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Bande dessinée

Objectifs d’apprentissage

Deux objectifs principaux sont ciblés par ce chapitre : 1. Mieux comprendre les éléments menant au choix d’une bande dessinée pour communiquer clairement et efficacement les connaissances tirées d’une démarche d’amélioration des pratiques professionnelles.2. Expérimenter l’effet d’une bande dessinée comme modalité de dissémination des connaissances.

 

Exemple de l’usage d’une bande dessinée pour disséminer des connaissances dans le cadre d’une projet d’amélioration des pratiques professionnelles

L’équipe en audiologie a remarqué que les personnes suivies en oncologie et qui prennent certains médicaments entraînant des effets secondaires sur la capacité d’audition sont peu référées à leur service, malgré les interventions possibles pour agir en prévention sur la perte d’audition. L’équipe souhaite donc augmenter le nombre de référence en audiologie en période pré-traitement d’oncologie. Pour ce faire, l’équipe veut sensibiliser les médecins travaillant aux services d’oncologie ainsi que les personnes usagères de ces services sur l’éventail d’interventions que l’audiologiste peut faire en prévention de la perte auditive. Pour capter l’attention des deux publics cibles, ainsi que vulgariser l’information complexe à transmettre, l’équipe a choisi d’utiliser une bande dessinée d’une planche (c.-à-d., d’une page) qui a pour titre : « référer tôt en audiologie peut sauver l’ouïe ». L’équipe se concerte avec un médecin partenaire du projet d’amélioration et un usager partenaire pour identifier le scénario de la bande dessinée (2 rencontres de 30 minutes). Après une discussion et quelques échanges courriels, les grandes lignes du scénario sont identifiées : on y verrait deux histoires en parallèle, l’une avec le parcours habituel de la personne usagère qui doit parler à son médecin d’une difficulté à entendre suivant la prise d’un médicament avec effets secondaires sur l’ouïe avant d’être référer en audiologie et l’autre avec un médecin qui réfère précocement en audiologie dès la prescription d’une médication à risque (on y voit l’éventail d’interventions préventives que l’audiologiste peut proposer). Dans la première histoire, la personne usagère a des difficultés à entendre lors d’un souper de famille et dans la deuxième histoire, la personne entend bien sa famille à ce même souper (et répond à un commentaire par une blague pour ajouter un côté ludique). Une esquisse brouillonne de la planche très sommaire est créée par la personne porteuse du projet et envoyée pour validation au médecin partenaire et à l’usager partenaire (1 heure). Deux allers-retours par courriel permettent d’effectuer des correctifs (30 minutes). Puis, les illustrations finales sont réalisées par la personne porteuse du projet, qui a un intérêt pour la créativité artistique sans être excellente en dessin (3 heures, autrement elle aurait pu faire appel à une personne illustratrice dont les coûts varient entre 250$ à 400$/planche). La bande dessinée est disséminée par courriel au chef de services en oncologie pour être transmis ensuite aux médecins du département. Plus tard, une affiche papier de cette bande dessinée est disposée dans les salles d’attente des services en oncologie à l’intention des personnes usagères avec l’invitation à en parler avec leur médecin.

Projet d’un étudiant diplômé du microprogramme de 3e cycle en leadership pour l’amélioration des pratiques de réadaptation (LEAD-R) de l’Université de Sherbrooke

Dans le cadre d’un projet d’amélioration, un étudiant a créé un répertoire qui pourra être consulté par des professionnel(le)s de la santé pour se renseigner sur un sujet spécialisé. Afin de faire connaître ce répertoire au public cible, il était nécessaire d’expliquer son fonctionnement rapidement et de façon suffisamment marquante pour que les professionnel(le)s de la santé développent le réflexe de l’utiliser. La bande dessinée est apparue comme un choix logique pour réaliser un produit de dissémination.

Ayant accès à un budget (500$), l’étudiant a choisi de collaborer avec un illustrateur professionnel pour permettre d’accélérer la conception de son produit de dissémination.

La première étape a été d’expliquer le projet à l’écrit (sur 1 page) à l’illustrateur pour que celui-ci identifie un concept de bande dessinée :


Contexte

Le PERCA (programme d’évaluation et de réadaptation à la conduite automobile) du CISSS de Chaudière-Appalaches offre des services directs auprès d’usagers pour l’évaluation de l’aptitude à conduire, la réadaptation à la conduite et pour l’adaptation de véhicule. L’adaptation de véhicule peut être pour la conduite et/ou l’accès au véhicule, de même que pour l’usager et/ou son aide à la locomotion (ex. : fauteuil roulant).

Il s’agit d’un programme spécialisé offert en centre de réadaptation et pouvant seulement être dispensé par des ergothérapeutes ayant complété un certificat de 2e cycle offert uniquement par l’Université de McGill, ou encore, par des ergothérapeutes ayant une expérience acquise dans ce domaine.

En plus des services directs aux usagers, un service de consultation est offert pour les professionnels du CISSS. Par exemple, des ergothérapeutes œuvrant en services jeunesse peuvent contacter le PERCA s’ils ont des questions concernant le transport sécuritaire d’enfants, tel que pour orienter leurs recommandations de sièges d’auto commerciaux ou spécialisés.

Problématique et enjeux

Le temps d’attente actuel pour bénéficier d’un service direct au PERCA est très élevé, soit de 6 mois à 1,5 ans. Ces délais s’expliquent, entre autres, parce que le nombre d’ergothérapeutes travaillant au PERCA est limité et qu’il est difficile de recruter d’autres ergothérapeutes avec cette formation. Par ailleurs, une hausse des demandes de consultation est notée, surtout en provenance des services jeunesse, ce qui a un impact sur la hausse des délais d’attente. Aussi, les répertoires informatiques de chaque programme ou milieu ne sont pas accessibles aux professionnels d’autres programmes. Par exemple, les professionnels en service jeunesse n’ont pas accès aux documents d’informations contenus sur le répertoire informatique des ergothérapeutes du PERCA et vice-versa. Finalement, les professionnels sont surchargés, de sorte qu’ils ont peu de temps pour effectuer des recherches documentaires par eux-mêmes.

Solution et message-clé

Pour pallier ces enjeux, « une plateforme teams a été constituée pour être utilisée par les professionnels commerépertoire complet, accessible et simple d’utilisation, pour obtenir des informations pertinentes liées au transport sécuritaire d’usager, tout en permettant aux professionnels de conserver un support du PERCA ».

Le répertoire comportera des fiches thématiques synthèse ou arbres décisionnels, de même qu’une foire aux questions courantes.

Ce nouveau répertoire pourra donc être consulté par les professionnels AVANT qu’ils n’effectuent une demande de consultation au PERCA. Si des questionnements persistent après la consultation des ressources disponibles sur la plateforme teams, le professionnel pourra faire une demande de consultation au PERCA.


La deuxième étape a été de développer des esquisses, tester les idées auprès du public cible et/ou avec le groupe de travail du projet d’amélioration dans le but d’arriver à une version suffisamment finale pour être approuvé. Ces étapes ont eu lieu sur 2-3 semaines principalement par des échanges courriels et à l’occasion par de brèves rencontres en personne. La dernière itération a été approuvée par les partenaires clés du projet.

La dernière étape a été de diffuser avec les bons canaux la bande dessinée au public cible (par courriel à des personnes relais, dans une infolettre et sur les médias sociaux).

 


Autres exemples de BD pour illustrer des projets d’amélioration ou de vulgarisation en santé

Exemple Unité de soutien SSA | Québec 

https://ssaquebec.ca/nouvelles/ca-vous-va-si-on-reutilise-vos-donnees-de-sante-une-bande-dessinee-eclairante-sur-le-partage-des-donnees-de-sante/

Exemple de STATS Urgence – intervention en santé

Exemple de graphic medecine


Des ressources utiles à connaître

Pour aller plus loin dans sa compréhension des BD

  1. Vadémécum de la bande dessinée :
    Le vadémécum offre une introduction au vocabulaire et balises de la bande dessinée tout comme une introduction aux principes généraux de la vulgarisation scientifique. Il croise ces deux domaines avec des exemples et des ressources pour pouvoir mieux comprendre par où débuter pour concevoir une bande dessinée.
    • Robin, O. (textes et illustrations), Leblanc, B. (textes et illustrations), Corompt, A (illustations) et Zouaoui, N. (Édition et mise en page) (s.d.) Vadémécum de la vulgarisation scientifique par la bande dessinée. (accessible pour les membres de la communauté de l’Université de Sherbrooke seulement) : https://www.usherbrooke.ca/intranet-recherche/concours-vulgarisation. CC-BY 4.0.
  2. Livre imprimé :
    Ce livre explique toutes les étapes pour la réalisation d’une bande dessinée. Il explique comment transformer une idée initiale en une BD cohérente et bien illustrée.

Outils numériques pour assister à la conception des BD

Outil gratuit de conception de BD
Outil pour vidéo (BD) animée

Conclusion

En bref, la bande dessinée est un mode de partage de contenu qui permet aux destinataires de saisir rapidement l’essentiel d’un message grâce à une combinaison condensée d’images et de texte. La bande dessinée vulgarise rapidement un concept, est accrocheur et facilement partageable. Un peu comme un document infographique, elle est cependant statique quant aux informations qu’elle véhicule et chronophage pour la concevoir. En organisation, la bande dessinée s’insère et se diffuse facilement sur les plateformes de partage (bulletin, courriel, site Web, espace partagé, impression, etc.) et retient facilement l’attention de l’auditoire ciblé. Seule, elle permet de narrer une histoire, faire vivre des émotions, capter l’attention et suscite la prise de conscience, mais ne mène pas nécessairement à un changement. Pour ce faire, elle doit être couplé à d’autres stratégies (ex.: formation, communication orale express). L’usage d’une bande dessinée est moins approprié pour transmettre un message ou des données factuelles (chiffres) qui seront changeant au fil du temps. Pour ces types de messages, une présentation orale express ou un article dans une infolettre est préférable.

Pour citer ce chapitre :

Robin, O., Lessard, G., Cloutier, A., Vinh Ha Thé, D. et Raymond, K. (2024). Accès BD : choisir et concevoir une bande dessinée. Dans K. Raymond et A. Mélançon (dir.). Dissémination média : concevoir des stratégies de communication pour une dissémination efficace des connaissances. Université de Sherbrooke. https://pressbooks.etsmtl.ca/dissemination-media. CC-BY 4.0.

Références

  • Cairns, J. M., Roberts, H.,Al-Khafaji, G., & Kwater, M. (2023). Bringing fictional characters to life: Reflections on co-creating a comic book with members of the public. Research Involvement and Engagement, 9(1), 28. https://doi.org/10.1186/s40900-023-00437-2
  • Lesińska-Sawicka, M.(2023). Using graphic medicine in teaching multicultural nursing: A quasi-experimental study. BMC Medical Education, 23(1), 255. https://doi.org/10.1186/s12909-023-04223-2
  • McNicol, S. (2014). Humanising illness: Presenting health information in educational comics. Medical Humanities, 40(1), 49 55. https://doi.org/10.1136/medhum-2013-010469
  • McNicol, S. (2017). The potential of educational comics as a health information medium. Health Information and Libraries Journal, 34(1), 20 31. https://doi.org/10.1111/hir.12145
  • Whiting, J. (2020). Comics as Reflection: In Opposition to Formulaic Recipes for Reflective Processes. The Permanente Journal, 24, 19.134. https://doi.org/10.7812/TPP/19.134

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Dissémination média Droit d'auteur © par Kateri Raymond et Alain Mélançon est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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