Ateliers d’impro pour savoir faire face aux imprévus de la classe

Ateliers d’impro pour savoir faire face aux imprévus de la classe
Matthieu Petit, Ph. D., André Gélineau, Renée Lacroix, conseillère pédagogique, et Cristelle Lison, Ph. D.
  • Jeu d’improvisation
  • Entre 12 et 14 personnes (groupe restreint)
  • Confiance
  • Créativité
  • Coopération
  • Leadership
  • Capacité d’adaptation
  • Mieux préparer les personnes étudiantes en enseignement à faire face aux imprévus – cognitifs, comportementaux ou organisationnels (Pelletier, 2020) – qui complexifient leur gestion de classe en stage afin qu’ils mettent en place un climat d’apprentissage qui corresponde davantage à ce qui a été planifié, au profit du développement de compétences de leurs élèves.
  • Identifier des composantes de la complexité des situations de gestion de classe (multi-dimensionnalité, immédiateté, imprévisibilité, simultanéité, notoriété et historicité).
  • Mettre en œuvre des aspects du savoir-improviser qui relève de la gestion de classe (hyperperception, action rapide sur les événements et qualité de la communication).
  • Utiliser des stratégies de gestion de classe dans un contexte ludique, soit celui de l’improvisation théâtrale (réagir promptement, éviter de se concentrer sur une seule activité, repérer les signes d’ennui, balayer l’environnement du regard, être attentif pour la création de sens).
  • Si l’improvisation théâtrale se déroule habituellement sur une « patinoire » en guise de scène (inspirée de celle du hockey) et que les improvisatrices et les improvisateurs portent des vêtements amples (incluant le traditionnel chandail de hockey), rien de tout cela est nécessaire pour ces ateliers.

Espace:

  • Il peut s’agir d’un espace libre dans un grand local, une salle de classe

Durée:

  • Le moment idéal pour ces ateliers, d’une durée d’une heure ou deux, est en fin de journée, ou en début de soirée.
Ces ateliers permettent à des personnes étudiantes volontaires de se réunir dans un contexte ludique, culturel, formateur et exempt d’évaluation.
  • La proposition de cette fiche relève d’ateliers d’improvisation théâtrale proposés à des personnes étudiantes en enseignement, de plusieurs programmes. Il s’agit d’une activité non-créditée, optionnelle et complémentaire. Le nombre d’ateliers est à établir selon l’intérêt et la disponibilité des personnes étudiantes.
  • Le calendrier doit idéalement s’arrimer à ceux des stages des différents programmes. Par exemple, grâce à la collaboration des équipes des stages, les ateliers sont proposés à des moments qui conviennent aux étudiantes et aux étudiants qui se préparent pour leur deuxième stage (qui compte habituellement une première véritable prise en charge d’un ou de quelques groupes d’élèves).
  • Lors des exercices d’improvisation, les personnes participantes sont placées de façon intensive dans des situations imprévisibles et peuvent alors développer des habiletés de contrôle durant l’action. Il s’agit principalement d’exercices simples, qui ne simulent pas des situations de classe, et qui les amènent à être en état de veille et à répondre en une fraction de seconde. Ces ateliers ne se déroulent pas nécessairement devant un public. Il ne s’agit pas de donner un spectacle, mais d’incorporer des habiletés de contrôle durant l’action et de déclencher une activation de stratégies connues de gestion de classe interactive. Puisque les personnes étudiantes ne sont pas en contexte de stage, elles évitent le jugement des personnes formatrices (et des élèves) sur leurs compétences professionnelles pour se concentrer uniquement sur leurs habiletés interactives.
  • Le déroulement classique d’un atelier est composé d’une période de réchauffement (physique et vocal), de quelques ateliers et d’un court « match » de quelques improvisations lors desquelles deux équipes s’affrontent.
  • Les thèmes des improvisations comportent les éléments suivants :
    1. Improvisation mixte (les équipes ensemble) ou comparée (une équipe à la fois)
    2. Titre (« La chute », « Passage à vide », « Voyage spatial », etc.)
    3. Nombre de joueuse(s) et joueur(s) (de « 1 » à « toute l’équipe »)
    4. Catégorie (habituellement, la catégorie est « libre », mais elle peut aussi être « chantée », « mimée », « au ralenti », « en accéléré », « à la manière de… », etc.)
    5. Durée (habituellement autour de 2-4 minutes, mais il peut aussi s’agir d’une brève (de 30 secondes, par exemple) ou d’une longue improvisation (de 5 minutes ou plus).
  • Quant aux exercices, on peut facilement en trouver sur Internet, mais en voici deux exemples :
    • Histoire collective : Le groupe raconte une histoire en se limitant à une seule phrase par personne. Celle qui débute indique ensuite d’un geste celle qui prend le relais et ainsi de suite. L’histoire doit avoir du sens et la dernière personne du groupe doit conclure.
    • Assis-debout : En silence, tout le monde est assis sauf une personne. Lorsqu’elle s’assoit, une seule personne doit se lever. Si deux personnes se lèvent, on recommence. Le groupe doit miser sur le non-verbal pour communiquer.
  • Si ces ateliers relèvent de la formation en enseignement, leur pertinence demeure pour les différents programmes de métiers relationnels comportant des stages.
  • Une adaptation possible relève d’une utilisation de la vidéo à des fins d’analyse des improvisations réalisées lors des ateliers, au service d’un meilleur arrimage théorie-pratique. Dans le projet ayant inspiré cette fiche, nous avons utilisé un logiciel d’annotation vidéo en ligne permettant aux personnes étudiantes d’analyser leur performance en atelier, préalablement captée par des caméras amovibles. Il s’agissait du logiciel, VideoAnt, disponible gratuitement en ligne (ant.umn.edu). Réunissant en ligne les communautés de pratique (ou les équipes) formées lors des ateliers, cette démarche réflexive et collaborative ne se fait pas au profit du talent en improvisation des personnes étudiantes, mais bien au regard du développement de leur compétence en gestion de classe, notamment en ce qui concerne les imprévus. Il s’agit d’un dispositif numérique permettant aux personnes étudiantes de réinvestir et de conserver des traces de leur expérience à la fois théâtrale et réflexive.
  • Nous proposons que la rétroaction se fasse en fin d’atelier, non seulement par la personne enseignante, mais par l’ensemble des pairs considérant qu’il s’agit d’une évaluation formative. Celle-ci peut se faire à l’aide d’une grille (avec une section pour les commentaires) permettant d’identifier les composantes de la complexité des situations de gestion de classe (multi-dimensionnalité, immédiateté, imprévisibilité, simultanéité, notoriété et historicité), les aspects du savoir-improviser (hyperperception, action rapide sur les événements et qualité de la communication) et les stratégies de gestion de classe mise en œuvre lors des improvisations (réagir promptement, éviter de se concentrer sur une seule activité, repérer les signes d’ennui, balayer l’environnement du regard, être attentif pour la création de sens). Cette grille peut aussi servir pour l’autoévaluation.
  • Shem-Tov (2011) soutient que l’improvisation permet de recréer le rapport de la réalité intérieure de la personne participante (sentiments, émotions, pensées) à la réalité extérieure (les autres personnes et l’environnement physique, politique, social, culturel). Selon lui, il y a différentes conditions pour que les personnes étudiantes s’engagent favorablement dans des ateliers d’improvisation.
  • Voici des questions destinées à un journal réflexif relevant de ces conditions :
    • Lors de l’atelier, considérez-vous que vous étiez en ouverture pour accepter les propositions de vos partenaires de scène (idées, sentiments, actions) ? Donnez un exemple.
    • Lors d’improvisations, avez-vous réussi à créer un système cohérent et consistant pour établir une situation dramatique claire, avec un fil conducteur ? Donnez un exemple lors duquel, vous avez su éviter les idées préconçues et en accepter de nouvelles. Racontez brièvement l’histoire d’une improvisation à laquelle vous avez participé.
    • Est-ce que les informations que vous apportiez étaient complètes et précises pour bonifier la situation dramatique (espace-temps, relation-personnage) ? Si oui, expliquez comment vous avez su éviter les éléments non spécifiques, évasifs et superficiels.
    • Penser et agir positivement en plus de ne pas rejeter les idées du partenaire n’est pas toujours aisé en improvisation. Considérant que chaque idée, image ou acte devrait être accepté, avez-vous su faire preuve d’empathie, d’entraide ou de confiance mutuelle lors de l’atelier ? Donnez un exemple et identifiez les pairs impliqués.

Cette oeuvre est mise à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution. Pas d’utilisation Commerciale 4.0 International.

Pour citer cette fiche:

Petit, M., Gélineau, A., Lacroix, R. et Lison, C. (2024). Fiche pédagogique. Ateliers d’impro pour savoir faire face aux imprévus de la classe. Dans S. Hovington et J. Lépine (dir.). La pédagogie par le jeu en enseignement supérieur : un levier pour favoriser le développement du savoir-être. Université Laval. Fabrique REL.