4 Les outils de la microéconomie

Motivation et objectifs d’apprentissage

 

Un musée envisage d’organiser une exposition temporaire dont le coût total s’élèverait à 2 millions de dollars. Les organisateurs anticipent la venue de 300 000 visiteurs durant l’exposition, moyennant un prix d’entrée de 5 dollars par personne. Pour financer ce projet, le musée sollicite une subvention du gouvernement. En tant qu’analyste du ministère de la Culture, vous avez pour mission de revoir l’ACA de ce projet effectuée par un stagiaire sous votre direction. Voici le résumé de son analyse :

Tableau 4.1 Les avantages et les coûts de l’exposition
Impact Valeur en million de dollars
L’avantage pour les visiteurs 1,5
Les avantages intangibles (effets externes positifs, attraits touristiques, etc.) 0,1
Coût total de l’exposition 2
VAN -0,4

Le stagiaire conclut que ce projet n’est pas socialement rentable.
Qu’en pensez-vous ?

Les outils présentés dans ce chapitre vous aideront à effectuer l’évaluation la proposition de votre stagiaire.

L’ACA d’un projet exige l’utilisation d’un cadre d’analyse adéquat, afin d’éviter des erreurs importantes. Celui-ci est construit à partir d’outils de base de la microéconomie. À la fin de ce chapitre, vous pourrez :

  1. Comprendre et utiliser le modèle de l’offre et la demande ;
  2. Calculer l’avantage brut et l’avantage net des consommateurs à partir de la courbe de la demande ;
  3. Calculer l’avantage brut et l’avantage net des producteurs à partir de la courbe de l’offre ;
  4. Prévoir les changements dans l’équilibre d’un marché concurrentiel à la suite à un choc sur la demande ou sur l’offre.

Ce chapitre propose un rappel de certaines notions de base de la microéconomie[1] en rapport avec l’ACA. Nous commençons par aborder la demande, qui permet de mesurer les avantages bruts et les avantages nets de la consommation d’un bien ou d’un service. Nous présentons ensuite quelques notions de base concernant les coûts, puis nous introduisons la notion de l’offre, qui permet de déterminer le profit d’exploitation généré par un bien ou un service. Par la suite, nous examinerons le cas où un bien ou un service est échangé dans un marché en concurrence pure et parfaite. L’interaction entre l’offre et la demande sur le marché détermine le prix et la quantité échangée. Cela nous aidera à déterminer les gains à l’échange et leur répartition entre les acheteurs et les vendeurs. Ce modèle simple nous permettra déjà de conceptualiser les impacts de certains projets. De plus, il servira de point de départ pour l’analyse de situations plus complexes, comme nous le constaterons dans les chapitres 7 à 12.

4.1 La demande et le surplus du consommateur

Un outil essentiel pour valoriser les impacts d’un projet est la courbe de la demande, puisqu’elle permet de mesurer la valeur ou l’avantage retiré de la consommation d’un bien par les consommateurs, comme nous le démontrerons par la suite. Il faut noter que le terme « bien » est ici utilisé pour désigner non seulement les biens matériels, mais également les services.

La demande pour un bien donné par un consommateur révèle la relation qui existe entre la quantité qu’il achète et différents déterminants dont le prix du bien, son revenu disponible, le prix d’autres biens et d’autres variables qui déterminent ses préférences.

Formellement, elle peut se représenter par la fonction mathématique suivante :

[latex]Q^D = Q^D \left( P,R, P_a, X \right)[/latex]

[latex]Q^D[/latex] représente la quantité demandée d’un bien par un consommateur, [latex]P[/latex] le prix de ce bien, [latex]R[/latex] le revenu disponible du consommateur, [latex]P_a[/latex] le prix des autres biens (substituts ou compléments en consommation) et [latex]X[/latex] d’autres variables pertinentes.

La quantité demandée [latex]Q^D[/latex] est un flux qui s’exprime en unités physiques par unité de temps (par exemple, en tonnes par an). Le prix s’exprime en valeur par unité physique (par exemple, en dollars la tonne).

Concrètement, la demande est le résultat d’arbitrages que le consommateur doit effectuer entre ses besoins et ce qu’il peut se permettre, étant donné les ressources dont il dispose. En d’autres termes, la demande est la résultante d’un processus de maximisation d’une « fonction d’utilité » qui caractérise ses préférences, à l’intérieur d’une contrainte budgétaire. Celle-ci dépend de son revenu disponible et du prix des biens.

La courbe de demande fait référence spécifiquement à la relation qui existe entre la quantité demandée et le prix du bien, toutes autres choses étant égales par ailleurs. Il s’agit donc de la relation entre [latex]Q^D[/latex] et [latex]P[/latex], en présumant toutes les autres variables constantes.

La loi de la demande indique que, sauf exception, la quantité demandée diminue lorsque le prix augmente. Cette loi s’explique simplement par le fait que l’utilité supplémentaire associée à la consommation d’une unité additionnelle d’un bien a tendance à diminuer au fur et à mesure que la quantité consommée s’accroît, à cause d’un « effet de satiété ».

Une hausse du prix du bien provoque une réduction de la quantité demandée, à la suite de deux effets :

  • L’effet de substitution, qui pousse le consommateur à se tourner vers l’achat de biens substituts ;
  • L’effet de revenu, qui incite le consommateur à revoir toutes ses dépenses, à la suite de la baisse de son pouvoir d’achat, provoquée par la hausse du prix.

La Figure 4.1 représente la courbe de demande mensuelle d’essence d’un individu (D). Si le prix est de 1,50 $ le litre, il achète 70 litres par mois. Si le prix s’élève à 1,75 $ le litre, la quantité demandée diminue à environ 60 litres par mois. Face à une hausse du prix, le consommateur réduit donc sa consommation, en adoptant une conduite plus écoénergétique, en réduisant ses déplacements, en utilisant des substituts comme l’autobus ou le vélo, ou éventuellement en achetant un véhicule moins énergivore. La réduction de la quantité demandée comprend tous ces ajustements. Mentionnons que la demande de la Figure 1 suppose que la quantité est parfaitement divisible. Or, il s’agit souvent d’une simple approximation acceptable de la réalité.

Figure 4.1 La demande individuelle

Le prix de réserve correspond au prix auquel la quantité demandée devient nulle.

Dans notre exemple, la demande d’essence est nulle lorsque le prix atteint 3 $/litre, signifiant qu’à ce prix, l’individu abandonne sa voiture pour d’autres modes de transport.

Il existe cependant des biens pour lesquels le consommateur ne désire qu’une unité ou un nombre restreint d’unités du bien (par exemple, une auto, un frigo). On parle alors de demande unitaire ou discrète. Dans ce cas, la demande se caractérise simplement par le prix de réserve, c’est-à-dire par le montant maximum que la personne est prête à débourser pour acheter le bien. Si le prix est inférieur à son prix de réserve, la personne achète le bien, sinon sa demande est nulle. Le prix de réserve varie d’un consommateur à l’autre en fonction de leurs préférences et de leurs revenus.

Une interprétation alternative de la courbe de demande est particulièrement pertinente pour l’ACA.

La courbe de demande peut aussi s’interpréter comme une courbe qui mesure l’avantage (ou la valeur) marginal que retire l’individu de la consommation de chaque unité supplémentaire. Elle mesure donc le consentement maximal à payer à la marge, pour chaque unité supplémentaire, c’est-à-dire le montant maximal que le consommateur est prêt à débourser.

Ce sacrifice monétaire représente un coût de renonciation, puisque cette somme pourrait servir à acheter d’autres biens et services. Par exemple, la Figure 4.2 montre que le consommateur est prêt à payer au maximum 1,50 $ le litre pour consommer le 70e litre. Alternativement, on peut interpréter le montant de 1,50 $ comme le montant minimal auquel il faudrait compenser l’individu pour qu’il renonce à consommer un 70e litre d’essence. Il s’agit donc aussi de la mesure du consentement minimal à recevoir à la marge, sous la forme d’une compensation pour renoncer à consommer.

4.1.1 L’avantage brut, la dépense et l’avantage net pour le consommateur

Par extension, il est donc possible de mesurer l’avantage lié à la consommation d’une certaine quantité d’un bien (ou d’un changement dans la quantité). Sur la Figure 4.2, avec un prix de l’essence à 1,50 $ le litre :

  • L’avantage brut lié à la consommation d’essence se mesure par l’aire de la surface abcd sous la courbe de demande jusqu’à la quantité consommée de 70 litres ;
  • Cette surface représente la mesure du consentement maximum à payer (CAP)[2] de l’individu pour consommer 70 litres, soit le montant maximum qu’il est prêt à débourser pour se procurer 70 litres d’essence. Il s’agit de la mesure monétaire du gain brut de bien-être que la consommation de ce bien procure ;
  • Alternativement, cette surface peut aussi s’interpréter comme le consentement minimum à recevoir (CAR)[3] pour qu’il renonce à cette consommation, c’est-à-dire la compensation brute minimale qu’il faudrait lui verser pour qu’il accepte de cesser de consommer 70 litres d’essence.[4]
Figure 4.2 Avantage brut, consentement à payer et consentement à recevoir de la consommation de 70 litres/mois

Le CAP ou le CAR est la mesure de l’avantage brut. Pour obtenir l’avantage net, il faut tenir compte du fait que le consommateur doit débourser une certaine somme pour obtenir un bien. Au prix de 1,50 $/litre d’essence, il devra débourser 105 $ pour en acquérir 70 litres. Sur la Figure 4.3, la dépense, qui représente le coût du point de vue du consommateur, se mesure par la surface bcde. Ainsi, la différence entre l’avantage et la dépense donne l’avantage net du consommateur, soit la surface abe. En microéconomie, cet avantage net est appelé le surplus du consommateur (SC).

Figure 4.3. Avantage net, surplus du consommateur et dépenses

Notons que nous venons de réaliser une ACA du « projet d’acheter 70 litres d’essence », en adoptant exclusivement la perspective du consommateur. Avec une demande linéaire, le calcul des surfaces est simple et exige relativement peu d’informations. Comme nous l’avons expliqué, la dépense se calcule comme l’aire d’un rectangle correspondant au prix, multipliée par la quantité achetée (1,50 $ x 70 = 105 $). Le SC exige la connaissance, en plus, du prix de réserve. Celui-ci se mesure par l’aire d’un triangle qui se calcule comme suit :

[latex]\text{SC} = \frac{1}{2} \times \left( \text{prix de réserve} - \text{prix payé} \right) \times \text{quantité au prix payé}[/latex]

En réalité, le SC correspond au surplus moyen réalisé sur les unités achetées, multiplié par la quantité. Dans notre exemple, le surplus moyen sur les unités achetées est ½ x (3 $ – 1,50 $), soit 0,75 $. Le SC est donc de 0,75 $ x 70 = 52,50 $.

En résumé :

  • L’individu accorde une valeur monétaire de 157,50 $ à la consommation de 70 litres d’essence par mois.
  • Il doit débourser 105 $ pour acheter ces 70 litres d’essence.
  • Le bénéfice net (ou l’avantage net) qu’il retire de l’achat et de la consommation des 70 litres d’essence est donc de 52,50 $.

Enfin, notons que le consommateur n’a pas intérêt à consommer davantage que 70 litres. En effet, la consommation d’une unité supplémentaire lui procurerait un avantage marginal inférieur au coût de cette unité. Il n’a pas non plus intérêt à consommer moins, car cela réduirait son SC : il a avantage à consommer toutes les unités dont la valeur est supérieure ou égale au prix.

4.1.2 La demande du marché

La demande du marché s’obtient en additionnant les demandes individuelles de tous les consommateurs. Pour un bien privé comme l’essence, la sommation s’effectue en quantité : pour un prix donné, on additionne les quantités demandées par chacun des consommateurs, pour obtenir la quantité demandée sur le marché à ce prix. Graphiquement, cela correspond à une addition horizontale des courbes des demandes individuelles. La Figure 4.4 illustre la procédure pour deux consommateurs dont les demandes sont D1 et D2. Pour un prix supérieur à 1,75 $, le consommateur 1 sort du marché, et la demande du marché se confond alors avec celle du consommateur 2 (D2). Pour un prix inférieur, il faut additionner horizontalement les deux courbes. Si, par exemple, le prix est nul, le consommateur 1 demande 40 litres, et le consommateur 2, 70 litres, de sorte que la quantité demandée sur le marché est de 110 litres.

Figure 4.4 Illustration de la construction de la demande du marché (biens privés)

L’interprétation de la demande du marché est semblable à celle décrite ci-dessus pour l’individu. En particulier, les gains à l’échange pour les consommateurs se mesurent par le surplus du consommateur[5].

Le surplus du consommateur (SC) représente la somme des différences entre le consentement maximal à payer, tel que mesuré par la courbe de la demande, et le prix effectivement payé pour se procurer un bien ou un service. Autrement dit, il quantifie la différence entre le montant total que les consommateurs seraient prêts à payer (CAP) et ce qu’ils dépensent réellement (la dépense). Cela reflète les gains obtenus par les consommateurs grâce à l’échange sur le marché, soit leur avantage net.

En résumé:

  • La demande du marché pour un bien privé correspond à la somme en quantité (ou somme horizontale) des demandes individuelles.
  • La demande du marché mesure le consentement maximal à payer à la marge des consommateurs.
  • La surface sous la courbe de demande du marché pour une quantité donnée mesure le CAP ou le CAR. Cela représente l’avantage brut que procure la consommation du bien dans ce marché.
  • L’avantage net pour les consommateurs se mesure par le surplus du consommateur, soit la différence entre l’avantage brut et le coût d’achat.

De plus, si la consommation du bien n’engendre pas d’externalités positives et si les consommateurs évaluent correctement les bénéfices de sa consommation, alors l’avantage quantifié par la demande du marché représente également l’avantage social associé à la consommation de ce bien. Nous examinerons plus en détail cet aspect ultérieurement.

Une erreur courante dans l’ACA réalisées sans cadre théorique consiste à considérer la dépense des consommateurs comme étant la mesure de l’avantage, en ignorant ainsi le Surplus du Consommateur (SC). Par exemple, un analyste qui évaluerait l’avantage d’un projet visant à promouvoir l’installation de connexions Internet haut débit en région en se basant uniquement sur les revenus d’abonnements générés par le projet sous-estimerait l’avantage réel, car il négligerait le SC.

Attention danger : ignorer le SC !

Une erreur courante dans l’ACA réalisées sans cadre théorique consiste à considérer la dépense des consommateurs comme étant la mesure de l’avantage, en ignorant ainsi le Surplus du Consommateur (SC). Par exemple, un analyste qui évaluerait l’avantage d’un projet visant à promouvoir l’installation de connexions Internet haut débit en région en se basant uniquement sur les revenus d’abonnements générés par le projet sous-estimerait l’avantage réel, car il négligerait le SC.

Il est cependant parfois possible, sous certaines conditions, de postuler que le SC est faible, de sorte que la dépense des consommateurs constitue une approximation adéquate de l’avantage. Nous préciserons ces conditions par la suite.

4.1.3 La demande collective d’un bien public

Il est approprié d’utiliser la notion de « courbe de demande » pour un bien public comme la qualité de l’air, par exemple. Rappelons cependant que dans le cas d’un bien public, la consommation est collective, dans le sens où tout le monde a accès à la même quantité d’air. Nous verrons au chapitre 8 que cette caractéristique modifie la manière d’établir la demande collective à partir des demandes individuelles. Nous constaterons également qu’il y a des enjeux particuliers dans l’estimation des demandes individuelles.

Au-delà de ces particularités cependant, la demande collective pour un bien public indique aussi le CAP ou le CAR. Ainsi, supposons que la Figure 4.5 représente la demande collective pour la qualité de l’air des citoyens d’une ville. Le CAP collectif pour améliorer la qualité de l’air d’un indice de Q0 à Q1 se mesure par la surface sous cette courbe de demande. Inversement, cette surface détermine le CAR, c’est-à-dire la compensation qu’il faudrait verser aux citoyens si la qualité de l’air se dégradait de Q1 à Q0.

Figure 4.5 La demande collective d’un bien public

4.1.4 L’élasticité-prix de la demande

Pour prévoir l’ampleur des changements de la quantité demandée à la suite d’un changement de prix, on a recours à un paramètre important : l’élasticité-prix de la demande. Ce concept s’applique à la fois à la demande d’un consommateur et à celle du marché.

L’élasticité-prix de la demande mesure la variation en pourcentage de la quantité demandée (QD) à la suite à une variation de 1 % du prix (P). Elle est souvent exprimée en valeur absolue, donc sans le signe négatif. Plus formellement, elle se définit par la formule suivante :

[latex]n_d = \left| \frac{\Delta Q^D (\%)}{\Delta P (\%)} \right|[/latex]

Par exemple, si un projet accroît le prix sur le marché de 10 % et que l’élasticité-prix de la demande du marché a été évaluée à 3, on peut prévoir une baisse de la quantité demandée d’environ 3 x 10 % = 30 %[6]. Notons que ce paramètre peut également être utile pour prévoir le changement du prix à la suite d’un changement de la quantité échangée. Par exemple, si la quantité échangée dans un marché augmente de 20 %, on peut prévoir une baisse du prix de 6,7 %, soit 20 % ÷ 3, si la demande a une élasticité de 3.

La Figure 4.6 illustre deux cas extrêmes, soit :

  • Une demande parfaitement élastique : tout changement de prix engendre une réaction extrême de la demande ;
  • Une demande parfaitement inélastique : la quantité demandée est complètement insensible au prix.
Figure 4.6 Deux cas extrêmes d’élasticité-prix de la demande

La Figure 4.7 illustre l’évolution de la valeur de l’élasticité-prix le long d’une courbe de demande linéaire classique. L’élasticité-prix est unitaire (nd = 1) lorsqu’elle est calculée à un prix qui correspond à la moitié du prix de réserve. Pour un prix supérieur à ce niveau, la demande est élastique (nd > 1), et pour un prix inférieur, elle est inélastique (nd < 1).

Figure 4.7 Évolution de l’élasticité-prix le long d’une demande linéaire décroissante

4.1.5 Les déplacements de la courbe de demande

La courbe de demande illustre la relation entre la quantité demandée et le prix, toutes choses égales par ailleurs. Si une variable autre que le prix subit une modification, cela se traduira par un déplacement de la courbe de demande. Par exemple, dans la Figure 4.8, nous pouvons observer l’impact d’une augmentation du revenu disponible d’un individu sur sa demande d’essence. Étant donné que l’essence est un bien normal, la courbe de demande se déplace vers la droite (de D0 à D1) lorsque le revenu augmente, indiquant ainsi une augmentation de la quantité demandée à chaque niveau de prix. Ce type de déplacement est également pertinent pour la demande globale du marché. En revanche, si le bien était considéré comme inférieur, sa demande diminuerait avec l’augmentation du revenu, entraînant un déplacement en sens inverse de la courbe de demande.

Figure 4.8 Déplacement de la courbe de demande

Exercice : Hausse du prix des sodas

Le gouvernement envisage d’imposer une taxe nutritionnelle sur les boissons sucrées de type soda. Le prix moyen actuel est de 1 $/litre, et la consommation annuelle est de 820 millions de litres par an. La nouvelle taxe devrait augmenter le prix moyen d’environ 15 %. L’élasticité-prix de la demande de soda est estimée à 0,8.

  • Déterminez le CAP associé aux unités qui ne sont plus consommées à cause de la taxe.
  • Déterminez aussi l’impact de cette mesure sur le surplus du consommateur sur le marché des sodas.

Résolution

Il faut d’abord déterminer l’état du marché dans le scénario sans la taxe, puis dans celui avec la taxe. Le scénario sans la taxe est directement donné par les observations courantes. Le scénario avec la taxe se détermine en tenant compte de la hausse anticipée du prix de 15 % et l’élasticité-prix de la demande, qui permet d’anticiper une baisse de 12 % de la quantité consommée.

Scénario sans taxe :

  • Prix moyen observé = 1 $/litre
  • Quantité observée = 820 millions de litres

Scénario avec la taxe :

  • Prix moyen prévu avec la taxe = 1 $ x (1 + 0,15) = 1,15 $/litres
  • Quantité prévue avec la taxe = 820 x (1- 0,8 x 0,15) millions = 721,6 millions de litres

On dispose de deux points de la courbe de demande, soit (820 ; 1 $) et (721,6 ; 1,15 $), comme l’illustre la Figure 4.9. En supposant une extrapolation linéaire de la courbe de demande, il est possible d’évaluer les impacts demandés.

Figure 4.9 Impact d’une taxe nutritionnelle sur les consommateurs de boisson soda
  • Les unités qui ne sont plus consommées à cause de la taxe ont une valeur pour les consommateurs qui s’évalue par l’aire de la surface sous la courbe de demande entre 721,6 millions et 820 millions de litres, soit la surface abcd dont la valeur est de ½ x (1,15 + 1) x (820 – 721,6) = 105,78 millions de dollars.
  • L’impact net sur les consommateurs doit prendre en compte à la fois la réduction de la dépense due à la diminution de la quantité achetée et l’augmentation du prix sur les quantités qui continuent d’être consommées. Cet effet net se mesure par la réduction du SC, qui se décompose en deux composantes : le rectangle eagf, qui quantifie l’augmentation des dépenses sur les unités qui continuent d’être achetées, et le triangle abg, qui mesure la baisse du SC résultant de la réduction de la quantité consommée.
  • En somme, cette taxe réduit le SC de 115,62 millions de dollars par an. Cette valeur peut être interprétée comme le montant maximum que les consommateurs seraient prêts à débourser (CAP) pour empêcher la mise en œuvre du projet, ou encore comme la compensation minimale (CAR) qu’il faudrait leur verser pour maintenir leur niveau d’utilité initial avant l’imposition de la taxe.

Bien entendu, l’ACA devrait aussi tenir compte des autres effets de cette mesure (par exemple, la réduction de l’obésité, la diminution du diabète, l’impact sur les fabricants et sur l’État, etc.). Notons également que la taxe récoltée par le gouvernement constitue en réalité un transfert plutôt qu’un appauvrissement collectif réel.

4.2 Coûts, offre et surplus du producteur

4.2.1 Le coût économique de la production

Pour produire un bien, les producteurs mobilisent des ressources, appelées « intrants », tels que le travail ou les ressources naturelles. Le capital, ou plus précisément le capital physique[7], constitue un autre intrant essentiel dans la plupart des processus de production. Il englobe l’ensemble des biens durables créés par l’homme qui servent à la production, comme les bâtiments, les machines et l’outillage. Ces biens durables peuvent être utilisés à plusieurs reprises, contrairement à d’autres intrants qui sont « consommés » lors du processus de production. Par exemple, le four utilisé pour chauffer les copeaux de bois et en extraire la matière ligneuse lors de la fabrication du papier constitue du capital. En revanche, les produits chimiques ajoutés entrent dans la catégorie « matériel et fournitures ».

Les intrants incluent également l’entrepreneuriat qui organise les autres intrants et assume les risques. Le temps, l’énergie et la créativité qu’une entrepreneure consacre à son entreprise impliquent un coût de renonciation, c’est-à-dire la rémunération qu’elle pourrait obtenir si elle utilisait son talent à une meilleure alternative. Le profit normal peut être défini comme la rémunération nécessaire pour compenser le coût économique de la production.

Le coût économique de la production se définit comme la somme des coûts de renonciation de tous les facteurs de production mobilisés. Il mesure la valeur économique qui pourrait être générée si les facteurs de production étaient affectés à une meilleure alternative. Cette interprétation de la notion de « coût économique » est particulièrement importante pour l’ACA.

Prenons un exemple pour illustrer cela : imaginons un projet qui dispose uniquement d’un employé comme intrant, et que son salaire est compétitif, soit 75 000 $ par année. Cela signifie que si le projet n’est pas réalisé, cet employé trouvera un autre emploi avec un salaire équivalent. De plus, la valeur sociale de ce qu’il produira dans cet emploi alternatif sera également équivalente à 75 000 $, puisque le salaire concurrentiel mesure la productivité marginale en valeur, c’est-à-dire la valeur de la production supplémentaire réalisée par l’employé. Ainsi, le coût social de renonciation du projet s’élève à 75 000 $ par année.

Pour les producteurs, certains intrants entraînent des dépenses, comme les salaires versés aux travailleurs. Le capital, quant à lui, donne lieu à une dépense d’investissement lors de l’achat, mais cette dépense est souvent répartie sur la durée de vie du bien durable, par exemple, les remboursements d’une hypothèque pour l’achat d’un bâtiment ou l’amortissement d’un appareil mécanique (voir le chapitre 6 pour plus de détails).

Certains intrants ne donnent pas nécessairement lieu à des déboursés, comme l’entrepreneuriat ou un bâtiment déjà payé. Néanmoins, leur mobilisation implique un coût économique en termes de coût de renonciation. Par exemple, le bâtiment pourrait être mis en location au lieu d’être utilisé pour les opérations de l’entreprise, et le loyer auquel on renonce mesure alors son coût économique.

En ce qui concerne les intrants qui entraînent une dépense courante, celle-ci mesure éventuellement leur coût de renonciation. Par exemple, le salaire versé à une employée sur un marché du travail concurrentiel représente ce qu’elle pourrait obtenir dans un emploi alternatif, comme nous l’avons mentionné dans l’exemple précédent. Cependant, dans certaines circonstances, la dépense ne représente pas adéquatement le coût de renonciation. De la même façon, les coûts comptables ou financiers ne mesurent pas toujours de manière appropriée le coût économique. Nous aborderons ces enjeux dans le chapitre 11.

4.2.2 Les catégories de coût

Dans les coûts de production, on distingue les coûts fixes, qui ne varient pas en fonction du niveau de production, et les coûts variables, qui dépendent du niveau de production. Formellement,

[latex]CT \left( Q \right) = CF + CV \left( Q \right)[/latex]

Avec

[latex]CT \left( Q \right)[/latex] : le coût total qui augmente avec le niveau de production Q,

[latex]CF[/latex] : la partie des coûts qui sont fixes, c’est-à-dire ceux qui ne varient pas avec la quantité produite (Q),

[latex]CV \left( Q \right)[/latex] : la partie des coûts qui varient avec le niveau de production Q.

Les coûts de recherche et développement d’un nouveau vaccin sont des coûts fixes, alors que les coûts de production des doses du vaccin sont variables.

La distinction entre coûts fixes et coûts variables peut parfois être complexe à établir et à appliquer. Certains intrants ne peuvent pas être parfaitement subdivisés, créant ainsi des discontinuités (par exemple, il est impossible d’ajouter un demi-camion). Cette distinction dépend également de la période de temps en question, qu’il s’agisse du court terme ou du long terme. Le court terme est défini comme une période pendant laquelle certains facteurs de production, généralement le capital, ne peuvent pas être ajustés. La durée de cette période varie d’une industrie à l’autre. Par exemple, la construction d’un nouvel oléoduc peut prendre plusieurs années, tandis qu’il ne faut que quelques semaines pour agrandir un restaurant. Les facteurs qui demeurent fixes à court terme entraînent des coûts fixes. À long terme, tous les facteurs de production sont susceptibles d’être ajustés.

Pour l’ACA, la distinction la plus utile est de savoir si un coût est évitable ou non en fonction de la réalisation du projet. Les coûts évitables doivent être pris en compte dans l’ACA, alors que les coûts inévitables ne sont pas pertinents, puisqu’ils se produisent également dans le scénario de référence.

Les coûts quasi fixes

Dans la plupart des manuels d’introduction à la microéconomie, le facteur capital est fixe et à court terme, ce qui engendre des coûts fixes. À long terme, tous les facteurs sont variables ; il n’y a donc plus de coût fixe. De plus, on suppose que les coûts fixes sont inévitables : ils doivent être assumés, même si la production cesse à court terme. À long terme, comme tous les coûts sont variables, tous les coûts sont évitables. Il y a donc implicitement une confusion entre les notions de coût fixe et de coût variable, et celles de coût évitable et de coût non évitable.

La réalité est cependant plus complexe : à court terme, certains coûts fixes sont évitables, on parle alors de coûts quasi fixes. Pour un entrepreneur qui loue un local au mois, le loyer est un coût qui ne varie pas d’après son niveau de production (coût fixe), mais qui est évitable en cas d’un arrêt des opérations, même temporaire.

Par ailleurs, à long terme, certains coûts peuvent être de nature fixe, mais ils sont cependant évitables. Le coût de développement d’un nouveau produit est généralement un coût fixe, mais dans une perspective de long terme, il est évitable.

Il est très rare qu’une entreprise connaisse parfaitement chaque point de son coût total CT(Q). Elle aura plutôt une idée de son coût moyen (CM) de production et de son coût marginal (Cm) de production.

Le coût moyen se définit comme [latex]CM(Q) = \frac{CT(Q)}{Q}[/latex], soit le coût total divisé par la quantité produite.

Le coût marginal Cm(Q) mesure le changement du coût total lorsqu’on augmente la production.

En théorie, le coût marginal est généralement mesuré par l’augmentation du coût engendré par l’augmentation de la production d’une unité de production. Cependant, dans la pratique, les entrepreneurs ont tendance à se pencher sur des variations de production plus significatives, telles que le coût associé à l’acceptation d’une commande supplémentaire ou le coût additionnel pour augmenter la production de, par exemple, 20 %.

Dans plusieurs industries, l’évolution du coût total selon le niveau de production a un profil semblable à celui illustré au panneau A de la Figure 4.10. Les courbes de coût moyen et de coût marginal associées sont illustrées au panneau B. D’autres formes sont possibles, et des formes plus simples seront souvent utilisées par la suite, afin de simplifier la présentation.

Figure 4.10 Exemple de courbe de coût total, de coût moyen et de coût marginal

4.2.3 L’offre

L’offre montre la relation entre la quantité offerte par un producteur et ses différents déterminants, comme le prix du bien, le prix des intrants, le prix des biens substituts ou complémentaires en production et la technologie.

La courbe de l’offre exprime la relation entre la quantité offerte et le prix du bien, toutes autres choses étant égales par ailleurs.

L’offre est le résultat d’un processus de maximisation du profit soumis aux contraintes technologiques et du marché. Dans un contexte de concurrence parfaite, le prix du marché s’impose aux producteurs. Ils maximisent alors leur profit, au point où le prix du marché intercepte la courbe du coût marginal. En effet, le producteur a intérêt à augmenter sa production jusqu’au moment où la dernière unité produite coûtera exactement le prix de vente. La Figure 4.11 illustre la courbe de l’offre d’une raffinerie qui produit de l’essence. Si le prix de l’essence est de 1,25 $ le litre, la quantité offerte sera de 40 000 litres par mois. Au prix de 1,70 $ le litre, la quantité proposée sera de 70 000 litres.

Dans un contexte de marché concurrentiel, la courbe de l’offre d’un producteur se confond avec sa courbe de coût marginal de production.

La loi de l’offre indique que, dans un marché concurrentiel, la quantité offerte augmente généralement lorsque le prix s’accroît, car le coût marginal a tendance à augmenter avec le niveau de production.

Par ailleurs, la courbe de l’offre peut s’interpréter comme le montant minimum exigé par le producteur pour offrir une unité supplémentaire, soit le consentement maximum à recevoir à la marge pour produire. Si le coût pour produire le 40 millième litre est de 1,25 $, il s’agit du montant minimum requis pour qu’il soit mis en marché.

Par extension, la surface sous la courbe d’offre entre deux niveaux de quantités mesure le coût des ressources mobilisées pour produire les unités entre ces deux niveaux. Par exemple, la surface sous la courbe d’offre entre 0 et 40 000 (ebcd) mesure le coût des ressources mobilisées pour faire passer la production de 0 à 40 000 unités. Attention, cette surface ne mesure cependant pas le coût total de la production, mais uniquement les coûts variables de la production, c’est-à-dire les coûts qui varient en fonction du niveau de production. En d’autres termes, les coûts fixes ne sont pas comptabilisés dans cette surface[8].

Figure 4.11 La courbe d’une entreprise en concurrence parfaite

Le surplus du producteur (SP) mesure la somme des différences entre le prix de vente et le coût marginal pour toutes les unités vendues. Il s’agit aussi de la différence entre la recette (surface abcd) et les coûts variables (surface ebcd).

Le SP ne mesure donc généralement pas le profit ([latex]\pi[/latex]), sauf si les coûts fixes (CF) sont nuls. En effet, nous avons :

[latex]\text{SP} = \pi + \text{CF ou } \pi = \text{SP} - \text{CF}[/latex]

Dans la Figure 13, avec un prix de 1,25 $ le litre, le producteur produit 40 000 litres par mois et réalise un surplus de 15 000 $, soit l’aire du triangle abe.

Plus concrètement, le SP s’apparente à la notion de profit d’exploitation (ou d’opération) utilisé par les entreprises. En effet, le profit d’exploitation est la différence entre les recettes et les coûts générés par les opérations.

Les règles comptables et fiscales pour calculer le profit d’exploitation ne sont cependant pas toujours fondées sur la notion de coût de renonciation. Cela dit, les données rapportées sur le profit, les recettes et les coûts d’exploitation constituent un bon point de départ pour évaluer le SP.

Comme pour la demande, la courbe d’offre du marché s’obtient en faisant la somme en quantité (ou somme horizontale) des courbes d’offre des différents producteurs sur le marché.

Pour caractériser la sensibilité de la quantité offerte (QO) au prix (P), on utilise le concept d’élasticité de l’offre,

[latex]n_o = \left| \frac{\Delta Q_o (\%)}{\Delta P (\%)} \right|[/latex]

qui indique le pourcentage d’accroissement de la quantité offerte, suite à une hausse de 1% du prix.

Deux cas extrêmes sont à considérer : le cas d’une offre parfaitement élastique (une droite horizontale) et le cas d’une offre parfaitement inélastique (une droite verticale).

La courbe d’offre se déplace lorsqu’un déterminant de l’offre, autre que le prix ou la quantité, se modifie. Par exemple, la hausse du prix d’un facteur de production variable accroît le coût marginal de production, ce qui signifie une hausse du minimum nécessaire pour offrir chaque unité supplémentaire. Cela se traduit par un déplacement vers le haut (ou vers la gauche) de la courbe d’offre. Une innovation technologique qui accroît la productivité engendrera un déplacement vers le bas (ou vers la droite) de l’offre.

Dans le contexte de l’ACA :

  • La surface sous la courbe d’offre permet de mesurer le coût économique supplémentaire associé à une hausse du niveau de production.
  • La variation dans le SP permet de mesurer l’impact d’un projet sur les producteurs.

Notons que dans certaines situations où le marché présente des imperfections (par exemple, un monopole, un marché pour un bien public ou un marché relevant du secteur non marchand), la notion de courbe d’offre n’est pas vraiment pertinente. Cependant, la caractérisation des coûts économiques et leur évolution en fonction du niveau de production demeurent des éléments pertinents.

Exercice : Hausse d’un quota

Un projet consiste à accroître le quota de production autorisée dans un marché de 4000 à 7000 tonnes par jour. À partir de la Figure 4.12, déterminez le coût supplémentaire engendré par ce projet. Calculez aussi l’impact net qu’il aura sur les producteurs.

Figure 4.12 L’impact d’un accroissement des quotas de production

Résolution

  • Le coût supplémentaire se mesure par la surface sous la courbe d’offre entre 4000 et 7000 (abdc), soit 5 x (7000 – 4000) + ½ x (7 – 5) x (7000 – 4000) = 18 000 $/jour.
  • Ce montant peut s’interpréter comme la compensation minimale à recevoir (CAR) pour que les producteurs augmentent la production de 4000 à 7000 tonnes.
  • L’impact net sur les producteurs doit tenir compte non seulement du coût supplémentaire, mais aussi des recettes additionnelles (ebdcaf).
  • Le changement dans le SP, soit l’aire (ebaf), mesure l’effet net, soit (7 – 5) x 4000 + ½ x (7 – 5) x (7000 – 4000) = 11 000 $/jour.

Dans cet exemple, l’impact sur les producteurs est positif ; le changement dans le SP peut donc s’interpréter comme le CAP des producteurs pour que le projet se réalise. Si le projet consistait à baisser le quota de 7000 à 4000, le changement dans le SP serait de -11 000 $/jour. Il s’agirait alors de la compensation qu’il faudrait verser aux producteurs pour qu’ils acceptent cette baisse de quota.

4.3 L’équilibre concurrentiel

Un marché pour un bien privé se trouve en concurrence pure et parfaite lorsque :

  • Le bien vendu est standardisé ;
  • Il n’existe aucune asymétrie de l’information ;
  • Tous les agents sur le marché (les consommateurs et les producteurs) sont de petite taille par rapport à l’ensemble du marché. Ils n’ont dès lors aucune influence sur le prix et peuvent être qualifiés de « preneurs de prix » (price-taker) ;
  • L’entrée et la sortie des entreprises sur le marché se font sans restriction à long terme ;
  • La production et la consommation du bien ne génèrent aucun coût ou bénéfice externe.

L’équilibre sur le marché se situe à l’intersection de l’offre et de la demande du marché, soit au prix P* et à la quantité Q* sur la Figure 4.13. Si le prix est inférieur, la quantité demandée excède la quantité offerte, ce qui pousse le prix à la hausse. Un prix supérieur à P* implique une quantité offerte qui excède la quantité demandée, ce qui favorise une baisse du prix. À P*, la quantité demandée est égale à la quantité offerte ; le marché se trouve en équilibre. Évidemment, les autres déterminants de l’offre et de la demande changent continuellement, de sorte que les courbes d’offre et de demande se déplacent, ce qui modifie sans cesse le prix d’équilibre.

Figure 4.13 L’Équilibre dans un marché concurrentiel

En équilibre de concurrence parfaite :

  1. La dernière unité offerte Q* coûte à produire ce qu’elle vaut pour les consommateurs. En effet, à Q*, l’offre qui représente le coût marginal est égal à la demande, qui mesure le consentement à payer pour obtenir l’unité Q* ;
  2. Toutes les unités qui valent davantage que ce qu’elles coûtent sont échangées sur le marché. L’avantage social net engendré par les échanges sur ce marché est maximisé à Q*. Celui-ci se mesure par la surface abd, soit la différence entre le CAP (abcf) et les coûts de production (dbcf) ;
  3. Les gains à l’échange se partagent entre les consommateurs et les producteurs. L’avantage net des consommateurs se mesure par le surplus du consommateur (abe) et celui des producteurs par le surplus du producteur (ebd) ;
  4. En réalisant tous les gains à l’échange, l’équilibre concurrentiel mène à une allocation optimale des ressources au point de vue social.

Cependant, ces résultats supposent que :

  • La courbe du coût marginal des producteurs comprend l’ensemble des coûts sociaux de production du bien ;
  • La demande des consommateurs représente tous les avantages sociaux générés par la consommation du bien.

Si ce n’est pas le cas, le marché ne mène pas à une allocation optimale des ressources du point de vue social. Il y a défaillance ou distorsion du marché, comme nous l’avons déjà expliqué au chapitre 3. À nouveau, l’exemple classique est celui d’un bien qui génère de la pollution : la production du bien engendre des coûts privés et des coûts externes assumés par les victimes de la pollution. Dans ce cas, la courbe d’offre ne représente que le coût marginal privé et non le coût marginal social. Nous examinerons plus en détail l’impact des distorsions sur l’ACA dans les chapitres 8 à 10.

4.4 Prévoir les impacts d’un choc sur l’offre ou sur la demande

Certains projets déplacent la courbe de la demande ou de l’offre dans un marché concurrentiel.  Par exemple, un programme de renforcement de l’entretien du réseau routier pourra accroître la demande de bitume. Une subvention pour la construction d’une nouvelle usine de ciment amènera un déplacement de la courbe de l’offre vers la droite. Une campagne de sensibilisation aux méfaits du tabac visera à réduire la demande pour ce produit.  Le renforcement d’une norme sanitaire suscitera une hausse des coûts de production d’un aliment et réduira ainsi l’offre.

Dans ces situations, l’analyste dispose généralement d’informations sur le prix et sur la quantité échangée dans un marché, avant la mise en place d’un projet qui lui permettra d’établir le scénario de référence. En revanche, il devra prévoir l’impact sur le marché des chocs causés par le projet sur la courbe de la demande ou sur la courbe de l’offre.

Si l’analyste dispose d’une évaluation précise des courbes de l’offre et de la demande avant et après le projet, la détermination de l’équilibre dans le scénario de référence et dans celui avec le projet devient assez simple. Cependant, le plus souvent, l’analyste ne dispose pas d’évaluation de ces courbes. Il est cependant possible de prévoir les conséquences sur l’équilibre du marché à partir des valeurs des élasticités‑prix de l’offre et de la demande. En effet, les valeurs de ces paramètres sont déterminantes, comme l’illustre l’exemple de la Figure 4.14, avec un déplacement de la courbe de l’offre vers la droite. Si la demande est parfaitement élastique (panneau A), il n’y a pas d’effet sur le prix d’équilibre, et l’offre additionnelle contribue à accroître la quantité échangée dans le marché. Si la demande est parfaitement inélastique (panneau B), la croissance de l’offre ne fait qu’augmenter le prix d’équilibre. Avec une offre parfaitement élastique (panneau C), l’ajout de l’offre n’a aucun impact sur le prix ou sur la quantité. Enfin, si l’offre est parfaitement inélastique (panneau D), la quantité échangée s’ajuste entièrement à l’ajout de l’offre, et le prix s’ajuste en conséquence.

Figure 4.14. L’impact d’une hausse de l’offre sur l’équilibre, selon les valeurs des élasticités-prix de l’offre et de la demande

En règle générale, un projet peut provoquer un choc en quantité (horizontal) ou un choc en valeur (vertical) sur la courbe de la demande ou sur celle de l’offre. Le Tableau 4.2 présente les formules permettant de prévoir les répercussions sur le prix et sur la quantité d’équilibre. Ces formules découlent d’une analyse de statiques comparée de l’équilibre concurrentiel, qui est présentée plus en détail dans Nicholson et Snyder (2012, page 422) ou dans la vidéo explicative mise en référence à la fin de ce chapitre.

Tableau 4.2 Une approximation de l’impact du choc sur l’équilibre d’un marché concurrentiel
Nature du choc Impact sur le prix d’équilibre Impact sur la quantité d’équilibre
Choc en quantité (horizontal) : Le projet provoque un déplacement de l’offre ou de la demande de k unités vers la droite
Offre
[latex]\Delta p\ \% = - \left( \frac{k}{Q_0} \right) \times \left( \frac{1}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex] [latex]\Delta Q\ \% = + \left( \frac{k}{Q_0} \right) \times \left( \frac{\eta_D}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex]
Demande
[latex]\Delta p\ \% = + \left( \frac{k}{Q_0} \right) \times \left( \frac{1}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex] [latex]\Delta Q\ \% = + \left( \frac{k}{Q_0} \right) \times \left( \frac{\eta_O}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex]
Choc en valeur (vertical ) : Le projet provoque un déplacement vertical vers le haut de c$ de l’offre ou de la demande
Offre
[latex]\Delta p\ \% = + \left( \frac{c}{P_0} \right) \times \left( \frac{\eta_O}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex] [latex]\Delta Q\ \% = - \left( \frac{c}{P_0} \right) \times \left( \frac{\eta_D \times \eta_O}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex]
Demande
[latex]\Delta p\ \% = + \left( \frac{c}{P_0} \right) \times \left( \frac{\eta_D}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex] [latex]\Delta Q\ \% = + \left( \frac{c}{P_0} \right) \times \left( \frac{\eta_D \times \eta_O}{\eta_D + \eta_O} \right)[/latex]
[latex]\left( Q_0, P_0 \right)[/latex] : La quantité échangée et le prix sur le marché dans le scénario de référence.

Ces formules seront utilisées à plusieurs reprises dans la suite de ce manuel, notamment pour analyser l’incidence d’une taxe ou d’une subvention (chapitre 8) ou encore pour prévoir l’impact d’un projet qui accroît les coûts de production (chapitre 8).

Un exemple

Supposons que dans le scénario de référence, le prix sur un marché concurrentiel soit de 128 $ la tonne et la quantité échangée de 360 000 tonnes par année. L’élasticité-prix de la demande s’établit à = 1,77 et l’élasticité prix de l’offre à = 0,64.

  • Un projet qui ajoute une quantité fixe de 125 000 tonnes à l’offre entraînera une réduction du prix d’équilibre de 14,4 %, soit (125 000/ 360 000) x (1/2,41) et une hausse de la quantité échangée de 25,48 %. Sur cette base, le prix d’équilibre avec le projet devrait diminuer à environ 109,5 $ et la quantité s’accroître à 451 728 tonnes.
  • Un projet qui ajoute une quantité de 125 000 tonnes à la demande créera une hausse du prix d’équilibre de 14,4 % et une hausse de la quantité échangée de 9,22 %. Le prix d’équilibre avec le projet sera donc approximativement de 146 $ et la quantité échangée de 393 195 tonnes.
  • Un projet qui entraîne une hausse du coût marginal de 15 $ provoquera une hausse du prix d’équilibre de 3,31 % et une réduction de la quantité de 5,85 %. Le prix d’équilibre avec le projet devrait donc s’élever à environ 131 $ et la quantité à 338 940 tonnes.

Enfin, un projet qui accroît le consentement marginal à payer des acheteurs de 15 $ entraînera une hausse du prix de 8,6 % et une augmentation de la quantité échangée de 5,5 %. Le prix avec le projet devrait donc être d’environ 139 $ et la quantité de 379 800 tonnes.

4.5 Le CAP et sa répartition

D’une manière générale, il est important de retenir que le CAP, soit l’avantage brut généré par un marché, se répartira entre les différentes parties prenantes. La Figure 4.15 illustre une répartition possible :

  • Les consommateurs obtiennent le SC, soit l’avantage net pour les consommateurs ;
  • Les producteurs s’approprient le SP (ou profit d’opération). Le SP sert à couvrir les coûts fixes et le profit économique (ou la perte) ;
  • Les coûts des facteurs de production mobilisés pour produire, soit les coûts évitables.

D’autres répartitions sont possibles, comme nous le verrons dans la suite. Par exemple, l’État peut s’approprier une partie du CAP par l’imposition d’une taxe à l’achat. Si un facteur de production obtient une rémunération supérieure à son coût de renonciation, ce facteur obtient une rente (surplus des facteurs). Aussi, certains types de tarification peuvent réduire, en partie ou même complètement, le SC au profit des producteurs.

Figure 4.15 Répartition du CAP

Il est essentiel de se familiariser avec les différentes composantes possibles du CAP et de savoir jongler, comme avec un casse-tête, avec les données disponibles, pour en déduire le CAP ou certaines de ses composantes.

4.6 Conclusions

Dans ce chapitre, nous avons présenté les outils de base qui sont nécessaires pour effectuer des ACA.

Éléments clés à retenir

  • La surface sous la courbe de demande entre deux niveaux de quantités mesure le CAP pour accroître la production entre ces deux niveaux. Elle permet d’établir l’avantage brut pour les consommateurs de ce changement dans la quantité disponible. Celui-ci mesure aussi l’avantage social si la demande traduit réellement l’avantage social, c’est-à-dire s’il n’y a pas d’avantages externes à la consommation du bien ;
  • Le coût économique de la production correspond à la somme du coût de renonciation de toutes les ressources mobilisées pour la production d’un bien ou d’un service ;
  • Ce coût peut s’interpréter comme la valeur économique qu’il serait possible de générer si les facteurs de production avaient été affectés à leur meilleur usage alternatif ;
  • Les coûts financiers ou comptables ne mesurent pas toujours adéquatement le coût économique des ressources mobilisées et ignorent le coût de renonciation de certaines ressources qui ne donnent pas lieu à des dépenses ;
  • Les courbes de coût moyen et de coût marginal permettent de caractériser la fonction de coût ;
  • La surface sous la courbe du coût marginal entre deux niveaux de production mesure le coût des ressources nécessaires pour réaliser ce changement dans le niveau de production. Il s’agit d’un coût de renonciation, c’est-à-dire de la valeur à laquelle on renonce en mobilisant des facteurs de production pour produire cette quantité. Cette mesure représente aussi le coût social de la production s’il n’y a pas de coûts externes ;
  • Le changement dans le surplus du consommateur permet de mesurer l’avantage net sur les consommateurs (l’avantage moins la dépense), alors que le surplus du producteur mesure l’avantage net sur les producteurs (soit le profit opérationnel, qui est égal aux revenus moins les coûts d’exploitation) ;
  • On peut prévoir les effets d’un projet sur le prix et la quantité échangée dans un marché concurrentiel lorsque ce projet provoque un déplacement de la courbe de demande ou d’offre, en utilisant les valeurs des élasticités-prix de la demande et de l’offre;
  • Le CAP se répartit entre les différents intervenants du marché. Cela comprend notamment le SC, le SP et le coût des ressources mobilisées.

Retour sur la motivation : l’ACA de l’exposition temporaire

Un musée envisage d’organiser une exposition temporaire dont le coût total s’élèverait à 2 millions de dollars. Les organisateurs anticipent la venue de 300 000 visiteurs durant l’exposition, moyennant un prix d’entrée de 5 dollars par personne. Pour financer ce projet, le musée sollicite une subvention du gouvernement. En tant qu’analyste du ministère de la Culture, vous avez pour mission de revoir l’analyse de ce projet effectuée par un stagiaire sous votre direction. Voici le résumé de son analyse :

Tableau 4.1 Les avantages et les coûts de l’exposition (en million de dollars)
Impact Valeur en million de dollars
L’avantage pour les visiteurs 1,5
Les avantages intangibles (effets externes positifs, attraits touristiques, etc.) 0,1
Coût total de l’exposition 2
VAN -0,4 million

Le stagiaire conclut que ce projet n’est pas socialement rentable.
Qu’en pensez-vous ?

Réponse

L’erreur du stagiaire est de ne pas considérer la possibilité que le consentement à payer des visiteurs puisse être supérieur à ce qu’ils paient réellement. En d’autres termes, le stagiaire ignore le SC ou, implicitement, il suppose que ce surplus est nul, une hypothèse éventuellement restrictive.

Pour inclure le SC, il faudrait obtenir plus d’informations sur la courbe de la demande. Par exemple, il faudrait déterminer quel serait l’achalandage à d’autres niveaux de prix ou encore obtenir une estimation de l’élasticité-prix de la demande.

À partir des informations disponibles, il est seulement possible de constater que le projet devient socialement rentable si le surplus du consommateur moyen est d’au moins 1,33 $, soit 0,4 million divisé par 300 000 visiteurs. Alternativement, si l’on suppose une demande linéaire, le prix de réserve devrait être d’au moins 7,66 $, ce qui n’est en fin de compte pas très élevé !

Exercices

  1. (*) Le Canada applique un système de gestion de l’offre dans le secteur laitier et dans celui de la volaille. Ce système combine des quotas de productions domestiques et des tarifs douaniers qui limitent les importations. Cela stabilise les prix et les maintient à des niveaux plus élevés qu’aux États-Unis, où il n’y a aucune gestion de l’offre. On vous demande d’évaluer l’impact de ce système chez les consommateurs de beurre canadiens. Un inventaire des connaissances vous a déjà permis de collecter les données suivantes sur ce marché (données de 2012) :
    • Le prix du beurre est en moyenne 30 % plus cher au Canada qu’aux États-Unis ;
    • L’élasticité-prix de la demande de beurre a été évaluée à 0,9.

    Sur la base de ces informations, pouvez-vous déterminer l’impact du système de gestion de l’offre sur les consommateurs ? Quelles hypothèses éventuelles devez vous émettre ? Quelles sont les informations supplémentaires dont vous avez besoin ? Trouvez ces informations complémentaires et calculez en l’impact. Indiquez clairement les sources que vous utilisez pour rassembler l’information.

  2. Comment l’équilibre d’un marché serait-il affecté par un projet qui vise à réduire les coûts de production de 10 $ par tonne dans une industrie concurrentielle, en simplifiant les procédures réglementaires ? Dans le scénario de référence, le prix du marché est de 150 $ par tonne et la quantité échangée est de 525 000 tonnes par an, avec une élasticité-prix de la demande estimée à 3,2 et celle de l’offre à 1,5. Évaluez l’équilibre du marché en prenant en compte ce projet.
  3. (*) On évalue les besoins additionnels d’électricité à 50 TWh. La Figure ci-dessous montre la courbe du coût marginal de cette production supplémentaire. Un programme d’efficacité énergétique permettrait de réduire de 10 % ces besoins additionnels.
Figure 4.16 Structure des coûts de la production d’électricité

Annexe 1 : La demande à élasticité constante

À part la courbe de demande linéaire, il existe d’autres formes fonctionnelles, comme la demande à élasticité constante. Cette demande a la forme suivante :

[latex]Q_D = Ap^{-\eta_d}[/latex]

avec A, une constante qui détermine l’ampleur de la demande[9].

La fonction inverse de cette demande est donnée par :

[latex]p = \left( \frac{A}{Q^D} \right)^{\eta_d}[/latex]

Et le surplus du consommateur lorsque le prix est p est égal à :

[latex]\text{SC} \left( p \right) = \int_p^{+\infty} A p^{-\eta_d} \ \text{d}p = \frac{Ap^{1-\eta_d}}{\eta_d - 1}[/latex]

Il est possible d’utiliser cette forme fonctionnelle dans l’exemple du chapitre sur l’impact d’une taxe nutritionnelle de 15 % sur les sodas. On peut en effet calibrer une fonction de demande à élasticité constante à partir de l’observation selon laquelle la quantité est de 820 millions de litres lorsque le prix moyen est de 1 $ le litre. Il est simple de déterminer que A = 820 millions de litres, de sorte que la courbe de demande est donnée par :

[latex]Q = 820 p^{-0,8}[/latex]

Ainsi, la hausse du prix à 1,15 $ réduit la quantité de 820 millions à 733,25 millions de litres, ce qui est un peu différent de l’évaluation linéaire. Le calcul exact du changement du surplus ([latex]\Delta \text{SC}[/latex]) est donné par :

[latex]\Delta \text{SC} = -\int_{1}^{1,15} 820 p^{-0,8} \text{d}p = -\left[ \left( \frac{820}{0,2} \right) p^{0,2} \right]_{1}^{1,15} = -116,2 \text{ millions de }\$.[/latex]

Annexe 2: Démonstration des formules du Tableau 4.2

Démontrons la validité de la formule suivante : [latex]\frac{\Delta P}{P} \% = - \frac{\left(k / Q_0 \right)\%}{\eta_o + \eta_d} \quad (1)[/latex]

Considérons l’impact sur le prix d’équilibre d’une variation exogène de la quantité offerte dans un marché. La condition d’équilibre du marché exige :

[latex]D \left(p \left( Q + k \right) \right) = O \left(p \left( Q + k \right) \right) + k \quad (2)[/latex]

Avec  la quantité mise sur le marché par le projet, [latex]O \left(p \left( Q + k \right) \right)[/latex] représente l’offre des entreprises existantes, qui dépend du prix d’équilibre dans le marché [latex]p \left( Q + k \right)[/latex]. Celui-ci dépend lui-même de la quantité totale échangée dans le marché, soit [latex]Q + k[/latex]. Examinons l’impact d’un changement dans [latex]k[/latex] en différenciant totalement la relation [latex](2)[/latex] par rapport à [latex]k[/latex] :

[latex]\frac{\Delta D}{\Delta p} \times \frac{\Delta p}{\Delta k} = \frac{\Delta O}{\Delta p} \frac{\Delta p}{\Delta k} +1[/latex]

Après manipulation, on obtient :

[latex]\frac{\Delta p}{\Delta k} = - \frac{1}{\frac{\Delta O}{\Delta p} - \frac{\Delta D}{\Delta p}} \quad (3)[/latex]

On multiplie le numérateur et le dénominateur du terme de droite par [latex]\frac{\Delta Q}{\Delta p}[/latex], de sorte qu’on obtient, après quelques manipulations :

[latex]\frac{\Delta p}{p} = \frac{k/Q}{\eta_o + \eta_d} \quad (4)[/latex]

Il est possible de démontrer les autres formules en utilisant le même type de raisonnement.

Bibliographie

Greenlaw, S.A. et Shapiro, D. (2017). Principles of Microconomics (2e éd.). OpenStax. https://openstax.org/books/principles-microeconomics-2e/pages/preface

Hutchinson, E. et Taylor, T. (2017). Principles of Microeconomics. University of Victoria. https://pressbooks.bccampus.ca/uvicecon103/

Nicholson W. et Snyder C. (2012). Microeconomic Theory : Basic Principles and Extensions, (11e ed.), South-Western.


  1. Les manuels d'introduction à la microéconomie offrent une présentation détaillée de ces concepts. Greenlaw et Shapiro (2017) et Hutchinson et Taylor (2017) sont disponibles en accès libre.
  2. En Anglais, Willingness To Pay (WTP).
  3. En Anglais, Willingness To Accept (WTA).
  4. Notons que l’aire située sous la courbe de la demande représente en réalité une approximation qui surestime le véritable CAP et sous-évalue le vrai CAR. Le degré d’approximation dépend de l’importance de l’effet de revenu, c’est-à-dire de l’impact d’un changement du prix du bien sur le pouvoir d’achat de l’individu. Et l'ampleur de cet effet dépend notamment de la part qu’occupe le bien dans le budget. Une hausse du prix du sel aura un impact minime sur le pouvoir d’achat, puisque ce bien représente une faible part des dépenses totales. En revanche, une augmentation du prix des loyers entraînera un effet notable sur son revenu. L’utilisation de la demande pour mesurer le CAP et le CAR dans ce marché est donc discutable.
  5. La terminologie habituelle est celle de surplus du consommateur, même s’il était plus logique de faire référence au surplus des consommateurs.
  6. Notons qu’il s’agit d’une approximation, dans la mesure où l’élasticité-prix peut varier avec le niveau du prix. L’approximation sera d’autant plus précise que la variation du prix sera faible.
  7. À ne pas confondre avec le capital financier, qui n’est pas un intrant, mais plutôt un moyen de financer du capital physique.
  8. Les coûts fixes ne se mesurent pas non plus par l’ordonnée à l’origine. En effet, ce point mesure plutôt le coût marginal lorsque la production est initialement nulle.
  9. Il s’agit d’une forme fonctionnelle souvent employée dans les évaluations empiriques de la demande, puisqu’elle est log linéaire, c’est-à-dire qu’elle peut se linéariser en prenant le log de cette fonction.
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Introduction à l’analyse coût-avantage Droit d'auteur © 2024 par Philippe Barla est sous licence Licence Creative Commons Attribution 4.0 International, sauf indication contraire.

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