apprendre de ces personnes ?
  3. Qu’est-ce qui les caractérise ?
  4. Où se tiennent-elles et où passent-elles du temps ?
  5. Quelles activités font-elles ?
  6. À quels événements assistent-elles ?
  7. Comment comptez-vous aller à leur rencontre ?
  8. En observant leurs activités et en y participant, qu’apprenez-vous sur leurs manières de faire et de communiquer ?
  9. Quelles sont les rencontres que vous avez faites ?
  10. Quelle a été votre expérience ?
  11. Qu’avez-vous découvert sur les relations humaines dans ce milieu ?
  12. Dans vos observations, qu’est-ce qui a éveillé votre curiosité ?
  13. Qu’avez-vous noté comme observations ?
  14. Qu’est-ce qui en ressort ?

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