15 Les méthodes directes

Motivation et objectifs d’apprentissage

Un projet vise à réhabiliter des milieux humides qui ont été remblayés. Comment établir la valeur sociale générée par ce projet, et particulièrement comment déterminer la valeur d’existence de ces milieux ?

Les méthodes indirectes que nous avons décrites dans le chapitre précédent mesurent les traces laissées par des effets intangibles dans des marchés. Cette approche exige la conception d’un cadre théorique complexe et n’est pas toujours applicable à tous les contextes. De plus, ces méthodes indirectes saisissent essentiellement la valeur d’usage. C’est pour pallier ces enjeux que les méthodes directes ont été développées. Elles consistent à demander, dans le cadre d’une enquête auprès d’un échantillon représentatif, le consentement à payer maximal pour un changement d’un bien non marchand. Il s’agit donc d’une approche qui s’appuie sur des préférences déclarées plutôt que révélées par des choix réels. Les répondants sont placés dans un contexte hypothétique, ce qui peut influencer le montant du consentement qu’ils déclarent ; cela constitue ainsi la principale critique de cette approche. Au cours des dernières décennies, ces techniques se sont raffinées, et la validité des résultats a été évaluée. En raison de leur flexibilité, elles sont aujourd’hui fréquemment employées.

À la fin de ce chapitre, vous serez en mesure de comprendre les principes, les avantages et les limitations de :

  1. L’évaluation contingente ;
  2. L’analyse conjointe.

15.1 L’évaluation contingente

15.1.1 Le principe et le champ d’application

Le principe de la méthode d’évaluation contingente consiste à demander directement à un échantillon représentatif de la population concernée d’évaluer leur consentement à payer maximal (CAP) ou leur consentement à recevoir minimal (CAR) pour un changement dans un bien non marchand.

On pourrait, par exemple, demander aux répondants : « Quel est le montant maximal que vous seriez prêt à payer en plus pour acheter un véhicule qui serait 75 % moins polluant qu’un véhicule conventionnel ? » ou « Quel est le montant maximal que vous seriez prêt à débourser annuellement pour protéger un écosystème particulier ? » ou encore « Quelle serait la compensation annuelle minimale qui vous ferait accepter l’installation d’une éolienne dans votre voisinage ? »

Cette approche plonge le répondant dans un contexte hypothétique de marché où il doit prendre une décision. Elle se base donc sur des préférences déclarées (stated preferences) plutôt que sur des préférences révélées par des choix réels.

Étant donné son caractère hypothétique, cette méthode possède un champ d’application très vaste, comme l’illustre le Tableau 15.1 par quelques exemples. De plus, elle présente l’avantage de permettre d’évaluer toute la valeur économique d’un bien non marchand, et non seulement sa valeur d’usage, comme c’est le cas pour les méthodes indirectes. En effet, le répondant devrait normalement prendre en compte toutes les sources de valeur pour établir sa volonté de payer. Il est, par exemple, possible d’évaluer le consentement à payer pour préserver une espèce animale qui n’est d’aucune utilité pour l’homme.

Tableau 15.1 Quelques exemples d’utilisation de l’évaluation contingente
Référence Domaine Bien non marchand
Pollicino et Maddison (2001)
Culture
Consentement à payer pour nettoyer les façades d’une cathédrale
Abate et al., (2020)
Environnement
Consentement à payer pour réduire la pollution par le plastique des océans
Laframboise et Michaud (1995)
Environnement
Valeur économique de l’impact des lignes à haute tension sur les paysages
Alberini A. et al., (2004)
Santé
Consentement à payer pour réduire les risques de mortalité (valeur de la vie)
Dieng, He, Poder (2020)
Santé
Consentement à payer pour la prise de médicaments favorisant l’ovulation en cas d’infertilité
Johnson, Groothuis et Whitehead (2001)
Sport
Consentement à payer pour la « fierté » d’avoir une équipe de hockey professionnelle (valeur d’existence)

L’enjeu méthodologique principal de l’évaluation contingente réside dans la création de contextes hypothétiques crédibles, compréhensibles et acceptables pour les répondants. Au fil des dernières décennies, cette méthode a fait l’objet de nombreuses recherches méthodologiques visant à affiner la manière de révéler la valeur et à évaluer la fiabilité des estimations obtenues.

En 1993, un groupe d’experts a publié, pour le compte de la U.S. National Océanic and Atmospheric Administration, une série de lignes directrices visant à garantir la meilleure fiabilité possible des évaluations contingentes (voir Johnston et al., 2017 pour des lignes directrices plus récentes). À la suite de ce rapport, les tribunaux des États-Unis ont commencé à accepter les évaluations fondées sur ces techniques pour évaluer les dommages, comme ceux causés par l’échouement de l’Exxon Valdez en Alaska, en 1989. L’évaluation contingente est grandement utilisée dans le domaine de l’environnement, mais elle gagne également en popularité dans les domaines de la santé, de la culture et du sport.

15.2 Les étapes pour mener une évaluation contingente

Pour mener une évaluation contingente, on peut distinguer trois grandes étapes :

  1. Établir le contexte hypothétique des choix ;
  2. Établir le questionnaire et mener l’enquête ;
  3. Effectuer l’analyse statistique des résultats.

15.2.1 Établir le contexte hypothétique des choix

La première étape de l’évaluation contingente consiste à bien cerner l’effet non marchand à évaluer et à établir un contexte hypothétique aussi réaliste que possible, qui sera soumis aux répondants du sondage. Par exemple, les lignes électriques peuvent affecter négativement les paysages. Pour évaluer cet impact, on peut construire un scénario hypothétique pour un projet d’enfouissement des lignes et sonder la population concernée sur son consentement à payer maximal pour ce projet. Le défi réside dans l’établissement d’une situation compréhensible, plausible et concrète. Dans notre exemple, on peut illustrer l’impact visuel du projet d’enfouissement en montrant des photos retouchées dans lesquelles les lignes électriques ont disparu.

Il est essentiel de décrire en détail le statu quo ainsi que le projet proposé, en précisant également le mode de paiement envisagé (par exemple, au moyen d’une hausse des taxes foncières, des dons, une augmentation des taxes de vente, etc.). Plus les scénarios présentés aux répondants seront concrets et réalistes, plus il sera probable d’obtenir des valeurs réalistes lors de l’évaluation. Il est également important de déterminer l’approche retenue pour révéler la valeur telle que décrite dans la section 15.3.

15.2.2 Établir le questionnaire et mener l’enquête

La deuxième étape de l’évaluation contingente consiste à créer le questionnaire, à le tester, puis à l’administrer à un échantillon représentatif de la population cible. Généralement, le questionnaire comprend trois parties :

  1. Une série de questions sur le niveau des connaissances et les aptitudes du répondant par rapport à l’objet à évaluer, par exemple, son niveau de connaissance sur les enjeux liés aux menaces sur la biodiversité ;
  2. La présentation de la situation initiale (statu quo) du ou des scénarios contingents, et le questionnement sur le consentement à payer ou à recevoir. À ce stade, il est recommandé de rappeler aux répondants les implications de leur réponse sur leur budget. Il peut également être utile de les questionner à plusieurs reprises et sous différentes formes sur leur consentement à payer pour le projet, par exemple, en utilisant des relances ;
  3. Des questions sur les caractéristiques socio-économiques du répondant.

Comme pour toute enquête, la conception et la rédaction du questionnaire doivent être réalisées avec le plus grand soin. Le questionnaire doit faire l’objet de tests, soit auprès de groupes de discussion, soit dans une enquête pilote. L’échantillon doit s’avérer représentatif de la population cible et être de taille appropriée, puis le mode d’enquête doit être sélectionné (en personne, par téléphone, en ligne, etc.).

Il est important de noter que la source de la valeur peut être différente pour différents groupes de la population. Par exemple, les résidents proches d’un projet de création d’une réserve faunique peuvent accorder une valeur liée à l’usage s’ils visitent ces lieux, tandis que les personnes éloignées n’auront qu’une valeur liée à l’existence du projet. Par conséquent, le questionnaire devra éventuellement être modulé en fonction du groupe ciblé. Par exemple, pour les répondants proches de la réserve, il pourrait s’avérer utile de connaître la fréquence des visites de la réserve. Cette adaptation du questionnaire en fonction des caractéristiques spécifiques des différents groupes permet donc éventuellement de cerner les différentes sources de valeur associées à l’effet non marchand étudié.

Champ (2017) propose de bonnes pratiques pour la collecte des données sur l’évaluation des effets intangibles, ce qui peut constituer une ressource précieuse pour la conception et la mise en œuvre du questionnaire dans le cadre d’une évaluation contingente.

15.2.3 Effectuer une analyse statistique des résultats

La dernière étape de l’évaluation contingente consiste à effectuer une analyse statistique des réponses, afin d’établir l’effet des caractéristiques du projet et des facteurs socioéconomiques sur le consentement à payer déclaré. Cette analyse permet d’estimer la fiabilité de l’évaluation contingente, en testant si la valorisation est cohérente avec les prédictions de la théorie économique. Par exemple, on peut vérifier si le consentement à payer déclaré augmente vraiment avec la taille de l’écosystème protégé par le projet, si le revenu du répondant a un impact positif sur le consentement à payer[1], ou encore si la demande pour le bien non marchand est bien décroissante avec le « prix ».

L’analyse statistique est également utile pour effectuer des extrapolations à d’autres projets à partir de la méthode du transfert (voir Chapitre 13). 

15.3 Les approches pour révéler la valeur

15.3.1 Le CAP ou le CAR

L’analyste doit d’abord déterminer si l’enquête évalue le consentement à payer (CAP), le consentement à recevoir (CAR) ou les deux. Il est recommandé de privilégier autant que possible le CAP. En effet, les questionnaires s’appuyant sur le CAR ont tendance à fournir des évaluations nettement plus élevées que ceux reposant sur le CAP. Une des raisons de cette différence peut être liée à la contrainte budgétaire, qui est probablement plus saillante lorsque l’individu doit déclarer le montant qu’il serait prêt à payer plutôt que le montant qu’il devrait recevoir.

En revanche, il existe des contextes où questionner les répondants sur leur CAP serait tout simplement inapproprié, ce qui pourrait conduire à un refus de répondre ou à des réponses farfelues (voir Whittington et al., 2017). Par exemple, il serait difficile d’imaginer demander à des résidents combien ils seraient prêts à payer pour qu’un site d’enfouissement des déchets ne soit pas installé dans leur voisinage.

Dans la suite de notre analyse, nous nous concentrerons sur l’évaluation du CAP, tout en tenant compte des situations où l’évaluation du CAR peut s’avérer plus appropriée ou nécessaire.

15.3.2 Les différentes approches pour obtenir le CAP

Il existe plusieurs approches pour obtenir le CAP des répondants. Les principales sont présentées dans le Tableau 15.2, qui utilise l’exemple d’un projet d’enfouissement de lignes électriques[2]. Ce tableau synthétise également les avantages et les limites de chaque approche, ce qui permet d’évaluer leur pertinence et leur applicabilité dans le contexte spécifique de l’évaluation contingente de ce projet.

Tableau 15.2 Les approches pour révéler le CAP de l’enfouissement de lignes électriques
Approches et exemples Avantages/Limites
Question ouverte

« Quel est le montant maximal que vous accepteriez de payer par année pour qu’on enfouisse la ligne d’électricité ? Le paiement s’effectuera sous la forme d’une augmentation de vos taxes foncières. »

(+) Simple.

(-) Risques de valeurs hors-norme et de non-réponse.

Question sous-forme d’enchères

« Seriez-vous prêt à payer 25 $ de plus en taxes municipales par année pour que les lignes soient enfouies ? » Si oui, on demande pour un montant plus élevé (par exemple, 35 $) et on continue jusqu’à ce que le répondant refuse. Sinon, on diminue le montant.

(+) Réduit les valeurs extrêmes.

(-) Risque de biais de point de départ (effet d’ancrage).

(-) Risque de fatigue pour le répondant.

Question avec carte de paiement

« Parmi les suppléments annuels de taxes municipales proposés ci-dessous, quel est celui que vous seriez prêt à payer au maximum pour que les lignes soient enfouies :0 $, 50 $, 100 $, 200 $ ou 500 $ ? »

(+) Évite les valeurs hors-norme.

(-) Risque de biais lié aux choix de montants sur la carte.

Méthode de choix dichotomique (référendum)

« Êtes-vous prêt à payer un supplément annuel de x $ en taxes municipales pour que les lignes soient enfouies ? »

Avec x $, un montant qui varie selon les répondants.

(+) Approche simple pour le répondant.

(+) Moins de risques de biais.

(-) Récolte peu d’informations par répondant. Traitement statistique plus complexe.

Méthode de choix dichotomique à double proposition

Même question que la méthode de choix dichotomique, mais on pose une deuxième fois la question avec un montant plus élevé si le premier montant a été accepté, ou plus faible si le premier montant a été rejeté.

(+) Récolte plus d’informations qu’avec la méthode dichotomique.

(-) Risque d’effet d’ancrage.

La première approche consiste à poser une question ouverte dans laquelle les répondants sont invités à proposer un montant pour lequel ils seraient prêts à payer. Cette méthode a l’avantage d’être simple et de ne pas influencer les répondants en leur proposant des valeurs spécifiques. Cependant, elle exige un effort mental important de la part des répondants, qui doivent estimer la valeur d’un bien sur lequel ils ont peu de références. De plus, elle correspond finalement assez peu au processus du marché habituel, ce qui peut conduire à des valeurs extrêmes ou à des taux de réponse moins élevés.

Une autre approche est celle de l’enchère, dans laquelle les répondants réagissent à des montants croissants, jusqu’à ce qu’ils atteignent leur CAP. Cette méthode réduit les risques des valeurs extrêmes et correspond mieux au fonctionnement de certains marchés. Cependant, elle est sujette à un effet d’ancrage, dans lequel le premier montant proposé peut influencer la réponse. De plus, elle peut entraîner un effet de fatigue chez les répondants, qui doivent répondre à plusieurs reprises lors du processus d’enchère.

Une troisième approche consiste en la méthode par carte de paiement, dans laquelle les répondants choisissent un montant dans une liste prédéfinie de valeurs. Cette méthode est simple et évite les valeurs extrêmes, mais les choix des montants présentés sur la liste peuvent influencer les réponses des répondants.

L’approche de choix dichotomique ou référendaire consiste à demander aux répondants d’accepter ou de refuser de payer un montant donné pour un changement dans le bien non marchand. Cette méthode évite les réponses hors norme, l’effet d’ancrage et l’enjeu de la valeur maximale des cartes de paiement. Elle correspond davantage à un processus habituel de marché.

Cette approche nécessite une taille d’échantillon plus importante, car elle fournit moins d’informations par répondant. En effet, dans ce type de questionnement, on apprend seulement si le CAP d’un répondant est supérieur (en cas de réponse positive) ou inférieur (en cas de réponse négative) au montant qui lui a été proposé. Par conséquent, l’analyse des résultats est plus complexe.

La Figure 15.1 offre un exemple d’un nuage de points résultant d’une question de type référendaire. Sur ce graphique, l’axe horizontal mesure la proportion des répondants qui acceptent l’offre, tandis que l’axe vertical représente le CAP proposé. Ainsi, pour un montant proposé de 100 $, 10 % des répondants acceptent la proposition. Cette figure présente également une droite de régression linéaire qui correspond à la courbe de la demande d’un répondant moyen. Toutefois, l’axe horizontal de cette droite mesure la probabilité d’acceptation du projet plutôt que la quantité. Néanmoins, malgré cette distinction, l’aire sous la courbe, approximativement de 60 $ par an, demeure une estimation du CAP moyen d’un répondant.

Il est important de noter que le nuage de points comprend dans la réalité généralement beaucoup plus d’observations. De plus, le modèle statistique estimé sera plus sophistiqué, notamment en prenant en compte le fait que la variable dépendante est strictement comprise entre 0 et 1. Le modèle d’estimation de la demande comprendra également d’autres facteurs explicatifs, notamment les caractéristiques sociodémographiques des répondants, telles que le revenu, l’âge et le sexe.

 

Figure 15.1 Représentation des réponses et de la demande estimée pour un répondant moyen

OCDE (2018) souligne le fait que cette méthode présente une tendance à produire des valeurs de CAP plus élevées que d’autres approches. Cela pourrait s’expliquer par une propension à l’assentiment, d’après laquelle les réponses positives sont plus valorisées par les répondants. Néanmoins, cette approche est généralement considérée comme faisant partie des meilleures pratiques.

Enfin, la méthode dichotomique à double proposition constitue une variante de la méthode précédente. Après avoir obtenu une réponse de type « oui » ou « non » à une première proposition, le répondant doit répondre à une deuxième offre, qui est ajustée en fonction de sa première réponse. Le deuxième montant sera augmenté s’il a répondu oui à la première proposition et diminué s’il a refusé l’offre initiale. Cette approche permet de récolter plus d’informations par répondant, car elle permet d’adapter la deuxième proposition en fonction de la première réponse. Cependant, elle peut souffrir d’un biais d’ancrage, puisque la première proposition influence nécessairement la réponse à la deuxième proposition.

15.3.3 CAP moyen ou médian

Tel que mentionné précédemment, certaines réponses peuvent se trouver hors norme. Par exemple, dans le cas d’une question ouverte, certains répondants pourraient indiquer un CAP extrêmement élevé, soit parce qu’ils n’ont pas bien compris la question, soit parce qu’ils agissent de manière stratégique. Ces valeurs extrêmes peuvent avoir un effet non négligeable sur le calcul du CAP moyen. Pour réduire cet inconvénient, il est conseillé de calculer également le CAP médian, qui est moins sensible aux valeurs extrêmes et offre une mesure de tendance centrale plus robuste. De plus, certaines techniques statistiques peuvent être employées afin d’identifier et d’éliminer des observations problématiques (outliers) qui pourraient fausser l’analyse des résultats.

15.4 L’analyse conjointe

L’analyse conjointe, connue également sous le nom d’« analyse de choix discrets », est une méthode qui s’appuie sur les préférences déclarées. Elle offre la possibilité d’évaluer non seulement les variations quantitatives, mais aussi qualitatives d’un bien non marchand. Par conséquent, l’analyse conjointe se révèle particulièrement appropriée pour évaluer les modifications des attributs des biens non marchands.

L’analyse conjointe pourrait être utilisée, par exemple, pour évaluer le CAP pour de projets visant à améliorer la qualité d’un lac. Ces projets peuvent être caractérisés par différents attributs, tels que la biodiversité, la transparence de l’eau, la fonction de régulation des inondations et la possibilité de baignades. Le coût des projets lui-même peut être considéré comme un attribut distinct. Il est aussi essentiel de définir clairement les valeurs possibles de ces attributs, par exemple, la biodiversité peut être faible, intermédiaire ou élevée. Il faut s’assurer de bien expliquer ces attributs et leurs valeurs aux répondants.

Tableau 15.3 Exemple d’un scénario de choix proposé dans une analyse conjointe

Voici deux projets qui améliorent les différents aspects de la qualité de l’eau du lac. Si vous choisissez le projet A ou le projet B, vous devrez en payer le coût annuel sous forme d’une hausse de taxes municipales. Si vous choisissez le statu quo, il n’y aura aucun paiement supplémentaire, mais la qualité de l’eau du lac ne s’améliorera pas.

Projet A Projet B Statu quo
Niveau de biodiversité Moyenne Élevée Faible
Clarté de l’eau (transparence) Moyenne Bonne Moyenne
Protection contre les inondations Bonne Forte Moyenne
Possibilité de s’y baigner Non Oui Non
Coût annuel 250 $ 400 $ 0 $
Je préfère

Une fois les données collectées, il est possible de déterminer le consentement à payer spécifique pour chacun des attributs, à l’aide de méthodes statistiques appropriées (Louviere et al., 2000, Hersher et al., 2005, Holmes et al., 2017). Par exemple, il serait envisageable d’estimer le consentement médian à payer pour rendre l’eau d’un lac propre à la baignade ou pour préserver un niveau élevé de biodiversité. La section 15.6.2 présente un exemple concret d’analyse conjointe appliquée à l’évaluation des services écologiques fournis par les terres humides au Québec.

15.5 Les biais et la fiabilité

Ces techniques d’évaluation directe ont été abondamment étudiées afin d’identifier et de minimiser les risques de biais. Par ailleurs, des recherches ont été entreprises pour évaluer la fiabilité des résultats obtenus grâce à ces méthodes.

15.5.1 Le biais hypothétique

Le biais hypothétique se réfère à la tendance des répondants à surestimer leur consentement maximal à payer lorsqu’ils répondent à des questions hypothétiques, puisque leurs réponses n’entraînent aucune conséquence financière réelle.

Comme nous l’avons mentionné précédemment, ces méthodes reposent sur des choix hypothétiques plutôt que sur des choix réels. Par conséquent, les réponses fournies n’ont pas d’impact direct sur le portefeuille des répondants, ce qui peut les inciter à déclarer des montants plus élevés, afin de paraître généreux.

Ce problème est particulièrement préoccupant lorsqu’on cherche à évaluer la valeur de biens ou de ressources pour lesquels les répondants n’ont jamais été confrontés à la nécessité de réfléchir à leur valeur monétaire. Pour atténuer ce biais, il est essentiel de rendre les scénarios proposés aux répondants aussi réalistes et concrets que possible.

Il est également recommandé de sensibiliser explicitement les répondants à cet enjeu. Par exemple, les instructions du questionnaire peuvent comporter un avertissement contre ce biais et encourager les répondants à déclarer leur consentement à payer comme s’ils devaient réellement effectuer le paiement.

15.5.2 Le biais stratégique

Dans un cadre de choix hypothétique, les répondants peuvent être influencés par des considérations stratégiques. Par exemple, un répondant favorable à un projet peut exagérer le montant de son consentement maximal à payer s’il pense que cela pourra augmenter les chances de réalisation du projet, tout en croyant que cela n’aura aucune incidence sur le montant qu’il devra réellement débourser. À l’inverse, un répondant pourrait sous-estimer son CAP par crainte que sa réponse n’ait une incidence sur le montant réel qu’il devra payer (effet de resquillage).

15.5.3 Le biais d’inclusion

Le biais d’inclusion (embedding) ou d’insensibilité à l’étendue correspond à l’absence de lien positif entre les CAP déclarés et l’ampleur du changement dans le bien non marchand.

La théorie économique prévoit que le consentement maximal à payer pour un bien, y compris un bien non marchand, devrait augmenter avec la quantité du bien proposée. Par exemple, le CAP pour protéger 100 hectares d’un écosystème devrait être plus élevé que celui pour protéger 10 hectares. Cependant, il arrive parfois que cette relation attendue ne se manifeste pas dans les réponses des évaluations contingentes. Cette absence de lien peut indiquer que les répondants déclarent un CAP non pas pour la valeur intrinsèque du bien non marchand en question, mais plutôt pour le sentiment de contribuer à une cause noble.

Ce problème semble particulièrement présent lorsque le bien non marchand est peu familier ou lorsque sa quantité est inhabituelle (par exemple, un projet qui réduit le risque de mortalité de 1 pour 10 000). Il est donc conseillé de trouver des moyens de bien faire comprendre l’ampleur des scénarios étudiés. Les aides visuelles peuvent s’avérer utiles à cet égard. De plus, il est recommandé de concevoir le questionnaire de manière à ce que le lien entre la quantité et le CAP puisse être testé, ce qui peut aider à identifier les situations où ce lien n’est pas conforme aux attentes théoriques.

15.5.4 Le biais d’ancrage

Comme nous l’avons mentionné précédemment, le biais d’ancrage, également appelé « biais de point de départ », désigne la tendance des répondants à s’accrocher aux premières informations ou aux premiers choix présentés lorsqu’ils prennent une décision.

Le biais d’ancrage peut conduire à ce que le choix initial proposé conditionne indûment les choix ultérieurs. Ce phénomène risque particulièrement de se produire lorsque plusieurs scénarios complexes sont présentés aux répondants, car ils peuvent devenir plus enclins à s’appuyer sur les premières informations ou sur les premières valeurs qui leur sont fournies pour orienter leurs réponses, même si ces choix ne reflètent pas nécessairement leurs véritables préférences ou valeurs. Cela souligne l’importance de concevoir les questionnaires d’évaluation contingente de manière à minimiser l’impact potentiel du biais d’ancrage, par exemple, en présentant les scénarios de manière aléatoire ou en utilisant des techniques de présentation des informations qui réduisent l’effet de cet ancrage initial.

15.5.5 Le biais informationnel

Le biais informationnel, parfois appelé « biais de cadrage », réfère à la tendance pour le CAP à dépendre de la qualité et de la quantité d’informations fournies aux répondants. Cela signifie que les réponses peuvent être influencées par la manière dont les informations sont présentées ainsi que par la quantité et la qualité de ces informations. Par exemple, si les répondants reçoivent des informations détaillées et précises concernant un bien non marchand, cela peut influencer leur évaluation de sa valeur et donc leur CAP déclaré.

Pour contrer le biais informationnel dans les évaluations contingentes, il est recommandé de fournir aux répondants des informations précises, crédibles et compréhensibles sur les biens non marchands étudiés. Les aides visuelles, telles que les photos ou les vidéos, peuvent constituer des outils efficaces pour communiquer de manière claire et concise. Il est également important de prendre en compte le moment où l’information est transmise aux répondants, car cela peut entraîner certaines conséquences sur leurs réponses.

Ainsi, toutes les informations sur les scénarios proposés peuvent être expliquées avant que le répondant ne soit invité à déclarer son consentement à payer (CAP). Cette approche permet aux répondants d’obtenir une vision globale de toutes les options avant de prendre leur décision.

À l’inverse, l’information peut être présentée de manière séquentielle, où un scénario est proposé et le répondant exprime ensuite son choix, suivi par la présentation d’un autre scénario, et ainsi de suite. Cette approche peut aider à éviter la surcharge d’informations et permettre aux répondants de se concentrer sur chaque scénario individuellement, mais elle s’avère plus susceptible de mener à un biais d’ancrage.

15.5.6 Les autres biais

En plus des biais spécifiques à l’évaluation contingente, cette méthode est sujette aux difficultés habituelles des enquêtes. Parmi celles-ci, on trouve notamment :

  1. La représentativité de l’échantillon : Il est crucial que l’échantillon de répondants soit représentatif de la population cible, pour que les résultats puissent être généralisés à cette population. Si l’échantillon n’est pas représentatif, cela peut introduire un biais dans les résultats ;
  2. Les biais de non-réponse : Lorsque certains individus sélectionnés pour participer à l’enquête refusent de répondre, cela peut entraîner des biais si ces individus diffèrent de ceux qui acceptent de participer. Par exemple, si les personnes ayant des opinions extrêmes sont plus susceptibles de répondre, cela peut biaiser les résultats ;
  3. Les biais liés à la formulation des questions : La manière dont les questions sont formulées peut influencer les répondants. Des formulations ambiguës, suggestives ou biaisées peuvent conduire à des résultats inexacts ;
  4. Les biais liés à l’ordre des questions : L’ordre dans lequel les questions sont posées peut influencer les réponses. Par exemple, une question formulée en premier peut influencer la façon dont une question énoncée ensuite sera interprétée ;

  5. Les biais de désirabilité sociale : Les répondants peuvent être influencés par le désir de fournir des réponses socialement acceptables plutôt que des réponses véritables, ce qui peut conduire à des biais dans les résultats.

Pour minimiser ces difficultés, il est important de concevoir l’enquête avec soin, en utilisant des méthodes d’échantillonnage appropriées, en veillant à la clarté et à l’impartialité des questions et en prenant des mesures pour minimiser les biais de non-réponse et de désirabilité sociale.

15.5.7 La fiabilité des estimations

Pour évaluer la fiabilité des estimations obtenues par les méthodes directes, plusieurs approches ont été utilisées[3].
  1. Comparaison des méthodes d’évaluation : Des analyses comparent les valeurs obtenues pour un même effet hors marché à partir de différentes approches d’évaluation. La corrélation entre les valorisations fondées sur l’approche directe et les approches indirectes est généralement assez élevée, de l’ordre de 0,8 à 0,9, ce qui suggère une certaine cohérence entre les différentes méthodes ;
  2. Répétition des évaluations contingentes : La répétition des évaluations contingentes sur différents échantillons constitue un moyen de déterminer la fiabilité de la méthode. Des études telles que celle de McConnell et al., (1998) montrent généralement une stabilité dans l’ordre de grandeur des évaluations obtenues ;
  3. Expériences avec des paiements réels : Une approche intéressante consiste à mener des expériences où une partie des participants expriment leur CAP et leur CAR dans un contexte hypothétique, tandis que d’autres le font dans un contexte comportant des paiements réels. Par exemple, Heberlein et Bishop (1986) ont évalué la valorisation du permis de chasse au Wisconsin en comparant le CAP et le CAR dans des contextes à la fois hypothétiques et réels. Ils ont constaté que le CAR, dans un contexte hypothétique, était plus de 2,7 fois plus élevé que dans un contexte réel. En revanche, pour le CAP, l’évaluation dans un contexte hypothétique était assez proche de celle dans un contexte réel.

15.6 Deux exemples

15.6.1 Le consentement à payer pour un véhicule moins polluant

Poder et He (2017) ont évalué le consentement à payer pour les véhicules moins polluants à partir d’une enquête menée au Québec et en France. Cette enquête, réalisée en ligne, a recueilli les réponses de 418 participants au Québec et de 445 en France. L’évaluation du consentement à payer a été effectuée à l’aide de l’approche dichotomique à simple choix. La question principale posée aux participants était la suivante :

Étant donné les problèmes créés par les émissions polluantes des véhicules (augmentation des maladies pulmonaires, réchauffement climatique, etc.), combien seriez-vous prêt à payer en plus pour votre prochain véhicule, afin qu’il émette X % [50 % ou 75 %] moins de polluants atmosphériques qu’un autre véhicule de la même catégorie ? Seriez-vous prêt à débourser Y $ de plus pour ce type de véhicule plus écologique ?

La moitié des questionnaires affichaient une réduction de 50 %, et l’autre moitié une diminution de 75 %. Pour chaque réduction, huit montants étaient présentés de manière aléatoire, passant de 300 $ à 10 000 $. Le questionnaire comprenait également des questions sur les caractéristiques sociodémographiques telles que l’âge, le revenu et l’éducation, ainsi que sur l’attitude des répondants à l’égard de l’environnement.

Les résultats de l’étude montrent qu’en moyenne, le consentement à payer pour réduire les émissions de 62,2 % (soit la moyenne des valeurs présentées) monte à 4 875 $ au Québec et à 5 865 $ en France. L’âge a un effet négatif et statistiquement significatif sur le consentement à payer, tandis que le revenu a un effet positif, augmentant le consentement à payer. Cependant, ces montants s’avèrent inférieurs au coût supplémentaire estimé pour produire un véhicule dont les émissions sont réduites de 60 %.

Il convient de noter que ces montants pourraient probablement surestimer le consentement à payer pour améliorer la qualité de l’air, car il est probable que les répondants anticipent également des avantages privés liés à l’utilisation d’un véhicule plus écologique, tels que des coûts d’exploitation réduits. Cela est particulièrement vrai pour les véhicules électriques, qui sont connus pour avoir des coûts d’exploitation moindres que les véhicules à essence.

15.6.2 La valorisation des services environnementaux fournis par les milieux humides au Québec

He, Dupras et Poder (2017) ont évalué le consentement à payer pour les services écologiques fournis par les milieux humides au Québec. Ces milieux remplissent plusieurs fonctions, telles que la préservation de la biodiversité et la réduction des risques d’inondation, en agissant comme zones tampons, la filtration de l’eau pour réduire la pollution et le stockage des émissions de carbone.

Environ 50 % des milieux humides ont disparu au cours des quarante dernières années dans le sud du Québec, en raison des activités humaines. L’objectif de l’étude consistait à évaluer le consentement à payer pour un projet visant à doubler la quantité actuelle de milieux humides, afin de rétablir la situation. Deux approches ont été comparées dans cette étude.

La première approche utilisait des choix dichotomiques à une seule proposition, en se servant de la question suivante : « Seriez-vous prêt à payer X $/année en plus sur votre facture annuelle de taxe pour l’eau et les égouts pour ce projet ou zéro pour le statu quo ? » Les montants présentés dans cette approche variaient de 5 $ à 600 $. L’échantillon comprenait 859 répondants.

Parallèlement, une analyse conjointe a été menée sur un échantillon de 886 personnes. Les répondants devaient choisir entre le statu quo et deux projets de restauration qui se distinguaient par des niveaux de services écologiques et des coûts différents (cinq attributs). Cette approche visait à déterminer le consentement à payer spécifique à chaque service écologique.

Les deux approches ont fourni des résultats semblables. Le consentement à payer (CAP) moyen s’élèverait à environ 450 $/année par ménage. Si l’on extrapolait ces résultats à l’ensemble des ménages, cela représenterait un CAP total d’environ 1,5 milliard de dollars pour restaurer 400 000 hectares de milieux humides, soit environ 3 700 $/hectare. Ce montant se situe dans la fourchette des valeurs obtenues par d’autres études, notamment aux États-Unis.

15.7 Conclusions

Éléments clés à retenir

  • Les méthodes directes consistent à soumettre à un échantillon représentatif de la population cible des scénarios hypothétiques de marchés pour des biens non marchands.
  • Elles reposent sur des préférences déclarées plutôt que révélées, ce qui constitue leur principale faiblesse.
  • Ces approches possèdent un large champ d’application et sont aujourd’hui largement utilisées.
  • L’évaluation contingente questionne directement les répondants sur leur consentement à payer maximal (ou consentement à recevoir minimal) pour un changement dans la quantité d’un bien non marchand.
  • Plusieurs stratégies sont possibles pour demander le CAP (question ouverte, enchère, carte de paiement, choix dichotomique à simple ou à double proposition).
  • La méthode de choix dichotomique est considérée comme l’approche à privilégier, bien que la carte de paiement soit souvent utilisée.
  • Le questionnaire doit être rédigé avec rigueur pour être compréhensible et aussi réaliste que possible. Le mode de paiement doit se présenter comme réaliste et approprié. Le questionnaire doit faire l’objet d’une étude pilote ou être soumis à des groupes de discussion.
  • Le CAP s’avère le concept à privilégier, à moins que le contexte ne dicte l’utilisation du CAR.
  • Il est important de valider, à partir d’une analyse statistique, les réponses obtenues et leur cohérence avec les prédictions de la théorie économique.
  • L’analyse conjointe présente différents scénarios de choix hypothétiques correspondant à différentes valeurs d’attributs qui caractérisent la qualité du bien non marchand.
  • Cette approche permet d’établir le CAP pour chaque caractéristique étudiée.
  • Les méthodes directes sont sujettes à différents biais, dont les plus importants sont les biais hypothétique, d’ancrage et informationnel.
  • Les analyses de fiabilité de ces méthodes montrent une tendance à la surestimation, particulièrement pour le CAR. En revanche, on note une assez forte corrélation avec les valeurs obtenues par d’autres méthodes.

Retour sur la motivation

Un projet vise à réhabiliter des milieux humides qui ont été remblayés. Comment établir la valeur sociale générée par ce projet, et particulièrement comment déterminer sa valeur d’existence ?

Résolution

L’étude menée par He, Dupras et Poder (2017) illustre une approche possible pour évaluer les avantages de ce projet. Une évaluation contingente pourrait être réalisée pour estimer la valeur d’usage des terres humides pour ce projet. Une alternative consisterait à effectuer une analyse conjointe pour évaluer la disposition à payer pour différents services fournis par les terres humides. Cette approche permettrait d’optimiser le projet, afin de maximiser sa valeur. De plus, sa valeur d’existence pourrait être estimée en comparant la disposition à payer des répondants qui bénéficient des usages des milieux humides (par exemple, les promenades ou les services de filtration de l’eau) à celle des répondants qui n’en jouissent pas directement.

Exercices

  1. Quelles sont les principales critiques ou limites de la méthode d’évaluation contingente ? Utilisez un exemple pour illustrer votre réponse.
  2. Un aéroport destiné au transport de marchandises génère des nuisances sonores la nuit dans plusieurs quartiers situés dans sa zone de décollage et d’atterrissage. Dans le cadre d’une ACA d’un projet d’interdiction des vols nocturnes, vous devez concevoir un questionnaire (une dizaine de questions) et proposer des stratégies pour rendre le contexte aussi concret que possible pour les répondants.
  3. Expliquez brièvement la principale différence qui existe entre l’évaluation contingente et l’analyse conjointe, en fournissant un exemple pour illustrer votre réponse.
  4. On vous propose de réaliser une étude d’évaluation contingente d’un projet visant à créer un musée du Sirop d’érable dans une ville touristique. Discutez des enjeux liés à la population cible à sonder, des différentes sources de valeur possibles pour ce projet et de la manière dont il serait possible de les distinguer grâce à l’évaluation contingente.

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  1. On suppose qu'il s'agit d'un bien normal.
  2. La mise en contexte limiterait éventuellement la durée de l'augmentation de la taxe foncière (par exemple, pendant dix années). Les questions du Tableau 15.2 devraient, dans ce cas, préciser aussi cette durée.
  3. Voir Boardman et al., (2018) et OCDE (2018). Pour une critique sévère de l’évaluation contingente, voir Hausman (2012).
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