Ode aux champignons

Guylaine Duval

Par Guylaine Duval, mycologue

Ode aux champignons (Version PDF)

On les remarque au tournant d’un sentier, sur un arbre, dans la mousse, dans l’humus des feuilles mortes, ou encore dans le jardin, le compost, parfois même dans les plantes d’intérieur. Les champignons!

Les attributs qu’ils nous montrent varient en formes, en couleurs, en textures multiples. De plus près, si nous prenons le temps de les sentir ou les gouter, nous découvrons une panoplie de parfums et de saveurs, parfois doux et subtils, exquis et délectables, parfois carrément horribles et répugnants. D’ailleurs, certains champignons comme les truffes et les phalles utilisent leurs parfums prononcés pour attirer les insectes et les petites bêtes qui dispersent leurs spores et assurent leur pérennité.

Qu’ils soient petits et discrets ou spectaculaires et colorés, tous les champignons ont une partie souterraine qu’on appelle mycélium. Celui-ci se compose de filaments qui peuvent s’étendre sur une très grande surface et qui s’immiscent partout dans le sol forestier pour former un réseau complexe et interconnecté. En fait, le mycélium est la partie principale du champignon. Le champignon que l’on voit est, en réalité, la fructification, l’organe reproductif du mycélium.

Les mycéliums des champignons investissent le sol forestier, les mousses, les roches, les plantes, les racines des arbres, sans oublier les insectes et la faune qui les entourent.

Ce réseau souterrain ainsi créé travaille sans relâche afin de transmettre des informations essentielles d’un bout à l’autre de la forêt. Comme les fibres nerveuses du cerveau, les filaments du mycélium transmettent des signaux chimiques et électriques qui forment une chorégraphie invisible mais vitale pour la survie de l’écosystème.

La véritable richesse des champignons réside dans ces liens invisibles et complexes qui les relient à leur environnement. Ainsi, on peut les comparer aux disciplines scolaires qui représentent un réseau interconnecté de savoirs formalisés qui doivent être mis en dialogue avec l’immense diversité des savoirs expérientiels. À la manière du mycélium, enseigner selon une approche culturelle contribue à la (re)composition de la grande toile du vivant.

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