4 Ajustement et émission des PIBs

Elliott H. Berger et Jérémie Voix

Le plus important pour la protection de l’ouïe au sein du PPPA est l’ajustement et l’émission des PIBs. Ce sont souvent ces phases qui posent problème et pour lesquelles les programmes peuvent être insuffisants. Dans une enquête américaine menée au début des années 1980, on a constaté que 58% des personnes délivrant des PIBs dans les PPPAs industriels n’évaluaient jamais l’ajustement des PIB aux oreilles de leur porteurs, et même lorsque c’était le cas, 42% des gestionnaires des PIB (superviseurs, opérateurs de caisses à outils et commis au stock) n’avaient pas reçu de formation sur l’appareillage de protection auditive (Royster et Royster, 1984). Malheureusement, cette étude n’a pas été reproduite, donc il n’y a aucune preuve que la mise en pratique des programmes pour la conservation de l’ouïe se soit améliorée depuis; cependant, il est clair que l’évaluation de l’ajustement et des compétences des gestionnaires sont des questions clefs à aborder pour que les programmes réussissent.

Entraînement individuel et en groupe

Lors de la distribution d’un PIB, et quel que soit le type de protecteur distribué, il est préférable de réaliser l’ajustement du dispositif individuellement ou en petits groupes  d’au maximum 5 élèves pour 1 instructeur.  L’importance de cette étape et de cette configuration est primordiale car la compatibilité et l’ajustement des protecteurs doivent être validés pour chaque employé individuellement. L’audioprothésiste ne peut pas s’appuyer uniquement sur la formation en ligne interactive d’aujourd’hui pour mener à bien cette étape. Il faut également prendre en compte le fait que plus le groupe est petit, moins il est probable que les élèves soient  embarrassés au cours du processus d’ajustement. Il faut prévoir environ 7-10 minutes par employé. Un complément efficace à une telle formation est l’utilisation de systèmes d’essai d’ajustement, techniquement appelés systèmes d’estimation d’atténuation de champ (“Field Attenuation Estimation System” en anglais, dont l’acronyme FAES sera conservé pour la suite), comme discuté dans le chapitre dédié aux tests d’ajustement.

La formation PIB  en grand groupe est utile lorsqu’elle accompagne un travail individuel ou en petit groupe, mais pas lorsqu’elle le remplace. Travailler avec une classe nombreuse est un moyen approprié de faire passer un examen et un rappel pendant les formations annuelles  obligatoires, mais non suffisantes, dans tout programme de prévention de perte d’audition (Royster et Royster, 1985).

Les protecteurs auditifs sont généralement distribués dans des environnements calmes, loin de la zone de travail bruyante. Il s’agit principalement d’une question logistique et de commodité qui facilite la communication entre l’audioprothésiste et l’employé qui reçoit son protecteur . L’inconvénient de cette approche est que, dans des niveaux de bruit faibles (inoffensifs), le porteur ne peut pas mesurer les bénéfices de l’atténuation sonore fournie par les PIBs. Tester et ajuster ses PIBs dans un tel environnement revient à essayer d’évaluer des lunettes de soleil en les portant la nuit ou dans un magasin faiblement éclairé.

Lorsque du bruit est utilisé pendant le processus d’ajustement, l’employé peut l’écouter et s’en servir pour ajuster les PIBs et atteindre un minimum de bruit perçu. Les enregistrements de bruit à large bande ou de sons industriels typiques peuvent être émis à l’aide d’un lecteur audio portable. Si l’enregistrement pour une source de bruit particulière n’est pas disponible, l’hygiéniste doit faire un suivi auprès des employés dans leur environnement de travail afin de vérifier, dans les conditions d’utilisation, l’ajustement et l’adéquation des appareils distribués.

Examen initial de l’oreille et hygiène PIB

Avant de délivrer les PIBs, l’hygiéniste doit examiner visuellement l’oreille externe pour identifier les facteurs anatomiques qui pourraient interférer avec leur utilisation et leur bon fonctionnement ou pour vérifier l’absence de pathologies pouvant être aggravées par leur port. Si un problème est repéré, les PIBs ne doivent pas être portés avant une consultation professionnelle et l’obtention d’un traitement correctif ou que le problème suspect ait été jugé sans danger. Les signes suspects comprennent une sensibilité extrême, des rougeurs, des inflammations (à l’intérieur ou autour des oreilles), des plaies, des écoulements, des malformations congénitales ou chirurgicales de l’oreille.. Dans le cas particulier des Bouchons d’oreilles, il faut faire attention aux obstructions du Conduit auditif et / ou à la présence d’un bouchon de cérumen compacté ou d’un excès de cérumen. L’effet de ce dernier signe clinique  est cependant difficile à évaluer car peu de données sont disponibles au sujet de l’influence des bouchons d’oreilles sur la formation, l’accumulation et l’altération du cérumen.

Comme pour tous les vêtements et équipements qui entrent en contact régulier avec la peau et l’environnement de travail, il faut s’attacher à la propreté des PIBs. Les PIBs doivent être nettoyés régulièrement conformément aux instructions du fabricant et des précautions supplémentaires doivent être prises lorsque les employés travaillent avec des substances irritantes. Normalement, l’eau chaude et le savon sont recommandés comme agents nettoyants. Les solvants et les désinfectants à base d’alcool doivent être évités. Les bouchons d’oreille et les casques antibruit ne pouvant pas être nettoyés correctement ou lorsqu’ils ont perdu leur aspect et résilience d’origine.

Les bouchons d’oreille réutilisables (bouchons d’oreille pré-moulés, bouchons d’oreille moulés sur mesure) sans composante électronique doivent être lavés dans leur intégralité et séchés soigneusement avant d’être rangés dans leur étui de transport. Idéalement, les employés devraient nettoyer régulièrement leurs bouchons d’oreille, mais dans la pratique, il suffit de les nettoyer deux à trois fois par semaine. Certains bouchons d’oreille en mousse peuvent également être lavés et réutilisés un certain nombre de fois  selon les recommandations du fabricant. Les Coussinets de casque antibruit doivent être périodiquement essuyés ou lavés. Leurs doublures en mousse peuvent également être enlevées pour le lavage, mais doivent être placées avant l’utilisation puisqu’elles impactent l’atténuation.

Toutefois, mettre l’accent sur l’hygiène au-delà des limites pratiques peut compromettre la crédibilité de l’émetteur / hygiéniste PIB. Il est souvent difficile de convaincre les employés de remplacer ou de réparer les PIB usés ou au  moins de les nettoyer régulièrement. Malgré tout, les informations fournies par les autorités dans le domaine de l’audiologie et des PPPAs, ainsi que les données épidémiologiques disponibles, suggèrent qu’il existe un probabilité minime sur la prévalence des infections de l’oreille externe dues au port de PIBs (Berger, 1985; Gasaway, 1985; Royster et Royster, 1984).

Si une irritation ou infection de l’oreille est rapportée, son étendue exacte et son étiologie doivent être étudiées par un professionnel de santé qualifié pour déterminer si le PIB est à l’origine du problème ou s’ il existe une autre cause majeure. Ces causes comprennent le nettoyage excessif de l’oreille, les sports aquatiques, les nettoyages d’oreille répétés avec les ongles ou autres objets dans les oreilles, les contaminants environnementaux et les troubles de santé  tels que le stress, l’anémie, les carences en vitamines, les troubles endocriniens et diverses dermatites (Caruso et Meyerhoff, 1980). Lorsque les PIBs sont effectivement en cause, c’est souvent suite à la contamination des bouchons d’oreille, ou casque anti-bruit, par des substances corrosives et irritantes.  Il est également possible que les PIBs soient incrustés par des matières coupantes ou abrasives.  Dans un cas signalé de contamination des bouchons d’oreilles (Royster et Royster, 1985), des pratiques d’hygiène plus rigoureuses combinées à l’utilisation de bouchons d’oreille avec cordon pour permettre le retrait sans toucher le protecteur, ont éliminé le problème.

Si des problèmes d’oreille externe se développent, il est important de déterminer s’ils se limitent à un département, une opération ou un poste de travail particulier, à une ou plusieurs marques ou types de PIBs, à un changement des PIBs utilisés, à un moment donné de l’année, ou s’ils sont peuvent être dus  à d’autres politiques ou procédures qui auraient été  modifiées dans l’environnement de travail. Cela permettra une approche raisonnée et aidera à éviter une réaction excessive qui pourrait compromettre le PPPA sans nécessairement résoudre le problème en question.

Conseils pour l’ajustement des protecteurs auditifs

La mise en place et l’ajustement de protecteurs auditifs requièrent une approche pratique et une étroite collaboration avec les individus afin d’intégrer les commentaires des utilisateurs, et en même temps, pour transmettre des idées, des techniques et une assistance physique directe. Pour tous les PIBs, même les casques-antibruit et les bouchons d’oreille « taille unique », il est nécessaire que l’hygiéniste industriel évalue individuellement sur chaque personne qu’il y a bien étanchéité acoustique avec l’appareil en question. Au cours des dernières années, plusieurs systèmes ont été développés et commercialisés pour évaluer l’étanchéité acoustique, ou « ajustement », d’un PIB donné ce qui permet  d’estimer davantage l’atténuation fournie par le PIB lors de son port par l’individu (voir le chapitre Procédures de mesure d’atténuation de champ). En outre, il faut du temps pour s’habituer à des protecteurs auditifs, en particulier à la sensation physique et à la perception acoustique. Le confort est perçu différemment avec le temps, une période d’adaptation est donc recommandée pour les nouveaux porteurs, en particulier dans le cas des bouchons d’oreille. Il faut jusqu’à une semaine avant de s’adapter  au port des protecteurs auditifs et avant de commencer à reconnaître et à apprécier leurs avantages acoustiques et autres. La distribution de PIBs et la formation qui s’en suit doivent également inclure des instructions sur la nécessité de réinstaller périodiquement les appareils tout au long du poste de travail s’ils sont cassés ou ne sont plus correctement ajustés, en notant le type et la taille du produit installé sur chaque oreille, ainsi que les instructions sur la manière d’obtenir les PIB de remplacement, ou certaines de leurs pièces, et sur l’emplacement où les récupérer.Des instructions sur les dangers des modifications des PIBs par l’utilisateur (voir le chapitre Sabotage), et la documentation de la formation sont également nécessaires. Il est important que si des dispositifs de taille particulière ont été initialement offerts, ajustés et utilisés par l’utilisateur, le même type de dispositif avec la même taille soit de nouveau fourni à l’utilisateur en cas de perte ou d’usure de ses protecteurs. Si un utilisateur trouve un dispositif inconfortable, un autre PIB doit être fourni. Lorsqu’un dispositif d’une autre marque ou d’un autre type est demandé, ou lorsque l’utilisateur a besoin d’un réajustement , l’hygiéniste industriel doit être consulté pour assister et valider la sélection des nouveaux PIBs et le réajustement.

Lors de l’ajustement des protecteurs auditifs, outre le besoin évident d’échantillons pour chaque type et taille de PIBs utilisés dans l’établissement, ainsi que celui de nettoyant et/ou désinfectant, serviettes et chiffons, il sera pratique de disposer des éléments suivants: (1) un otoscope, une lampe-stylo ou une lampe de diagnostic (lampe-stylo avec une pointe de plexiglas pour diriger le faisceau) pour visualiser les régions auriculaires et circumaurales, et du canal auditif jusqu’à la profondeur à laquelle le bouchon sera inséré, (2) des pince à embouts arrondis permettant le retrait  des bouchons d’oreille insérés trop profondément, et (3) un outil de calibrage de l’oreille[1] pour aider à la distribution de bouchons d’oreille de taille appropriée.

Utiliser l’effet d’occlusion comme astuce pour l’ajustement

L’occlusion du Conduit auditif et l’étanchéité acoustique dans l’oreille avec un casque antibruit ou un bouchon d’oreille augmentent l’efficacité de la conduction osseuse des sons de fréquence inférieures à 2 kHz vers l’oreille interne. Appelé effet d’occlusion,cet effet engendre, chez les porteurs de PIBs, une modification de la perception de la voix et d’autres sons ou vibrations générés par le corps, tels que la respiration, la mastication, la marche, etc. (Berger et Kerivan, 1983; Stenfelt et Reinfeldt, 2007). De tous les conseils pour l’ajustement des PIBs, utiliser l’écoute de l’effet d’occlusion est le conseil le plus applicable, car il se met en place  avec presque tous les types de protecteurs auditifs.

Concept clé

Pour faire l’expérience de  l’effet d’occlusion, commencez par lire cette phrase à haute voix, puis boucher vos oreilles à l’aide de vos doigts et notez le changement dans le son de votre voix – sa plénitude supplémentaire ou sa bassesse résonnante. La qualité de la voix peut également être décrite comme plus profonde, creuse et étouffée.

L’effet d’occlusion peut être utilisé comme test d’ajustement pour les bouchons d’oreille ou les cache-oreilles en demandant au porteur de prononcer des mots contenants des consonnes occlusives (“papa”, “bobo”, etc.) tout en écoutant le changement de qualité de la voix décrit dans le concept clé ci-dessus. Repérer ces changements permet de garantir  une bonne étanchéité acoustique par la présence de l’effet. Avec des bouchons d’oreille, une approche alternative consiste à parler avec seulement une oreille correctement ajustée. La voix  entendue ou perçue dans l’oreille occluse devrait être plus forte. Si ce n’est pas le cas, le bouchon d’oreille doit être remis en place ou redimensionné. Lorsque la deuxième oreille a été ajustée correctement, l’effet doit être le même dans les deux oreilles, ce qui fait entendre la voix comme si elle émanait du centre de la tête.

Certains auditeurs sont incapables d’entendre des différences entre leurs deux oreilles quand il s’agit de repérer l’effet d’occlusion, mais la plupart peuvent entendre un changement dans le son global de leur voix une fois les deux oreilles scellées.Une autre façon, plus efficace pour certains individus, de provoquer un effet d’occlusion  consiste à bourdonner (le test de bourdonnement). C’est un bon moyen de créer des sons de hauteur variable et de niveau constant qui peuvent être utilisés plus facilement lors de l’écoute de l’effet d’occlusion pour le réglage du PIB.

Il faut également mettre en garde contre l’effet d’occlusion. Bien que ce soit une bonne façon de tester l’ajustement des PIBs, sa présence est souvent citée comme une caractéristique désagréable du port de la protection auditive. Comme le montre la figure 10, l’effet est maximal lorsque le canal auditif est recouvert à son entrée, par exemple avec un dispositif semi-inséré. L’effet diminue à mesure que les bouchons d’oreilles sont insérés plus profondément ou avec l’utilisation de cache-oreilles, et se fait d’autant moins ressentir que le volume de la Coquille est élevé.

Figure 10 : Variation de l’effet d’occlusion en fonction de l’ajustement et le type de protection auditive. L’effet est minimisé par le port de bouchons d’oreille profondément insérés (côté gauche du graphique), il augmente à mesure que le bouchon d’oreille est retiré du conduit auditif. Son amplitude atteint un maximum lorsque le conduit auditif est recouvert par un dispositif semi-inséré ou lorsque le pavillon de l’oreille est couvert par un dispositif supra-aural, tel qu’un écouteur d’audiométrie (partie centrale du graphique). Finalement, l’effet diminue lorsque l’oreille est entourée d’un casque antibruit et continue à décliner à mesure que le volume de la coquille augmente (côté droit du graphique).

Conseils d’adaptation pour bouchons d’oreille

Lors de la distribution des bouchons d’oreille, l’hygiéniste industriel doit insérer et mettre un place au moins l’un des bouchons d’oreille dans l’oreille de l’employé afin qu’il/elle puisse apprécier la sensation d’un dispositif correctement installé. Ceci est particulièrement important en raison de la réticence des utilisateurs les plus novices à insérer un dispositif, quel qu’il soit,  en profondeur dans leurs conduits auditifs. Avec un bouchon d’oreille correctement inséré, la personne a alors un exemple à suivre. L’hygiéniste industriel peut/doit maintenant demander à l’utilisateur d’insérer l’autre bouchon d’oreille jusqu’à ce qu’il ressente la même sensation, et entende de la même manière, au niveau des deux oreilles. Il faut ensuite vérifier le bon ajustement dans chaque oreille. Une fois que les deux bouchons d’oreille ont été correctement insérés, l’employé peut les enlever, puis les réinsérer pour s’entraîner et s’assurer de la bonne compréhension du processus. Quel que soit le type de bouchons d’oreille, à l’exception peut-être des bouchons d’oreille personnalisés, l’insertion est généralement plus facile et plus efficace si l’oreille externe est tirée vers l’extérieur et vers le haut, comme illustré à la figure 11. Le pavillon est saisi en passant la main opposée derrière ou au-dessus de la tête. Tirer sur le pavillon offre une plus grande ouverture du Conduit auditif, comme illustré à la figure 12. Les bouchons d’oreille doivent être insérés dans l’oreille droite en utilisant la main droite et dans l’oreille gauche avec la main gauche. Cela permet une meilleure approche qui garantit une insertion correcte du Bouchon d’oreille dans le conduit.

Figure 11 : Le « pinna pull », une méthode pour tirer le pavillon vers l’extérieur et vers le haut tout en insérant un bouchon d’oreille.

Concept clé

Technique de traction du pavillon: Commencez par saisir fermement le pavillon de l’oreille entre le pouce et l’index pour pouvoir l’écarter de la tête en tirant vers le haut et vers l’extérieur. Si de la résistance est ressentie lors de l’insertion du Bouchon d’oreille, essayez de tirer le pavillon dans des directions différentes tout en continuant à insérer le bouchon d’oreille. Cette technique permet souvent de trouver la direction « correcte » pour que le bouchon d’oreille glisse plus facilement.

L’hygiéniste industriel doit déterminer la meilleure direction dans laquelle tirer le pavillon pour accéder au conduit et maximiser son ouverture. Une petite source de lumière focalisée telle qu’une lampe-stylo ou une lampe d’oreille est utile à cet égard. Simplement presser le pavillon sur le côté du crâne est presque toujours inefficace. Il faut démontrer la technique correcte en guidant la main de l’utilisateur afin qu’il  tire son pavillon de manière appropriée. Lors de la familiarisation avec le produit, tous les utilisateurs devraient apprendre à utiliser la technique de traction du pavillon pour savoir comment ajuster au mieux leurs bouchons d’oreille. Avec le temps et l’expérience, certains pourraient ne plus avoir besoin de le faire.

Figure 12 : L’effet minimal sur la lumière (ouverture) du canal dû à la pression du pavillon contre le crâne (à gauche) par rapport à l’agrandissement obtenu en tirant vers l’extérieur et vers le haut (à droite) lors de la technique de traction du pavillon.

Les employés peuvent également avoir besoin d’aide pour trouver la meilleure manière de “diriger” et d’insérer correctement les Bouchons d’oreilles  dans leur conduit respectif. Bien que ce soit habituellement en dirigeant vers l’avant et légèrement vers le haut, cette recommandation peut varier considérablement en fonction des personnes. Dans certains cas, il se peut même qu’il faille diriger le bouchon vers l’arrière du crâne pour qu’il soit correctement ajusté.  Il y a peu de risque de blesser le tympan pendant l’insertion, car la sensibilité de l’oreille à la pression ou à la douleur augmente de manière significative à l’approche du tympan. L’inconfort ressenti en touchant ces parties plus profondes du Conduit auditif avertira l’utilisateur d’arrêter de pousser le bouchon d’oreille avant qu’un problème puisse survenir.

Une fois les Bouchons d’oreilles ajustés, l’atténuation sonore peut être testée subjectivement en écoutant un bruit régulier et en pressant fermement les mains sur les oreilles, avec les paumes, les poignets vers l’avant et les doigts vers l’arrière (le test d’intensité sonore). Avec des bouchons d’oreille bien ajustés, les niveaux de bruit devraient sembler à peu près les mêmes, que les oreilles soient couvertes par les mains ou non. Inversement, si l’utilisateur casse l’étanchéité acoustique offerte par l’un des deux bouchons d’oreille, il convient de noter une augmentation marquée du niveau de bruit perçu. Si ce n’est pas le cas, il est probable que les protections étaient mal ajustées avant la tentative de rupture de l’étanchéité acoustique

Tests préconisés pour vérifier l’ajustement des bouchons d’oreille : Bien que plusieurs tests soient  décrits dans ce chapitre, à savoir « l’effet d’occlusion », « l’essai de traction », « l’essai de pompe » et le « test d’intensité sonore », le test recommandé pour vérifier qu’une protection est bien ajustée se base sur l’utilisation de systèmes  pour Test d’ajustement, techniquement appelés systèmes d’estimation de l’atténuation des champs (FAES), comme indiqué au chapitre sur les tests d’ajustement. Le test FAES permet d’évaluer l’étanchéité acoustique ou l’ajustement d’un  PIB donné. Il permet également d’estimer l’atténuation fournie par le PIB sélectionné sur un individu.

Lors de la distribution de bouchons d’oreille, les hygiénistes industriels pourront se rendre compte que les gens sont très préoccupés par la propreté de leur Conduit auditif. Si le cérumen adhère ou recouvre les exemplaires de bouchons d’oreilles, les porteurs peuvent se sentir gênés. Il faut donc leur assurer que les bouchons d’oreilles pénètrent plus profondément dans leurs oreilles que ce qu’ils peuvent, ou devraient, normalement atteindre lorsqu’ils nettoient leurs oreilles. De plus, une certaine quantité de cérumen est nécessaire pour fournir une barrière protectrice et émolliente pour l’oreille. Le cérumen permet en fait d’offrir une lubrification qui facilite et améliore l’insertion des bouchons d’oreille.

Enfin, les utilisateurs doivent être avertis que les bouchons d’oreille peuvent se déplacer lors du port et doivent être réinstallés. Des études ont démontré cet effet pour la plupart des bouchons d’oreille (Nélisse et al., 2011; Kusy et Chatillon, 2012; Le Cocq et Voix, 2014), bien que ceux  en mousse semblent y être moins sujets (Abel et Rokas, 1986; Berger, 1981).

Conseils d’adaptation pour bouchons d’oreille en Mousse à comprimer

Ces bouchons d’oreilles en mousse sont compressés avant l’insertion en les roulant dans un mince cylindre sans pli. Le cylindre doit avoir un diamètre aussi petit que possible, pour que les bouchons soient aussi comprimés que possible. Le laminage sans pli est obtenu en pressant légèrement lorsque l’on commence à rouler le bouchon dans le cylindre, puis en appliquant une pression progressivement plus grande lorsque le bouchon d’oreille devient plus étroitement comprimé dans le cylindre. Il faut s’assurer de rouler, et non de tordre le bouchon d’oreille dans un cylindre plutôt que dans  d’autres formes, qu’elles soient coniques ou sphériques. Parfois les utilisateurs aplatissent leurs bouchons d’oreille comme des disques puis ils les insèrent latéralement dans leur Conduit auditif. Certains, après les avoir aplatis et après avoir écrasé leur bout, les poussent dans le Conduit auditif sans essayer de les rouler. De telles mauvaises utilisations sont faciles à détecter, et souvent, une fois corrigées, l’utilisateur a une bien meilleure expérience, puisqu’ il obtient un meilleur ajustement.

Après insertion, il n’est pas nécessaire de maintenir les bouchons d’oreille en mousse dans le conduit pendant qu’ils se dilatent. Les bouchons d’oreilles en mousse correctement insérés ne suivent pas la tendance observée avec des bouchons d’oreille insérés peu profondément (Berger, 2012).

Contrairement à d’autres types de bouchons d’oreille, les bouchons d’oreilles en mousse ne doivent pas être réajustés lorsqu’ils sont dans l’oreille. Si l’ajustement initial n’est pas convenable, ils doivent être enlevés, roulés à nouveau et réinsérés correctement. De plus, un effet d’occlusion important ne signifie généralement pas un ajustement optimal dans le cas des bouchons d’oreille en mousse puisque l’effet est maximisé lorsqu’ils pénètrent à peine dans le conduit ou bloquent le canal en superficie (voir figure 10). En effet, plus l’insertion est profonde (ce qui est généralement associé à un confort amélioré pour les bouchons d’oreille en mousse), meilleurs seront l’ajustement et l’atténuation, et moins l’effet d’occlusion sera perceptible et gênant.

La méthode la plus simple, mais la moins précise, pour évaluer l’ajustement de bouchons d’oreille en mousse, est de vérifier visuellement (pour l’hygiéniste industriel) ou avec le bout des doigts (pour le porteur) la position de l’extrémité du bouchon par rapport au tragus et au pavillon d’oreille (voir la figure 13). Si l’extrémité extérieure du bouchon d’oreille affleure ou se trouve légèrement sous le tragus, cela indique généralement qu’au moins la moitié du bouchon d’oreille se trouve dans le canal et que l’ajustement est correct. Si la plupart des bouchons d’oreilles dépassent le tragus et sortent de la Conque, l’insertion est probablement trop superficielle. Étant donné que les grandes différences de distances entre tragus et Conduit auditif en fonction des utilisateurs, ainsi que les variations significatives de dimension des bouchons d’oreille en mousse en fonction des marques ou modèles, cette vérification est seulement un guide approximatif.

Figure 13 : Illustration d’un ajustement correct (à gauche) et incorrect d’un bouchon en mousse (à droite). [LG Proper=correct; Improper: incorrect]

Un autre test que le porteur ou l’hygiéniste peut effectuer consiste à retirer un bouchon d’oreille après qu’il se soit dilaté dans l’oreille pendant environ une minute. Si il était bien ajusté, il devrait être exempt de plis et froissements, et la partie partiellement comprimée du bouchon indiquera si au moins la moitié de celui-ci s’étendait bien dans le Conduit auditif et s’il a effectivement permis l’étanchéité acoustique  (voir la figure 14). Ce test est utile pour des conduits auditifs plutôt moyens ou petits, leurs dimensions plus petites permettant de faire une meilleure prise de forme du Bouchon d’oreille.  Dans les conduits plus grands, l’impression du Conduit auditif sur le bouchon d’oreille sera moins marquée lors de son retrait, mais en raison de sa plus grande lumière, l’insertion est normalement plus facile et nécessite moins d’être vérifiée.

Figure 14 : Comment « lire » un bouchon d’oreille en mousse après son retrait d’un conduit auriculaire dans lequel on l’a laissé s’expandre pendant environ une minute. Principalement utile pour les conduits auditifs moyens et petits. L’exemple montre une bonne insertion dans laquelle environ la moitié de la fiche est comprimée dans la forme du conduit auditif sans plis ni froissements évidents.

Conseils d’adaptation pour bouchons prémoulés

Lors de l’insertion initiale des bouchons d’oreille prémoulés, l’hygiéniste  devrait être capable de détecter facilement les erreurs grossières dans le dimensionnement du bouchon. Des jauges de mesure de conduits auditifs sont disponibles chez certains fabricants pour faciliter le processus de mise en place. Les bouchons d’oreilles qui sont trop petits auront tendance à glisser dans le canal sans aucune résistance, leur profondeur d’insertion étant limitée seulement par le doigt du monteur et non par le bouchon d’oreille lui-même. Les bouchons d’oreille trop grands n’iront pas du tout dans le canal, ou ne pénétreront pas assez loin pour permettre le contact de leurs plus grandes brides, qui sont les plus à l’extérieur, avec la Conque (voir la figure 15). Cependant, avec certains bouchons d’oreille à multiples brides prémoulés, il n’est pas nécessaire que la bride la plus à l’extérieur scelle l’oreille pour obtenir un ajustement approprié, notamment pour ceux qui ont des conduits auditifs de petite à très petite taille (voir la figure 16). La lubrification, fournie par exemple grâce à l’eau du robinet, ou même provenant du cérumen de l’utilisateur une fois que le bouchon d’oreille a été installé dans le Conduit auditif pendant une courte période, peut faciliter l’insertion d’un bouchon prémoulé, surtout en attendant  que le porteur sache insérer correctement et efficacement le protecteur.

Figure 15 : Exemples de différentes insertions de 2 bouchons de taille différentes sur une même oreille: (à gauche) bouchon d’oreille correctement inséré avec l’aillette extérieure à l’entrée du conduit auditif, (à droite) pas suffisamment inséré et/ou surdimensionné.

Le dimensionnement correct et l’ajustement des bouchons prémoulés exigent habituellement qu’un compromis soit trouvé entre l’atténuation et le confort. Cela doit être accompli avec soin et compétence. Un bouchon d’oreille bien placé et qui semble entrer en contact avec les parois intérieures du canal sans étirer sensiblement les tissus est d’une taille idéale pour se familiariser avec le port de telles protections. Quand la dimension du Conduit auditif se situe entre deux tailles, le bouchon d’oreille de plus grande taille n’est pas nécessairement le meilleur à choisir. En effet même s’ il peut fournir a priori plus d’atténuation, lorsque  le bouchon d’oreille n’est pas porté de la bonne manière ou n’est pas utilisé correctement en raison de l’inconfort qu’il procure, l’efficacité de la protection obtenue  peut être inférieure à celle qui aurait été atteinte si la plus petite taille, la plus confortable, avait été choisie.

Figure 16 : Exemples d’ajustement d’un bouchon de même taille pour trois oreilles différentes : à gauche, l’aillette extérieure n’entre pas dans le petit conduit; au centre, l’aillette extérieure entre bien dans le conduit de taille moyenne; à droite, l’aillette extérieure entre trop profondément dans le conduit de grande taille.

Un bouchon d’oreille prémoulé correctement inséré créera généralement une sensation d’oreille bouchée provoquée par l’étanchéité pneumatique offerte par ce type de protection. Lorsqu’il y a bien une bonne étanchéité, une résistance doit être ressentie lorsque le porteur tente de retirer le bouchon d’oreille du Conduit auditif, un peu comme  retirer un bouchon en caoutchouc d’une bouteille en verre (le “tug test”). L’étanchéité peut être testée en amont, sans avoir à le rompre, en poussant et tirant doucement le bouchon d’avant en arrière du Conduit auditif. Lorsqu’il y a bien étanchéité, ce mouvement de pompage provoque des changements de pression dans l’oreille que l’utilisateur est en mesure de détecter (test de la pompe). L’étanchéité à l’air, existante lorsque les bouchons d’oreille prémoulés sont correctement insérés, provoque un ressenti d’aspiration lors du retrait rapide des protections. Cela peut être inconfortable, douloureux, voire même potentiellement nocif pour l’oreille. Il est donc nécessaire de montrer aux porteurs comment retirer leurs bouchons lentement, en brisant l’étanchéité par une légère torsion du bouchon. D’autre part, il faut informer les collègues du porteur qu’ils ne doivent en aucun cas lui retirer des oreilles ses bouchons, que ce soit pour plaisanter  ou pour d’autres raisons plus sérieuses.

Conseils d’adaptation pour bouchons d’oreille en mousse prémoulés à tige

Comme les bouchons d’oreilles en mousse prémoulés à tige  sont généralement de taille unique, le calibrage à l’oreille n’est pas nécessaire et les embouts pour les bouchons d’oreille prémoulés peuvent être utilisés. Compte tenu de la souplesse du bouchon d’oreille en mousse, la technique du pinna-pull est particulièrement utile. Toutefois, comme pour les autres types de bouchons, si le Conduit auditif est large ou droit,il n’est plus nécessaire d’utiliser cette technique, en particulier une fois la technique d’insertion correctement maîtrisée.  Pour ce type de bouchons d’oreille avec tige, une torsion peut faciliter l’insertion.

Conseils d’adaptation pour les bouchons d’oreille malléables

Les bouchons d’oreilles malléables, comme le silicone, sont insérés correctement en les façonnant en forme de sphère puis en les positionnant dans l’entrée de l’oreille tout en tirant le pavillon d’abord dans un sens puis dans un autre. Former le bouchon en cône dans un souci de meilleure insertion dans le conduit ne présente pas d’intérêt: le matériau manque d’élasticité et ne se détend pas de façon à remplir le Conduit auditif et à créer l’étanchéité acoustique. De plus, les fabricants de ces produits déconseillent d’enlever de la matière aux bouchons d’oreille pré dimensionnés puisque cela pourrait aboutir à un Bouchon d’oreille trop petit, qui s’insérerait trop profondément dans le conduit et se retirerait difficilement.

Conseils d’adaptation pour bouchon d’oreille moulés sur mesure

Les bouchons d’oreille moulés sur mesure sont généralement livrés dans une pochette de transport qui comprend un tube de lubrifiant. Le lubrifiant est généralement une gelée de pétrole (vaseline) et doit être appliquée sur les bouchons d’oreille pendant leur période initiale d’utilisation. Le lubrifiant rend les bouchons d’oreille plus faciles à insérer et adoucit également la surface du bouchon d’oreille, améliorant ainsi le confort. Il est possible d’arrêter d’appliquer du lubrifiant après qu’il ait été utilisé une dizaine de fois:le matériau de surface a alors suffisamment absorbé le lubrifiant et peut être facilement inséré jusqu’au prochain nettoyage du bouchon.

Des bouchons d’oreille moulés sur mesure sont insérés en plaçant initialement dans le Conduit auditif la partie correspondante  et en tournant le bouchon d’oreille vers l’avant d’un quart de tour. Le bouchon d’oreille doit être tordu  en faisant pivoter sa partie supérieure vers l’arrière de sorte que l’autre extrémité du bouchon d’oreille glisse dans le Conduit auditif et le reste du bouchon se dépose dans la Conque du pavillon. Assurez-vous que la partie correspondante, si incluse, se positionne correctement avec l’hélice (voir la figure 2 pour les caractéristiques anatomiques de l’oreille). Cette technique est différente de la façon dont les autres bouchons d’oreille sont insérés et adopter la technique de « traction du pavillon » n’est pas forcément nécessaire, quoique parfois utile. Bien qu’il faille généralement compter moins d’une demi-douzaine d’utilisations pour que le porteur sache insérer correctement ses bouchons d’oreille moulés sur mesure, la courbe d’apprentissage sera plus courte si les ajustements et insertions se font en présence de bruit (Voix et al., 2005).

Pour éviter de provoquer un appel d’air dans le Conduit auditif qui pourrait endommager le tympan, les bouchons d’oreille moulés sur mesure ne doivent jamais être enlevés en les retirant rapidement hors du conduit, même tout en soulevant le pavillon. Ils doivent être enlevés grâce à un mouvement de torsion  de sens opposé à celui utilisé pour l’insertion: il faut tourner la partie supérieure vers l’avant de sorte que les portions en contact avec l’hélice et la Conque soient retirées avant celle du conduit.

Conseils d’adaptation pour les Bouchons semi-insérés

Les bouchons d’oreille semi- insérés sont généralement simplement mis en place en les poussant dans l’entrée de l’oreille, bien que les détails varient pour chaque produit. Par exemple, un modèle nécessite de rouler et d’étirer les embouts avant l’insertion; pour un autre, il est conseillé de tirer sur le pavillon, et certains ont des orientations spécifiques (gauche / droite, haut / bas) qui doivent être prises en compte pour fournir une véritable protection . L’effet d’occlusion, qui est particulièrement perceptible pour ce type de produit (voir figure 10), et les tests d’intensité sonore sont les meilleures méthodes pour vérifier l’ajustement de ces dispositifs.

Un inconvénient fréquemment remarqué avec les bouchons  semi-insérés est que lorsque l’arceau est frotté ou tapé, un son désagréable est entendu dans les oreilles. Ce phénomène est surtout notable dans les environnements peu bruyants. La meilleure solution est d’orienter soigneusement l’arceau tel qu’il soit protégé au maximum des contacts et des frottements. Cependant, la position la plus couramment adoptée lors du port de ces dispositifs est avec l’arceau derrière le cou ou sous le menton.

Conseils de montage pour les serre-têtes antibruits

Contrairement à la croyance populaire, les serre-têtes antibruit ne sont pas des dispositifs universels. Le serre-tête peut ne pas s’étirer ou ne pas se resserrer suffisamment pour s’adapter à toutes les tailles de tête, et les Coquilles peuvent ne pas être assez grandes pour contenir  certains types d’oreilles. Les contours dans les zones circumaurales de la tête du porteur peuvent être si irréguliers que les coussins peuvent ne pas se positionner correctement et ainsi ne pas fournir une bonne étanchéité acoustique. Bien que les serre-têtes antibruit soient généralement plus faciles à ajuster que les bouchons d’oreilles, ils doivent de la même manière être distribués individuellement, et leur ajustement doit être vérifié, pour faire connaître les caractéristiques du dispositif et s’assurer que les Coquilles sont compatibles avec l’anatomie du porteur.

Il faut faire comprendre aux utilisateurs l’importance d’obtenir la meilleure étanchéité possible entre les coussins et le côté de la tête. Il est nécessaire d’informer l’employé dans le cas où son dispositif a une orientation préférentielle, soit gauche/droite ou haut/bas. Ensuite, il faut placer le serre-tête sur la tête du porteur et s’assurer que les Coquilles sont bien entourées et centrées autour des pinnas sans pour autant  reposer dessus. Le serre-tête doit ensuite être réglé de manière à ce qu’il repose confortablement sur la tête et à ce que les coussins exercent une pression à peu près égale en tout point de la Coquille et que le porteur ressente cette pression uniformément autour de ses oreilles. Les casquettes et autres équipements portés sur la tête ne doivent pas interférer avec l’étanchéité acoustique créée, et les cheveux longs doivent être tirés vers l’arrière de façon à ne pas se retrouver sous les coussins.

La performance du Serre-tête antibruit baisse dès que l’étanchéité entre les coussins et la zone circum aurale est dégradée. Elle peut l’être notamment en présence  d’autres équipements de protection individuelle tels que lunettes, masques, écran de protection et cagoules, ainsi que d’autres accessoires portés sur la tête ou les oreilles tels que les boucles d’oreilles, parures d’oreilles, les charlottes, bandanas, les cagoules et les casquettes de baseball, etc. Les branches des lunettes doivent être placées au maximum contre le crâne et être les plus minces possible pour minimiser l’impact qu’elles auront sur l’étanchéité acoustique offerte par le Serre-tête antibruit.  La perte d’atténuation provoquée au niveau des tempes, avec des coussins en bon état, est normalement de 2 à 4 dB dans toute bande de 1/3 d’octave (OB), mais elle peut atteindre jusqu’à 7 dB. Les effets sur le NRR peuvent être plus importants puisque la variabilité, également incluse dans le calcul NRR, augmente également.

L’effet varie énormément en fonction des serre-têtes antibruit. L’ajustement et le style des lunettes influent également les pertes d’atténuation étant réduites par des lunettes aux branches plus fines et ajustées tout près des tempes. Des données représentatives sont tracées sur la figure 17. pour les lunettes et sur la figure 18. pour une cagoule de protection portée sous les Coquilles d’oreilles commerciales. Les effets des capuches de sweat-shirt, également souvent portés sous les Serre-tête antibruit, peuvent être encore plus importants (Wells et al., 2013). D’autres données concernant les effets des lunettes sur l’atténuation ont également été rapportées dans la littérature (Royster et al., 1996).

Figure 17 : Effets des lunettes de protection avec des branches fines et d’épaisseur standard sur l’atténuation d’un serre-tête antibruit à volume moyen avec des coussins en mousse, montrant une perte d’atténuation globale de respectivement 2 et 9 dB.
Figure 18 : Effets de la cagoule Tyvek® sur l’atténuation d’une paire de cache-oreilles à volume moyen avec des coussins en mousse, montrant une perte d’atténuation globale de 6 dB.

Porter des lunettes et un Serre-tête antibruit simultanément peut être parfois inconfortable, les Coquilles pressant les branches des lunettes contre les tempes. La pression peut être soulagée en installant des coussins de mousse sur les branches, mais cette augmentation du confort peut se faire au détriment de l’atténuation. En outre, ces coussins ne sont d’aucun effet  pour réduire les fuites acoustiques causées par des branches trop longues qui cassent l’étanchéité entre le coussin et la tête, derrière l’oreille. Cependant, l’utilisation de coussins à mettre sur les branches devrait toujours être proposée, puisqu’un meilleur confort peut permettre de motiver certains employés à porter leurs PIBs.

La protection offerte par un Serre-tête antibruit peut être vérifiée en demandant aux porteurs d’écouter avec alors qu ‘ils sont dans leur  environnement de travail bruyant. Les employés devraient être en mesure de détecter une différence considérable dans le niveau de bruit apparent en soulevant une Coquille, rompant ainsi  l’étanchéité acoustique,  puis l’autre (similaire au test d’intensité sonore pour les bouchons d’oreille). Si ce n’est pas le cas, les Oreillettes sont soit mal ajustées sur les oreilles, soit en mauvais état, soit le bruit dans lequel le porteur travaille est dominé par des sons de basse fréquence pour lesquels les serre-têtes antibruits offrent généralement moins de protection. Cependant, la plupart des utilisateurs seront incapables d’utiliser efficacement ce test pour détecter de faibles, voire modestes, problèmes d’adaptation.  Un cache-oreille légèrement défectueux offre généralement suffisamment de réduction de bruit pour se distinguer clairement de la condition de non-atténuation (c.-à-d., Coquille relevée), et trompent ainsi le porteur en lui faisant croire qu’il est bien ajusté. Comme recommandé dans le cas des  bouchons d’oreille, les systèmes de test sur site peuvent fournir des indications supplémentaires pour obtenir le meilleur ajustement (voir le chapitre Procédures de mesure d’atténuation de laboratoire ainsi que le chapitre sur les tests d’ajustement).

Sabotage des PIBs

Un aspect important de la mise à disposition des PIBs est d’alerter les utilisateurs que si les appareils sont inconfortables ou défectueux, ils doivent être retournés à la personne contact du programme de prévention des pertes auditives pour le réajustement, le redimensionnement, le remplacement ou la distribution d’autres dispositifs. Les superviseurs devraient également être alertés. Les porteurs ne doivent pas eux-mêmes apporter de modifications  aux PIBs, car, quand c’est le cas, il risque d’y avoir une diminution de l’atténuation (Gasaway, 1984; Royster et Royster, 1985). Beaucoup de personnes ne se rendent pas compte  des effets de la dégradation de leur dispositif de protection; d’autres, si, mais ils ne comprennent pas comment cela peut leur faire perdre l’audition lors d’une exposition excessive au bruit.

Des exemples de modifications apportés par des employés sont cités ensuite: couper les bouchons d’oreille en mousse dans la longueur ou au niveau du diamètre pour tromper le superviseur sur la bonne insertion des bouchons, en enlevant en perçant les trous dans le corps des bouchons d’oreilles prémoulés ou en en enlevant des partie soulager la pression et augmenter le confort, tailler ou éliminer la partie en contact avec le conduit des Bouchons d’oreilles personnalisés pour un ajustement plus lâche, étirer les arceau au niveau de la tête ou du cou sur les Bouchons semi-insérés ou les casques anti-bruit, avec une réduction conséquente de la pression appliquée et de l’atténuation; percer des trous dans les Coquilles pour favoriser la ventilation et évacuer  la transpiration. Dans certains cas, cette dernière pratique a été si extrême qu’elle comprenait la personnalisation de Serre-tête antibruit en perçant  la paroi de la Coquille  de multiples  trous rapprochés pour  former leurs initiales (Riko et Alberti, 1982). Dans certains lieux de travail, les employés ont fait preuve de créativité pour concevoir leur propre protection auditive en utilisant  par exemple  des boules de coton, des filtres de cigarettes, des douilles de balles, des gommes à effacer de crayons, des pellicules plastiques, des gobelets remplis de matériaux pour absorber le son et autres dispositifs non standard. Évidemment, ces comportements et d’autres similaires doivent être fortement  déconseillés.

Références

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  1. Un outil disponible dans le commerce est l'outil de dimensionnement du canal auditif 3M Eargage™, tel que décrit dans la norme ANSI S12.6-2016.
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Paupières d'oreilles - Tome I Droit d'auteur © 2023 par Jérémie Voix et Elliott H. Berger pour l'ensemble des chapitres du Tome I ainsi que Pegeen Smith pour le chapitre "Les tests d'ajustement des protecteurs auditifs" est sous licence Licence Creative Commons Attribution - Pas d’utilisation commerciale - Pas de modification 4.0 International, sauf indication contraire.

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