2.1 L’ÉTS et le CERIEC — leaders de la recherche en économie circulaire
L’École de technologie supérieure (ÉTS) est une constituante du réseau de l’Université du Québec spécialisée dans l’enseignement et la recherche appliquée en génie et le transfert technologique. Elle forme des ingénieurs et des chercheurs reconnus pour leur approche pratique et novatrice. Son plan stratégique 2022-2027 [1]s’intitule « L’ÉTS, engagée à bâtir la société de demain ». C’est dans cet esprit qu’un ensemble d’actions et de prises de position ont eu lieu, notamment l’accueil du Centre d’études et de recherches intersectorielles en économie circulaire (CERIEC) en septembre 2020 et la création récente de l’institut AdapT, ce qui démontre un véritable leadership au sujet de la durabilité et les enjeux liés à la circularité[2].
Le CERIEC est une unité de recherche interdisciplinaire qui se consacre à la poursuite du développement des connaissances et des compétences en économie circulaire. La mission du CERIEC est de façonner et de contribuer au déploiement de l’économie circulaire par un programme de recherche scientifique interdisciplinaire de pointe et par des initiatives de formation, de dialogue, de valorisation et de transfert des connaissances. Autrement dit, il s’agit d’une part de récolter des données de recherche et d’autre part de les rendre disponibles au-delà de la sphère académique en maximisant les retombées concrètes pour les acteurs économiques, les gouvernements et la société civile. Le CERIEC permet d’établir un pont essentiel entre le domaine de la recherche et les applications dans les milieux preneurs. Dans ce contexte, les équipes du CERIEC coordonnent trois initiatives principales :
- le Réseau de recherche en économie circulaire du Québec (RRECQ). Le RRECQ mobilise à ce jour plus de 300 membres issus de plus de 50 établissements collégiaux et universitaires. Ces membres sont basés au Québec, au Canada et à l’international, et travaillent dans une cinquantaine de disciplines différentes.
- La plateforme Québec Circulaire, qui héberge aussi l’espace Montréal Circulaire. Québec Circulaire est l’une des mesures phares du Pôle québécois de concertation sur l’économie circulaire. Ce dernier est un regroupement volontaire de leaders issus de divers milieux, lequel est animé par le CERIEC. Son objectif est d’accélérer la transition vers l’économie circulaire au Québec.
- Un écosystème de laboratoires d’accélération en économie circulaire (ELEC) dans plusieurs secteurs de l’économie. Le Lab construction est le premier Lab de cet écosystème. Deux autres sont en cours de déploiement pour le secteur textile et les systèmes alimentaires.
La transition vers une économie circulaire est non seulement tributaire de la volonté politique de l’État, et également du leadership et de la mobilisation de divers acteurs au sein des chaînes de valeur. Dans une même logique que celle du processus de cocréation, ces relations entre l’économie circulaire et ces différents acteurs sont co-dépendantes au point de vue de leur évolution et de leur mise en application. C’est dans ce contexte que l’ELEC se déploie depuis 2021, notamment grâce à une contribution majeure de 2,1 M$ de Desjardins. L’ELEC a pour objectifs d’accélérer le passage de filières clés de l’économie québécoise vers une économie circulaire, d’appliquer les apprentissages d’un laboratoire à un autre et de créer des synergies entre les acteurs et les filières de mise en application de l’économie circulaire. Les filières suivantes sont notamment visées :
- la construction (laboratoire démarré en 2021, une suite en cours de développement avec le Lab construction +);
- les systèmes alimentaires (laboratoire démarré en 2023);
- les textiles (laboratoire démarré en 2024);
- les minéraux critiques et stratégiques (MCS) incluant le secteur des mines et les filière batterie et des produits électroniques et électriques;
- le déploiement territorial;
- les matériaux avancés; et
- le secteur maritime.
Il s’agit de développer des solutions structurantes qui reflètent les enjeux et les besoins réels d’une filière donnée, tout en étant à la fine pointe des connaissances et de la science. Pour y parvenir, chaque laboratoire de l’ELEC adopte une approche de laboratoire vivant (Living Lab), laquelle est fondée sur deux principes fondamentaux, soit la cocréation et l’expérimentation terrain.
La figure 4 permet d’illustrer à quel point les actions de chacune des sphères sont interreliée entre elles. En effet, chaque laboratoire mobilise des acteurs clés issus du privé, du public, de la société civile et de la recherche, qui s’articulent entre eux au sein d’une chaîne de valeur donnée qui se déploie de l’extraction et la transformation des ressources à la conception, la distribution, l’usage et la fin de cycle des produits.

Afin de donner de la cohérence au dispositif et à l’ensemble des projets, l’équipe du CERIEC a défini plusieurs ingrédients essentiels qui guident l’approche de chaque Lab :
Les ingrédients essentiels du dispositif de laboratoires vivants du CERIEC
- Économie circulaire : les projets intègrent une ou plusieurs stratégies de circularité et une vision sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour éviter le déplacement d’impacts ;
- Cocréation : les projets sont cocréés avec les parties prenantes du milieu et les chercheur.se.s ;
- Innovation et recherche : les projets développent de nouveaux savoirs et les documentent pour assurer la reproductibilité ;
- Expérimentation terrain : les projets sont connectés à la réalité du milieu et/ou expérimentent les solutions sur le terrain ;
- Retombées partagées : les méthodes et résultats des projets sont en libre accès et visent à être utiles à l’ensemble du secteur pour accélérer la transition au Québec.
L’approche systémique et d’expérimentation de l’ELEC permet de mettre à l’épreuve des solutions structurantes et éclairées qui visent des retombées partagées. Avec cette vision d’ensemble, il est possible d’éviter que les impacts et les effets rebond soient simplement déplacés dans une autre sphère d’action. Par cette approche, les parties prenantes mobilisées au sein des labs acquièrent aussi des connaissances à propos des pratiques de leur chaîne de valeur, de l’économie circulaire et d’initiatives existantes dans leur milieu preneur. Chacun est ainsi un acteur de la transition.
Lire la suite : 2.2 Le dispositif de recherche : vision, freins, solutions, projets
- École de technologie supérieure (ÉTS). (2022). Plan stratégique 2022-2027. https://planstrategique2022-2027.etsmtl.ca/ ↵
- Voir notamment le Choix Stratégique 2 du plan stratégique de l'ÉTS et son contenu : Être un chef de file de l’innovation pour la société de demain ↵
Écosystème de laboratoires d’accélération en économie circulaire
Ensemble d’activités créatrices de valeur, mises en évidence par l’analyse de l’ensemble des activités d’une organisation, depuis la conception d’un produit jusqu’à son lancement.
Mode d'émergence des idées dominant au sein du Lab construction - les idées sont créées avec et par les parties prenantes, afin de refléter leurs enjeux et besoins réels.
Ensemble des activités d’une industrie, qui se succèdent et permettent à un produit ou à un service d’intégrer un marché.
Dispositif basé sur l’expérimentation et la cocréation avec les parties prenantes qui vise à identifier des solutions contribuant à une accélération de la transition du secteur de la construction vers une économie circulaire.
Mode de test des solutions circulaires identifiées dans le cadre du Lab, pour s'assurer qu’elles soient pratiques et applicables dans le contexte réel du milieu.
Ensemble d’activités créatrices de valeur, mises en évidence par l’analyse de l’ensemble des activités d’une organisation, depuis la conception d’un produit jusqu’à son lancement.
Le fait de transférer des impacts environnementaux d'une étape du cycle de vie à l'autre ou d'un critère d'impact à l'autre.
Dans le cas du Lab construction, il s’agit de tenir compte de l’ensemble de la chaîne de valeur et de l’ensemble des enjeux d’une problématique donnée, afin de faire les choix les plus pertinents et de tenir compte de leurs effets ailleurs dans la chaîne de valeur. L’économie circulaire, pour fonctionner, doit travailler à l’échelle du système et non à l’échelle d’un produit, d’une organisation ou d’un maillon de la chaîne de valeur.
Phénomène par lequel l'amélioration de certains produits et technologies, laquelle vise notamment à utiliser moins de ressources, conduit plutôt, à la suite d'une réorientation des besoins, à une consommation accrue de ressources.