8 Utilisation des données d’affaiblissement pour estimer la protection

Elliott H. Berger et Jérémie Voix

Dans ce chapitre, nous discutons des méthodes d’estimation des niveaux effectifs d’exposition lorsque les s sont portés. Cependant, la précision de la méthode, quelle que soit la sophistication de la procédure de calcul, dépend de la pertinence des données utilisées. L’utilisation de données telles que les valeurs de laboratoire est inadaptée pour tenter de prévoir la protection terrain pour des groupes de personnes. De plus, comme nous l’avons déjà observé, aucune des procédures de ce chapitre ne peut prédire avec précision l’atténuation effective pour un utilisateur à moins de mesurer les valeurs d’atténuation réelles obtenues par cet individu, par exemple en utilisant des test d’ajustement (voir le chapitre Procédures de mesure de l’atténuation terrain). De plus, étant donné que les mesures d’exposition au bruit ont elles-mêmes une précision limitée, certains auteurs recommandent de classer les estimations d’exposition dans des fourchettes de valeur aussi larges que 5 dB pour indiquer explicitement leur précision limitée (Royster et Royster, 1985). Il est également important de souligner qu’à des niveaux de pression acoustique équivalents (donc moyennés sur le temps d’exposition) inférieurs à environ 95 dBA, il est plus important de se concentrer sur la facilité d’usage, le confort et le bon ajustement et l‘usage correct des que sur la détermination précise de l’atténuation du .

Mesure par bande d’octave

La méthode de calcul par bande d’octave  (BO ou “Octave Bands”, en anglais) est la méthode la plus précise pour estimer les niveaux d’expositions protégées. Cette méthode, définie à l’Article 7 de la norme ANSI S12.68-2007, est illustrée dans le Tableau 5 en utilisant les données du casque antibruit de la Figure 28. La précision inhérente à cette méthode dépend de la qualité des données d’entrée, comme indiqué dans le chapitre précédent. Cette méthode est considérée comme la référence absolue (“gold standard” en anglais) en comparaison de laquelle les autres méthodes de calcul sont habituellement évaluées.

Tableau 5 : Exemple de méthode par bande d’octave permettant de calculer les niveaux de pression acoustique effectifs lorsqu’un est porté.
                                                                               Fréquence d’Octave-Band Center (Hz) dBA Réduction du
125 250 500 1000 2000 4000 8000
Niveau de bruit ambiant 85 87 90 90 85 82 80
Pondération A -16,1 -8,6 -3,2 0,0 1,2 1,0 -1,1
Bruit ambiant pondéré A 68,9 78,4 86,8 90 86,2 83 78,9 93,5
Écart-type () 3,3 3,5 3,9 2,9 2,8 3,2 3,9
f84 11,6 18,1 26,8 35,2 31,7 33,3 33,7
Niveau protégé 57,3 60,3 60,0 54,8 54,5 49,7 46,2 65,2 28,3

Dans le Tableau 5, les niveaux de bruit ambiant en bande d’octave dans l’environnement de travail sont entrés dans la ligne 1. Les niveaux de bruit ambiant pondérés A (ligne 3) sont calculés en ajoutant la ligne 2 à la ligne 1 et sont sommés logarithmiquement pondéré A. Les valeurs moyennes d’atténuation de la bande d’octave et d’écart type des spécifications du fabricant de protections auditives sont entrées dans les lignes 4 et 5 respectivement. Les valeurs de protection supposées (, ligne 6), qui sont les valeurs d’atténuation atteintes par un pourcentage spécifié de la population, sont calculées en soustrayant la ligne 5 de la ligne 4. Dans cet exemple, les s sont calculées au 84ème percentile, c’est-à-dire avec une fois la valeur de l’écart type (). Si les données d’affaiblissement sont présentes à 3,15 et 6,3 kHz, elles sont moyennées linéairement avec les données à 4 et 8 kHz respectivement. Les niveaux effectifs de protection (ligne 7) sont calculés en soustrayant la ligne 6 de la ligne 3 et sont ensuite sommés logarithmiquement pour déterminer le pondéré en A effectif lorsque le protecteur est utilisé (ici 65,2 dBA). Ce calcul nécessite que l’utilisateur effectue les calculs appropriés pour chaque spectre de bruit individuel, c’est-à-dire que la quantité de protection fournie ne peut pas être calculée indépendamment du bruit dans lequel le est porté. L’atténuation du ,  de 28,3 dB dans cet exemple, est calculée comme la différence entre le niveau global ambiant et le niveau global protégé.

Concept clé

Une erreur conceptuelle fréquente consiste à supposer que la correction d’un écart-type ()  permet d’ajuster les données de laboratoire pour estimer les valeurs terrain. Il n’en est rien et le but réel de la prise en compte de l’écart-type est simplement d’ajuster les atténuations moyennes obtenues en laboratoire pour refléter l’atténuation obtenue pour 84% (pour une correction 1-) ou 98% (pour une correction 2-) de la population des sujets de test. La possibilité d’appliquer la méthode de calcul par bande d’octave à des utilisateurs réels sur le terrain est uniquement déterminée par le réalisme du protocole utilisé en laboratoire et sa capacité à reproduire les conditions d’utilisation terrain.

Indice de réduction du bruit

Un descripteur à numéro unique est pratique et souvent suffisamment précis pour estimer les expositions protégées. Le descripteur qui a été normalisé aux États – Unis depuis 1979, et donc fourni par les fabricants sur leur emballage, est le (EPA, 1979). Le représente la réduction moyenne globale du bruit en décibels qu’un fournit dans un environnement avec un pondéré en C connu. Le est identique (à 0,5 dB près) à la méthode NIOSH #2 à partir de laquelle il a été adapté (Kroes et al., 1975).

Le est calculé d’une manière analogue à l’approche dans le Tableau 5, sauf qu’au lieu d’utiliser le bruit ambiant réel, nous commençons dans la rangée 1 avec un spectre de (énergie égale dans chaque ), fixé à un niveau arbitraire tel que 100 dB dans chaque bande. Le calcul se déroule comme dans le Tableau 5, sauf que l’étape finale nécessite que le niveau protégé effectif soit soustrait du global pondéré en C du (au lieu du niveau pondéré en A, ligne 3). Un facteur de sécurité spectrale supplémentaire de 3 dB doit également être soustrait de la réduction du calculée à la ligne 7, à l’extrême droite. Le facteur de sécurité spectrale tient compte des erreurs qui découlent de l’utilisation du au lieu du bruit réel auquel le porteur est exposé. Comme dans la méthode , le calcul inclut un ajustement pour le pourcentage de population protégée, alors que le utilise 2 (théoriquement un facteur de protection de 98%, parfois explicitement dénommé NRR98), au lieu de 1 illustré dans Tableau 5. Le calculé à partir des données du Tableau 5 est de 23,1 dB. Pour les détails computationnels complets du , voir EPA, (1979).

Le est utilisé pour estimer les expositions au bruit de l’utilisateur en le soustrayant des niveaux sonores pondérés en C comme indiqué dans l’Équation 3.

Exposition estimée (dBA) =Niveau sonore du lieu de travail (dBC) –  NRR

La soustraction du au pondéré en C permet d’ajuster le calcul de la quantité d’énergie basse fréquence dans le bruit et fournit, pour les s typiques, une estimation plus précise de la réduction du bruit que le seul pondéré en A (Gauger et Berger, 2004). La précision perdue lorsque le est soustrait aux niveaux sonores pondérés en A nécessite l’utilisation d’un facteur de sécurité supplémentaire, comme indiqué dans l’Équation 4. Cette méthode a été appelée méthode NIOSH #3 (Kroes et al., 1975).

 Exposition estimée (in dBA) = Niveau sonore du lieu de travail (in dBA) – (NRR – 7 dB)

Le facteur de sécurité de 7 dB de l’Équation 4 (Kroes et al., 1975; OSHA, 1983a) est une correction du « pire cas » qui, dans la plupart des cas, surestimera les différences réelles de pondération en C et A. Des analyses récentes suggèrent qu’environ une correction de moitié de cette quantité est plus appropriée (Gauger et Berger, 2004). En fin de compte, la précision réelle dépendra de l’environnement sonore considéré. Comme alternative, on peut corriger la TWA pondérée A en utilisant un sonomètre pour développer ou signaler une valeur C-A pour des processus, des zones ou des descriptions de travail typiques. Cette valeur C-A est ajoutée au TWA pondéré en A pour calculer un TWA pondéré en C ou un niveau de bruit en milieu de travail pondéré en C, à partir duquel le peut être soustrait en utilisant la procédure de l’Équation 3. Dans la mesure où une valeur C-A précise peut être estimée, cette méthode fournira une précision accrue par rapport à l’utilisation de l’Équation 4 pour les situations dans lesquelles les expositions pondérées en C ne sont pas disponibles.

 Comparaison des estimations et

En raison des simplifications inhérentes au , des erreurs peuvent survenir lors de l’estimation de la protection, mais les valeurs sont suffisamment proches des prédictions faites en utilisant la méthode lorsque l’on considère les inexactitudes dans les données de base à partir desquelles l’une ou l’autre méthode de calcul doit être effectuée. Pour l’exemple du Tableau 5, avec un niveau de bruit ambiant de 93,5 dBA qui calcule à un niveau pondéré en C de 95,2 dB, le niveau de protection effectif calculé comme indiqué précédemment est de 65,2 dBA en utilisant la correction 1- dans le tableau. Cependant, pour comparer à un , une correction 2- doit être utilisée. Cela donne un niveau de protection effectif calculé de l’ de 68,7 dBA, par rapport aux valeurs calculées de :

     95,2 dBC – 23,1 = 72,1 dBA; en utilisant l’Équation 3 

 93,5 dBA – (23,1 – 7) = 93,5 – 16,1 = 77,4 dBA; en utilisant l’Équation 4      

Notez que le calculé dans l’Équation 5 prédit une exposition supérieure de 3,4 dB (moins de protection) que le niveau calculé de de 2- et 68,7 dB, et qu’il y a une surestimation encore plus grande (c’est-à-dire moins de protection) le avec dBA comme indiqué dans l’Équation 6. L’erreur accrue à l’aide de l’Équation 6, dans cet exemple, est due à l’ajustement excessivement conservateur de 7 dB (inapproprié pour ce spectre) qui est requis lorsque seuls les niveaux sonores pondérés en A sont disponibles. Les différences vs. augmenteront pour les spectres moins uniformes et / ou plus inclinés, et diminueront pour les s tels que les bouchons d’oreille qui présentent des courbes d’atténuation plus plates. Cependant, l’augmentation potentielle de la précision que peut fournir la méthode peut être illusoire si l’on considère les grandes différences entre les données de laboratoire et les données réelles, et en particulier entre les données de laboratoire et individuelles.

Si l’on peut assurer la similitude de l’atténuation prévue et réelle pour l’utilisateur ou le groupe d’utilisateurs considéré, et si l’on dispose des données pour l’environnement de bruit, alors il est préférable d’utiliser la méthode . Cependant, dans la plupart des cas, il est peu probable que l’une ou l’autre de ces conditions  soit satisfaite. La plupart des hygiénistes industriels se plaignent de devoir mesurer les niveaux sonores pondérés en C pour le , sans parler de l’effort supplémentaire nécessaire pour effectuer des analyses en bande d’octave ou de l’échantillonnage répété nécessaire pour une précision adéquate.

L’utilité principale de l’examen des valeurs d’atténuation pour un est de pouvoir faire une correspondance grossière entre le dispositif et le spectre de bruit. Par exemple, les données du laboratoire et du monde réel montrent que si une énergie de basse fréquence significative est présente (125-250 Hz), alors un bouchon d’oreille bien ajusté, en particulier un bouchon en mousse, est un meilleur choix qu’un . Inversement, si une énergie significative est présente autour de 500 Hz à 1 kHz, alors un peut être préféré. Le désir d’effectuer ce type d’appariement spectral doit être modéré par la prise de conscience que certains   ne sont pas toujours appropriés à des tâches particulières dans une usine. Il est déjà assez difficile de s’assurer que les s sont portés correctement sans devoir également s’assurer que certains appareils ne sont effectivement portés que par des employés exposés à des spectres de bruit particuliers.

Statistique de réduction de niveau du bruit

Pour combler certaines lacunes du et développer une norme ANSI spécifiant comment appliquer les résultats d’atténuation du pour estimer les expositions protégées, ANSI S12.68-2007 a été créé (Berger et Gauger, 2008). Il comprend une nouvelle cote unique, la statistique de réduction du (NRSA), pour estimer, à partir de l’exposition pondérée en A, les niveaux de pression acoustique pondérés en A effectifs pour des s usés. Bien que complexe, le calcul de la NRSA est similaire à la méthode décrite dans le Tableau 5, la seule différence étant que les s ne sont pas explicitement introduits dans le calcul. Au lieu de cela, les réductions du pondéré en A (c’est-à-dire la différence entre les expositions non protégées et protégées) sont calculées de façon répétitive sur 100 spectres de bruit différents (les bruits « NIOSH 100 ») pour chacune des atténuations individuelles du panneau de test (10 sujets avec ou 20 avec bouchons d’oreille). À partir des estimations 1000 ou 2000 qui en résultent, une valeur moyenne de groupe ainsi qu’un écart-type peuvent être calculés. Le NRSA est ensuite rapporté comme une notation à deux nombres, typiquement les 20ème et 80ème centiles, NRSA20 et NRSA80, tenant compte de la plage d’atténuation qu’un groupe d’utilisateurs peut attendre dans les conditions de bruit typiques des  espaces de travail.

La logique de l’approche à deux chiffres consiste à indiquer explicitement qu’une gamme de performances est attendue (plus la plage entre les nombres élevés et faibles représente une plus grande variabilité inter-sujets),   à détourner l’attention portée sur une seule valeur et donc à contrecarrer la tendance associée qui est de se concentrer uniquement sur cette valeur pensée comme précise.  Cette approche supporte également l’évaluation du produit avec un nombre conservateur qui peut sembler faible à certains observateurs, tout en indiquant un niveau de protection beaucoup plus élevé qui est éventuellement réalisable pour un protecteur auditif parfaitement ajusté.   Enfin, elle attire l’attention, via le nombre le plus élevé, sur la possibilité d’une surprotection (voir le Tableau 7 dans le chapitre sur les effets des s sur la perception auditive et la production de la parole).

Cette notation à deux nombres a été créée pour être utilisée par l’EPA dans une nouvelle règle d’étiquetage anticipée (Gauger et Berger, 2004) qui, à ce jour, semble bloquée indéfiniment (voir le chapitre sur la réglementation de l’étiquetage EPA).

Par ailleurs, la statistique de réduction du peut être exprimée graphiquement en fonction de valeurs C-A allant de -1 à +13 dB, auquel cas, elle elle est désignée comme NRSG. En supposant que les deux niveaux d’exposition pondérés C et A sont connus, la valeur C-A ainsi que les valeurs NRSG correspondantes sont utilisées pour calculer une réduction de bruit estimée pour le bruit en question. Ceci fournit une plus grande précision, c’est-à-dire une approximation plus proche de la méthode , que l’utilisation des NRSA (ANSI S12.68-2007, Gauger et Berger, 2004).

Autres systèmes de notation

Parmi les autres systèmes de notation utilisés aujourd’hui figurent les méthodes de notation par numéro unique () et haute-moyenne-basse (), très populaires en Europe, la conversion au (80), populaire en Australie et en Nouvelle-Zélande et les systèmes de classe, également utilisés en Australie et en Nouvelle-Zélande, ainsi que dans certaines provinces canadiennes.

Le , calculé de la même manière que le , est décrit dans l’ISO 4869-2: 1994. Comme le , il est soustrait d’un pondéré en C, mais contrairement au , le peut être calculé avec une gamme de facteurs de soustraction . Normalement, 1 est préféré à la place des 2 incorporés dans le . Lorsque le et le sont calculés en utilisant le même facteur , le dépasse le d’une valeur constante de 3,5 dB en raison de petites différences inhérentes au calcul. Le 80 décrit dans la norme AS / NZS 1270: 2002 est l’autre notation numérique unique actuellement utilisée et, bien que légèrement différente du et du , elle est également soustraite des niveaux sonores pondérés en C pour prédire l’exposition mesurée en pondération en A. La valeur indicative de 80 sur le signifie  qu’il est prévu de prédire une valeur d’atténuation atteinte par environ 80% des utilisateurs.

Le est une méthode à trois nombres qui classe les s avec des indices d’atténuation à haute, moyenne et basse fréquence (ISO 4869-2:1994). Comme le est une méthode à numéro unique et que la procédure peut être considérée comme une méthode à sept chiffres (c’est-à-dire qu’elle utilise sept s), le à trois chiffres peut être considérée comme une méthode intermédiaire, à la fois en termes de complexité d’utilisation et de précision des prédictions[1]. En effet, il a été démontré que sa précision de prédiction est légèrement supérieure à celle du , d’où une meilleure approximation des calculs (Lundin, 1992). Cependant, on se demande si la précision limitée des données existantes de laboratoire, à partir desquelles un ou serait calculé, justifie les complexités supplémentaires et les erreurs potentielles qui peuvent survenir dans l’application du (Thomas et Casali, 1995).

Le est utilisé en mesurant d’abord les niveaux sonores pondérés en C et A pour calculer la valeur C-A du spectre de bruit. Selon l’amplitude de la valeur C-A, l’une des deux équations est utilisée pour calculer la réduction du niveau de bruit (PNR) prévue qui peut ensuite être soustraite d’un niveau de bruit pondéré en A pour prédire le niveau d’exposition avec protection pondéré en A. Divers abaques ont également été conçus pour simplifier l’application du .

Les systèmes de classe attribuent une classe ou un grade à un appareil en fonction de ses valeurs d’atténuation mesurées en laboratoire. L’avantage des classes est qu’elles simplifient la sélection faite par les hygiénistes industriels, , puisqu’elles peuvent mettre en évidence l’importance de l’atténuation et éliminer la possibilité que l’utilisateur soit tenté de faire des estimations de protection précises à 1 dB. Il est également possible, comme dans le système canadien, d’intégrer des facteurs de déclassement pour utilisation terrain qui sont transparents pour l’utilisateur. Toutefois, que les classes soient ABC au Canada (CSA, 2014) ou de la 1re à la 5e classe comme en Nouvelle-Zélande et en Australie (AS / NZS 1270: 2002), les décideurs sont tentés de toujours utiliser la «meilleure» note. Une autre lacune est que des différences de 0,1 dB dans l’atténuation d’un seul peuvent entraîner une classification différente du protecteur auditif. Bien que les systèmes de classe continuent à être utilisés et que leurs partisans soient souvent persuasifs, ils n’ont pas réussi à atteindre la popularité internationale des systèmes de notation numérique.

Enfin, il est intéressant de noter les arguments de Williams, (2012) sur les systèmes de notation dans lesquels il déplore le fait d’inclure l’indicateur de variabilité dans la notation comme l’ajustement de 2- dans le ou l’ajustement 1- dans la notation 80. Il soutient que cela obscurcit les données parce que les faibles valeurs d’un ou d’un peuvent être dues soit à la capacité inhérente de blocage du bruit du dispositif, soit à une grande variabilité de son ajustement, ou aux deux. Il suggère de rapporter l’atténuation comme une paire de nombres – la moyenne, et le associé – et, il propose également un schéma de calcul légèrement modifié pour améliorer la compréhension de ces nombres.

Déclassement de l’affaiblissement

Comme le montre la figure 20, il existe de grandes divergences entre les s étiquetés et ceux obtenus sur le terrain. Par conséquent, pour faire des prédictions utiles de la performance terrain pour les employés dans leur lieu de travail, le ou les données de laboratoire à partir desquelles il est calculé, doivent être réduits (déclassés). Le déclassement le plus couramment utilisé aujourd’hui est une réduction globale à 50% du étiqueté. Toutefois, certains ont suggéré que le pourcentage de déclassement devrait être moindre pour les s plus faciles à installer, comme les serre-têtes antibruit. Cela est recommandé par le NIOSH et ce dernier propose différents pourcentages de déclassement selon le type de (NIOSH, 1998).

Concept clé

Bien qu’aucun schéma de déclassement ne soit précis et valable pour tous les s, les hygiénistes industriels doivent choisir au moins une approche pour pouvoir utiliser les données du fabricant actuellement disponibles et développer des estimations, même approximatives, de la performance terrain. En aucun cas, les s étiquetés ne devraient être utilisés tels quels pour faire des prédictions pour des groupes de porteurs.

La modification des règles de l’ sur la protection de l’ouïe (, 1983a) spécifie l’utilisation des données étiquetées du fabricant, dérivées des mesures de laboratoire pour évaluer l’adéquation du sur le lieu de travail. Par la suite, l’ a reconnu que les données de laboratoire devraient être déclassées et a recommandé de réduire les s publiés de 50% (par exemple, un de 24 dB serait réduit à 12 dB) (, 1987a, 1987b et n.d.). Cependant, le déclassement sert uniquement à évaluer l’efficacité relative des s et des contrôles techniques du bruit (réduction du bruit grâce à la conception et à la modification du matériel) ou lorsque d’autres indicateurs suggèrent un programme inefficace (Barry, 2015). Cette situation est source de confusion à la fois pour les responsables de programmes de prévention des pertes auditives, mais mais aussi même pour les inspecteurs de l’. Lorsqu’on utilise simultanément le déclassement et la correction spectrale de 7 dB, l’ exige que le facteur de 7 dB soient soustraits au avant de déclasser de 50%, , soit “(NRR-7) / 2”.

Concept clé

La réduction de 50% citée ci-dessus n’a aucun rapport avec la correction bien connue de 7 dB spécifiée à l’annexe B de la modification (OSHA, 1983a) et discutée ci-dessus. La réduction de 50% ajuste les valeurs étiquetées pour mieux refléter la performance terrain, tandis que la correction spectrale de 7 dB tient compte de l’utilisation du avec des niveaux sonores pondérés en A au lieu de C.

Un autre élément qui prête à confusion est le fait que  le schéma de déclassement recommandé par le NIOSH est appliqué dans l’ordre inverse: le 7 dB est soustrait après la réduction du , ce qui conduit à un déclassement plus sévère de 3,5 dB, puisque issus du calcul “( / 2) – 7”. Il convient également de mentionner que le pourcentage de déclassement à appliquer peut dépendre de l’autorité compétente et du type de . Par exemple, le NIOSH recommande des déclassements relatifs de 75% pour les serre-têtes antibruits (la protection est estimée à 75% de la valeur nominale), 50% pour les bouchons d’oreilles formables et 30% pour tous les autres bouchons d’oreille. Si les données d’atténuation proviennent de la norme ANSI S12.6-2016 Méthode B, aucun déclassement ne doit être appliqué (NIOSH, 1998).

Pour ajouter à cette complexité de déclassement, les approches varient considérablement selon les pays, les législations et les types de , et plutôt qu’un déclassement relatif (en pourcentage) peut impliquer un déclassement absolu ou d’autres facteurs, résumés dans le Tableau 6. Ces informations peuvent être particulièrement pertinentes pour les hygiénistes industriels travaillant dans le cadre de programmes internationaux de santé et de sécurité.

 

Tableau 6 : Aperçu des différentes méthodes de déclassement utilisées au niveau international. Les pourcentages dans le tableau correspondent à la fraction de la valeur d’atténuation indiquée qui est atteinte et les décibels représentent la quantité à soustraire de la valeur étiquetée. La France utilise le selon ISO 4869-2:1994 mais avec une correction 2- au lieu d’une correction 1- (surnommée « élargissement statistique »), puis soustrait les facteurs indiqués lorsque « les personnes ne sont pas formés », 5 dB pour les bouchons standard et 7 dB pour les bouchons montés sur arceau. La valeur de 5 ou 9 dB pour l’Allemagne se réfère aux déclassements pour bouchons prémoulés  ou pour bouchons en mousse  respectivement, tandis que  les avec n’ont un déclassement que de 3 dB.

Pays

Bouchons

Serre-têtes

Double protection

À comprimer

Prémoulés

Semi-insérés

Sur mesure avec test d’étanchéité

Sur mesure

É.-U. ()

50% (déclassement proportionel)

É.-U. (NIOSH)

50%

30%

75%

 

Italie

50%

30%

 

 

 

75%

 

Royaume-Uni

4 dB (déclassement absolu)

France
(Recommandations INRS)

10 dB

10 dB

10 dB

 

5 dB

5 ou 7 dB

 

Allemagne

9 dB

5 dB

5 dB

3 dB

6 dB

5 dB

5 ou 9 dB

Chine

Requiert de 17 à 34 pour Lex <95, et > 34 pour Lex > 95 dB

Finlande / Espagne

Pas de déclassement

AS / NZ / Brésil

Test selon “Method-B”

Canada

avec déclaissement différent selon les protecteurs,,
o
u Classes avec déclassement inclus ou basé sur données provenant de Method-B

Les déclassements sont tout aussi nécessaires et applicables au calcul par BO dans le Tableau 5 qu’à des évaluations de nombres uniques tels que le . Cependant, les calculs faits  avec des valeurs moyennes d’affaiblissement et des écarts-types, paramètres qui affectent tous deux le résultat, rendent difficile le déclassement sur une base de BO. L’approche la plus simple consiste à déclasser la valeur globale de réduction du (calculée à l’extrême droite de la rangée 7) de la quantité désirée. Si les valeurs d’atténuation déclassées sont également requises, on peut les calculer, ou trouver les s associés, par itération en saisissant des valeurs déclassées sur les rangées 4, ou 6 respectivement, en utilisant le même pourcentage de déclassement à chaque fréquence, et en ajustant ce pourcentage de déclassement jusqu’à atteindre le  déclassement de réduction du précédemment atteint pour la rangée 7. Indépendamment de l’approche choisie, la précision des estimations de déclassement est limitée, en particulier si l’on considère que les données fondamentales elles-mêmes, ainsi que les réductions correspondantes, sont destinées à des prédictions pour des groupes d’utilisateurs, et non pour des personnes individuels. Une manière évidente d’éviter cette confusion et de fournir des données potentiellement plus précises et utilisables consiste à s’appuyer sur des valeurs d’atténuation mesurées individuellement, telles que celles fournies par les systèmes de test d’ajustement (voir le chapitre sur les tests d’ajustement).

Utilisation de données individuelles – Indice affaiblissement personnel (PAR)

L’indice d’affaiblissement personnel (IAP ou PAR en anglais) d’un protecteur auditif donné, mesuré à l’aide d’un système de test d’ajustement ou (voir le chapitre sur les procédures de mesure d’attenuation terrain), peut être utilisé pour estimer l’atténuation du bruit obtenue par un individu donnée. La beauté du PAR est qu’il ne nécessite aucun déclassement terrain. Contrairement à un nombre obtenu en laboratoire basé sur un groupe de sujets évalués dans des conditions idéales, les seules corrections applicables aux PAR sont des corrections statistiques visant à   tenir compte de l’incertitude des données de mesure et de la variation spectrale du bruit. Alors que le terme « évaluation d’atténuation personnelle » a pu être utilisé dans le passé par certains auteurs pour décrire les valeurs d’affaiblissement individuelles obtenues par diverses méthodes de calcul, le PAR, actuellement dans la   norme nationale américaine ANSI S12.71, hérite de certains détails de calcul du NSSA (Voix et Hager, 2009). Les différences subtiles dans les calculs PAR et NRSA proviennent du fait que le PAR est basé sur les données d’un sujet tandis que le NRSA est basé sur des données de groupe provenant de plusieurs sujets. L’une des caractéristiques uniques des NRSA, comparée au et à la plupart des autres indices numériques simples, est qu’il se présente   sous forme de deux nombres, l’un au 80e et l’autre au 20e percentile, qui définissent une gamme de performances à attendre pour un individu. Ces valeurs sont destinées à être soustraites à des mesures de bruit pondérées en A au lieu d’exiger l’utilisation de valeurs pondérées C. Certains peuvent fournir des valeurs PAR80 et PAR20, et calculer également un PAR moyen, appelé PAR50, lequel peut être directement soustrait aux niveaux sonores pondérés en A pour estimer les niveaux de bruit ou l’exposition sonore aux oreilles protégées.

Références

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  1. Le NRSG mentionné dans le chapitre précédent se rapproche un peu plus de la méthode [pb_glossary id="593"]OB[/pb_glossary] que le [pb_glossary id="543"]HML[/pb_glossary], et fournit également une méthode d’application graphique plus facile à appliquer.

About the Auteures

Elliott est président de Berger Acoustical Consulting, LLC.  Auparavant, en tant que Division Scientist pour la multinationale 3M, il a étudié la protection auditive, la conservation de l’audition et les sujets connexes pendant plus de 40 ans.  Il est l’auteur de 20 chapitres de livres et de plus de 75 articles publiés, dont un grand nombre dans des revues évaluées par des pairs, a reçu un certain nombre de prix d’art oratoire et a enseigné à plus de 12 000 participants en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique, en Australie et en Nouvelle-Zélande, dans le cadre de 143 séminaires d’une journée parrainés par E-A-R/3M sur la protection et la conservation de l’audition et la sensibilisation à l’audition.  Il préside le groupe de travail américain de l’American National Standard Institute sur l’atténuation des protections auditives, a fait partie d’un comité de la National Academy of Science sur la perte auditive dans l’armée et d’un comité de la National Academy of Engineering sur la technologie pour une Amérique plus silencieuse, est membre de l’Acoustical Society of America, ancien président de la National Hearing Conservation Association. Il est membre de l’ASA, ancien président de la NHCA, membre de l’American Industrial Hygiene Association et ancien président de son comité sur le bruit, ancien membre du conseil d’administration du Council for Accreditation in Occupational Hearing Conservation, lauréat du Lifetime Achievement Award de la NHCA, et a été récompensé lors de la conférence Acoustics Virtually Everywhere 2020 de l’ASA par une séance d’hommage à sa carrière.  Parmi ses sons préférés figure le battement argenté des feuilles d’un massif de bouleaux de rivière chatouillé par la fraîche brise du soir.

Physicien de formation et acousticien par passion, le professeur Jérémie Voix cumule plus de 25 années d’expérience en lutte contre le bruit en milieu de travail. Il siège à l’Association canadienne de normalisation (CSA) et participe activement à l’écriture des dernières normes sur la protection auditive (Z94 et Z1007) et sur la mesure de l’exposition au bruit (Z107). Membre actif de l’American National Standard Institute (ANSI), il était responsable de la toute récente norme ANSI S12.71 sur les tests d’ajustements (“fit-test”) des protecteurs auditifs. Depuis 2018, il prend part également à l’initiative “Make Listening Safe” sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Titulaire de la chaire de recherche industrielle ÉTS-EERS en technologies intra-auriculaires (CRITIAS), il développe avec son équipe les futures générations de dispauditifs (“hearables”).

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