Foire aux questions (FAQ) – Tome I

Jérémie Voix

Cette section contient une série de questions que j’ai reçues mais dont la réponse n’est pas disponible dans l’ouvrage « Paupières d’oreilles » et pour lesquelles je n’ai pas trouvé d’études scientifiques publiées. Mes éléments de réponse sont donc fournis qui n’ont pas été abordé dans ainsi que les éléments de réponses fournis dans l’attente de plus d’information.

 

Question Octobre 2022 : Casques à CONDUCTION OSSEUSE

Avec l’arrivée des nouvelles technologies d’écouteurs à conduction osseuse (exemple aftershockz), nous avons des travailleurs qui commencent à poser des questions. On sait que ces appareils ne sont pas directement dans l’oreille, donc on suppose qu’en théorie ils ne nuisent pas à entendre les bruits environnants, c’est-à-dire les signaux de sécurité en milieu industriel notamment. Par contre, est-ce qu’il y a de la documentation à cet effet ? Est-ce que c’est tout de même un appareil qui serait à proscrire au même titre que les dispositifs qui sont sur ou dans les oreilles pour l’écoute de musique individuelle ?

ÉLÉMENTS DE RÉPONSE :

Je dirais donc que ces écouteurs utilisent la conduction osseuse et transmettent directement les signaux sonores joués (musique le plus souvent, mais parfois parole synthétique) vers la . Ils laissent donc libres les oreilles et ces dernières peuvent capter en plus tous les signaux ambiants. Évidemment l’énergie sonore reçue à la est tout aussi dommageable qu’elle soit reçue par voie aérienne (les oreilles libres) ou par voie osseuse. Il convient donc de limiter le niveau d’exposition pour ces écouteurs également. Par ailleurs, puisque ces écouteurs stimulent la cochée tout pareillement, ils pourraient également masquer les signaux ambiants et s’avérer dangereux. Un usage intéressant est évidemment chez les travailleurs portant une simple ou double protection passive et à qui il deviendrait possible de diffuser des messages sonores informatifs.

Question Février 2023 : Casques à CONDUCTION OSSEUSE

Je me permets de vous écrire car je recherche depuis quelques mois des études scientifiques/médicales sur l’impact de l’utilisation des Systèmes de communication par conduction osseuse sur l’oreille interne. Actuellement, nous effectuons des tests de compatibilité entre diffèrent et dans des environnements industriels divers. Les agents qui font les tests trouvent le dispositif intéressant en couplant avec les bouchons moulés mais nous ( service acoustique et prévention) émettons des réserves sur le volume « reçu » directement dans le cerveau et le fait d’ « exciter » l’oreille interne sur de longue période en direct. À ce jour, je n’ai rien trouvé en terme de recommandation, contre-indication ou d’avis médical favorable. En France, l’INRS n’a pas eu le temps d’étudier la question. Est-ce que dans votre institut/groupement vous avez investigué sur le sujet ? Connaitriez-vous des personnes qui travaillent sur le sujet ?

ÉLÉMENT DE RÉPONSE :

Merci de votre très intéressante question. Je réalise effectivement qu’il y a peu de documentation de ce cas d’usage et/ou d’études connexes, alors que c’est une très pertinente utilisation. En même temps je dois dire que je ne suis pas forcément très inquiet par les éventuels dangers d’une telle approche. Après tout, les équivalences énergétiques des chemins de conduction solidiens (osseux) et aériens sont bien connus, couramment utilisés en milieu clinique (ici par les audiologistes lors des tests de seuils auditifs) et même normalisés (je pense à la norme ISO 8253-1). Bref, je ne verrais pas ce qui pourrait être risqué, en terme d’énergie, dans le fait de stimuler la par conduction osseuse, en autant que le stimuli est produit à des niveau raisonnables, comparables à ce qui pourrait être stimulé acoustiquement.

La seule contre-indication que je connais de l’utilisation de ces dispositifs à conduction osseuse pour la perception de la parole est -à moyen et long terme- un effet de plasticité neuro-cérébral faisant en sorte que l’utilisateur.rice devient meilleur à comprendre la parole par ce dispositif vibratoire et paradoxalement perd un peu de cette capacité (évalué par des tests d’intelligibilité) lors de communications traditionnelles (par conduction aérienne). Ce sont là des études peu connues qui ont été faites souvent par les forces armées (car les dispositifs osteosquelettiques sont utilisés aussi bien à l’émission qu’à la réception dans plusieurs corps d’armées) et je ne peux malheureusement ni les citer explicitement ni les partager. Mais peut-être pourriez-vous tenter d’y avoir accès ou lancer quelques recherches de rapports techniques émanant de ces groupes de recherche…

 

 


About theAuteur

Physicien de formation et acousticien par passion, le professeur Jérémie Voix cumule plus de 25 années d’expérience en lutte contre le bruit en milieu de travail. Il siège à l’Association canadienne de normalisation (CSA) et participe activement à l’écriture des dernières normes sur la protection auditive (Z94 et Z1007) et sur la mesure de l’exposition au bruit (Z107). Membre actif de l’American National Standard Institute (ANSI), il était responsable de la toute récente norme ANSI S12.71 sur les tests d’ajustements (“fit-test”) des protecteurs auditifs. Depuis 2018, il prend part également à l’initiative “Make Listening Safe” sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Titulaire de la chaire de recherche industrielle ÉTS-EERS en technologies intra-auriculaires (CRITIAS), il développe avec son équipe les futures générations de dispauditifs (“hearables”).